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vendredi 27 février 2009

Raids aériens israéliens contre les tunnels de Gaza


Malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 18 janvier 2009 suite à l'opération "Plomb durci" menée dans la bande de Gaza par Tsahal en décembre 2008 et janvier 2009, l'armée israélienne a lancé le jeudi 26 février 2009 une série de raids aériens visant les tunnels situés dans le Sud de la bande de Gaza, et qui permettent une activité de contrebande (notamment en armes, mais aussi en médicaments, vivres...) depuis l'Egypte voisine. Ces raids s'inscrivent dans une série de bombardements menés depuis l'annonce du cessez-le-feu (voir l'article de François-Bernard Huyghe, "Gaza : le critère de la victoire", sur le site de l'IRIS, 11 février 2009) visant à la destruction des tunnels reliant la bande de Gaza et l'Egypte (pour exemples : bombardements du 16 février 2009, du 2 février 2009, du 27 janvier 2009...).

Les tunnels permettent ainsi le développement d'une économie parrallèle dans la bande de Gaza (cette économie souterraine s'est développée en réaction au blocus israélien). "Les tunnels relient la ville égyptienne de Rafah et le camp de réfugiés palestiniens du même nom à l’intérieur de Gaza. C’est devenu un réseau fantastique et vital de couloirs creusés dans un sous-sol sablonneux. Un tunnel typique fait environ 500 mètres de long, à une profondeur de 14 ou 15 mètres. Chacun coûte entre 50.000 et 90.000 $ et requiert plusieurs mois d’intense labeur. Ces tunnels passent sous la zone tampon de Philadelphi – une bande de terre à la frontière, placée sous contrôle militaire israélien en vertu des accords d’Oslo de 1993" (Sara Flounders, "Les tunnels de Gaza. Une économie souterraine et un symbole de résistance", site Mondialisation.ca, 8 février 2009). En réalité, le réseau de tunnels est très développé, et chaque tunnel correspond à une fonction : tous les tunnels ne sont pas consacrés à l'approvisionnement en armes, mais beaucoup d'entre eux servent à la survie de la population (nourriture, médicaments, carburant...). Les conditions de vie dans la bande de Gaza sont de loin les plus déplorables de tous les territoires palestiniens : surpeuplement, extrême pauvreté, manque de nourriture... (voir, à ce propos, un rapport de Médecins du Monde datant de 2006 sur l'état de santé des populations de la bande de Gaza). Mais les tunnels sont aussi un géosymbole : celui de la résistance. Et ce sont également ces symboles qui sont attaqués par les raids aériens israéliens.



A lire :

Conférence "Les risques liés à la pauvreté en Afrique. Géopolitique des insécurités"


La conférence "Les risques liés à la pauvreté en Afrique. Géopolitique des insécurités" aura lieu le jeudi 5 mars 2009 à la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine (MSHA), à l'Université Bordeaux 3 (Pessac), salle 2 (1er étage), de 16h00 à 18h00. Christian Bouquet (professeur de géographie à l'Université de Bordeaux 3) interviendra lors de cette conférence qui s'inscrit dans le cycle de conférences organisé par l'équipe du programme MSHA : "Risques en Afrique : conditions de vie - pouvoirs - travail".

