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mardi 10 mars 2009

Mitrovica, un an après l'indépendance


Le 17 février, le Kosovo a fêté le 1er anniversaire de son indépendance. A quelques heures d'un départ pour la ville de Mitrovica (ce qui laissera ce blog inactif - tout au moins très ralenti ! - quelques temps), voici l'article de Stéphane Sohian, journaliste, résumant son enquête faite au moins de février 2009 dans les villes de Pristina (capitale du Kosovo) et de Mitrovica (sorte de "ville frontalière" séparée par la limite entre l'aire de peuplement majoritairement serbe au Nord et albanais au Sud : non pas que la frontière soit juridique, mais elle marque bien les pratiques spatiales des habitants des 2 quartiers Nord/Sud, et symbolise parfaitement la persistance de la peur et des tensions). Différence d'ambiance entre Pristina et Mitrovica.



Stéphane Siohan, "Kosovo : le nouvau-né grandit", Le Télégramme, 18 février 2009.

"Les Kosovars ont fêté, hier, le premier anniversaire de l'indépendance de leur pays. Une douce euphorie a baigné toute la journée sur Pristina. Mais la rancoeur perceptible au nord du pays menace.

Dans quelques heures, le Kosovo va avoir un an. A Pristina, sur le boulevard Mère Térésa, il fait -6° et une odeur de pneu brûlé remplace les effluves de döner kebab des échoppes alentours. Des voitures bondées, tantôt aux couleurs albanaises, tantôt américaines, se livrent à un rodéo nocturne. Frénétique. Les moteurs hurlent, les cris fusent, la fête a commencé. Ce mardi matin, les habitants de la capitale commentent la une du quotidien Gazeta Express: une photo d'un nourrisson surmontée de ce titre «Il grandit!». Une métaphore appropriée dans le pays le plus jeune d'Europe, où 75% de la population a moins de 25 ans. «C'est un grand jour pour nous. Les jeunes réalisent qu'on est passés par une guerre, que tout ne marche pas parfaitement, mais ils ont toujours ce sens de la fierté nationale et sont fatigués de prendre les armes», explique Jetmir Bakija, 25 ans.

Reconnaissance envers l'Amérique
Une douce euphorie plane sur la ville. Des milliers de personnes convergent vers le centre. Pendant que le président Fatmir Sjediu et le Premier ministre Hashim Thaci s'adressent au Parlement, la foule, très jeune, tangue au son des tubes albanais. Un adolescent, grimé en soldat de l'UCK, l'armée de libération, entraîne la foule à scander «USA, USA, USA...». Une reconnaissance absolue à l'Amérique de «Bil Klinton», qui a même donné son nom à une artère de la capitale!

Mitrovica, ville divisée
Il faut à peine trente minutes de bus pour rejoindre Mitrovica, au nord du Kosovo. Une sorte de petit Beyrouth des Balkans, où 60.000 Kosovars albanais (lireci-dessous) peuplent le sud de la rivière Ibar, à 200 mètres de la rive nord occupée par 15.000 Serbes. «Lors de l'indépendance, les Albanais sont restés terrés chez eux, moi aussi, tous craignaient des incursions serbes depuis l'autre rive, explique Florent Hajrizi, Kosovar albanais de 29 ans, militant de la réconciliation dans une ONG locale. Pour eux, c'est aujourd'hui l'indépendance.» Le pont sur l'Ibar est scruté en permanence par des soldats français pour prévenir des affrontements. Très rares sont ceux qui osent le traverser. L'espace d'une journée, Mitrovica nord est devenue une cité fantôme. Quelques rares passants rasent les murs, et ces derniers parlent pour eux. Des «1389» vengeurs rappellent que c'est à cette date que le Kosovo est devenu le coeur de la nation serbe. Des croix gammées sont accolées aux sigles de l'UE ou de l'Otan. A Bosnjacka Mahala, un des rares faubourgs multiethniques du secteur, les soldats de la KFOR et les policiers sont omniprésents. «Il y a beaucoup de patrouilles, alors ça devrait rester calme, même si les gens sont assez furieux», estime Rado, un policier serbe en poste.

La menace serbe
En remontant vers le centre, un slogan rageur est inscrit sur une façade: «God save Ossetia», comme si la stratégie russe en Géorgie devait s'appliquer au Kosovo. En début d'après-midi, des députés de Belgrade et le ministre serbe au Kosovo sont venus en meeting à Mitrovica, à l'invitation des autorités locales. Le mot d'ordre exprimé: «Le Kosovo fait partie d'un Etat indivisible, l'Etat de Serbie»."


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