jeudi 26 février 2009

Les risques de la reconstruction


A travers l'exemple de l'Irak, Stéphane Taillat souligne les liens entre la reconstruction, les tensions politiques, les enjeux électoraux et les défis économiques dans l'immédiat après-guerre (voir son billet "La rente pétrolière et la reconstruction : le péril qui vient" du 26 février 2009). La reconstruction est une urgence dans l'immédiat après-guerre : il s'agit avant tout pour les populations de survivre (avoir un toit, accès à l'eau potable, accès aux soins médicaux...) et pour les autorités de pouvoir rétablir un fonctionnement "normal" du pays et de retrouver leur souveraineté sur la totalité du territoire. Les risques autour de la question de la reconstruction sont nombreux, et la reconstruction en elle-même ne suffit pas :
  • une reconstruction qui tarde
    C'est le cas actuellement en Irak, comme le souligne Stéphane Taillat : "c’est la lenteur de la reconstruction qui a probablement contribué le plus à l’essor du soutien populaire à l’insurrection entre la fin de l’hiver et le printemps 2004". Les difficultés économiques et sociales s'inscrivent durablement dans les villes de l'immédiat après-guerre et repousser la reconstruction est un catalyseur de tensions entre les communautés identitaires, entre les groupes sociaux, entre les groupes politiques... Les retards en termes de reconstruction sont des facteurs de radicalisation plitique des populations les plus démunies.
  • une reconstruction inégale
    Le cas de la ville de Beyrouth est, à ce titre, particulièrement illustratif. La reconstruction a surimposé des discriminations dans l'espace urbain. En effet, la reconstruction a été le fruit, avant tout, d'investissements privés, qui se sont concentrés sur le centre-ville (partie Nord de la ville de Beyrouth). Les périphéries (partie Sud) ont été délaissées par ce mouvement de reconstruction. Et c'est là l'un des principaux facteurs explicatifs de la montée de l'influence des milices (et tout particulièrement du Hezbollah) dans les banlieues Sud de l'agglomération beyrouthine. A la ligne de fracture identitaire Est/Ouest, s'est ajoutée une ligne de fracture sociale Nord-Sud, particulièrement ancrée dans les tensions politiques (Voir notamment les travaux du géographe Eric Verdeil sur les différents enjeux de la reconstruction à Beyrouth).
  • une reconstruction mal ciblée
    On retrouve là l'exemple de l'ex-Yougoslavie, et notamment de la reconstruction des ponts de Mitrovica et de Mostar. Les 2 ponts ont été détruits respectivement pendant les guerres du Kosovo et de la Bosnie-Herzégovine. Si les 2 guerres sont différentes quant aux populations impliquées, à la situation d'avant-guerre, au déroulement des conflits et aux conséquences de ceux-ci, les 2 ponts ont été reconstruits comme des symboles de la réconciliation des populations dans les villes de Mitrovica et de Mostar. Force est de constater dans les 2 cas que les communautés restent chacune enfermée sur leur rive et que les ponts ne sont que peu traversés... Reconstruire le bâti ne suffit pas à effacer l'efficacité géographique de la guerre et à rétablir les pratiques spatiales d'avant-guerre(Voir notamment sur ce blog "Les frontières urbaines de l'ex-Yougoslavie : Mostar, Sarajevo, Mitrovica..." et "La notion d'urbicide : exemples en ex-Yougoslavie").

Crimes contre l'humanité en ex-Yougoslavie


Milan Milutinovic est devenu président de la Serbie depuis le 21 décembre 1997, fonction qu'il occupait au moment du déclenchement de l'opération "Force alliée" par l'OTAN en Serbie et au Kosovo, afin de protéger les populations albanaises du Kosovo contre un nettoyage ethnique de grande ampleur. Il a été arrêté et transféré au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) le 20 janvier 2003. Il était accusé de crimes de guerre contre les populations albanaises du Kosovo (déportation, transferts forcés, meurtres et persécutions, des crimes contre l'humanité et de guerre). Il a été acquitté ce jeudi 26 février 2009, étant jugé comme la "marionnette" de Slobodan Milosevic, alors Président de la République fédérale de Yougoslavie.


Le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie : quelques informations
161 responsables politiques ont été accusés de crimes de guerre et/ou de crimes contre l'humanité dans le contexte des guerres de décomposition de la Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Kosovo). Slobodan Milosevic, principal accusé, est mort dans sa cellule en mars 2006 avant la fin de son procès. Le TPIY a été institué le 23 février 1993 par le Conseil de sécurité des Nations Unies en vertu du chapitre VII de la Charte de l'ONU, et a été créé en mai 1993. Présidé par le français Claude Jorda, le tribunal emploie 14 juges, répartis en trois chambres de première instance, de trois juges chacune, et d’une chambre d’appel de cinq juges (voir des détails sur les objectifs et le fonctionnement du TPIY). A ce jour, 11 accusés ont été acquittés (voir la liste des acquittements). La plupart des fugitifs ont été arrêtés, parmi lesquels figurent Ante Gotovina en décembre 2005 et Radovan Karadzic le 21 juillet 2008. Parmi les accusés les plus "célèbres", 2 fugitifs n'ont à ce jour pas encore été retrouvés : il s'agit de Ratko Mladic (chef militaire serbe de Bosnie accusé pour sa participation directe au génocide perpétré après la chute de la ville de Srebrenica en juillet 1995, le meurtre de près de 8.000 hommes et garçons après la chute de cette enclave, la terreur infligée à la population civile pendant le siège de Sarajevo de 1992 à 1995, la campagne généralisée des persécutions, expulsions, tortures et meurtres menée en 1992 dans de castes parties de la Bosnie-Herzégovine, notamment les camps de détention d'Omarska, de Keraterm, de Manjaca et de Trnopolje, situés au Nord-Ouest de la Bosnie-Herzégovine) et Goran Hadzic (dirigeant politique serbe de l'entité serbe de Croatie au moment de la guerre de Croatie, accusé pour le meurtre et les persécutions de la population des civils croates et non serbes, la détention prolongée de civils dans des centres de détention où la torture, les passages à tabac et les meurtres étaient fréquents, ainsi que le transfert forcé de dizaines de milliers de non-Serbes hors des régions dont il avait le contrôle).

mercredi 25 février 2009

Violences à Mogadiscio


De violents combats ont opposé ce mardi 24 février 2009 les islamistes radicaux et les forces progouvernementales à Mogadiscio. Ces violences s'inscrivent dans un contexte d'instabilité politique chronique en Somalie, tout particulièrement dans la capitale Mogadiscio. Depuis les famines et la guerre dans les années 1990, la situation de la Somalie reste très précaire, tant du point de vue de son instabilité politique que du fait des conséquences de la guerre.

La ville de Mogadiscio a été en proie à une guerre civile depuis 1988, qui a déclenché l'opération "Restore Hope" en juin 1993 (voir à ce propos l'excellent billet de François Duran "Mogadiscio, le 17 juin 1993"). Alors que la situation s'est stabilisée dans le reste du pays à partir de 1995, Mogadiscio et sa région sont restées en proie à une importante déstabilisation. Les conséquences de la guerre civile pour la ville de Mogadiscio sont multiples :

  • importance des destructions
    Destructions des habitations, de la voierie, des services publics (tels que le ramassage des ordures, les services médicaux, l'éducation...), etc.
    Ces destructions se surajoutent à un urbanisme déjà déficient et à de grandes difficultés (voir à ce propos Marc-Antoine Pérouse de Montclos, 2000, Villes en guerre en Somalie : Mogadiscio et Hargeisa, Les Dossiers du CEPED, n°59, Centre français sur la population et le développement, 68 pages). L'inscription durable dans le temps et dans l'espace de l'instabilité ont empêché toute reconstruction tant du bâti, que des infrastructures et des services publics.
  • des flux massifs de population
    Ces flux se font dans les 2 sens : arrivée de déplacés dans la ville de Mogadiscio et exode massif des habitants de Mogadiscio, en fonction de la situation politique.
    Cela se traduit notamment par la multiplication de "camps de réfugiés" (ici, le terme de "camps de déplacés" serait plus approprié, même si l'on ne distingue pas, par la terminologie, la provenance des habitants de ces espaces d'accueil en utilisant globalement l'expression "camps de réfugiés). Ces réfugiés ne comptent pas s'installer définitivement dans la ville de Mogadiscio. Les camps sont principalement répartis dans les espaces laissés vides par l'urbanisation et à la périphérie de la ville.
    A chaque reprise des combats à Mogadiscio, la ville se vide d'une part très importante de sa population. Les affrontements du mardi 24 février 2009 ont ainsi provoqué le départ de milliers d'habitants de la capitale pour le Kenya, qui s'installent principalement dans le camps de réfugiés (on peut parler là de réel camp de réfugiés, puisqu'il accueille des arrivants ayant fui leur pays) de Dadaab (Nord-Est du Kenya), un camp surpeuplé dans lequel les conditions de vie sont déplorables, comme le prouve l'épidémie de choléra actuelle. Force est de constater que la situation dans ce camp ne risque pas de s'arranger avec l'arrivée massive de nouveaux réfugiés.
  • une situation qui s'enlise
    Les violences se poursuivent dans la ville de Mogadiscio, soumise à de régulières oppositions armées entre les milices et les forces pro-gouvernementales (comme, par exemple, les affrontements du mois de juin 2008), ainsi qu'à de violentes émeutes (comme les émeutes de mai 2008).
  • une insécurité accrue
    La ville toute entière ainsi que ses voies d'accès sont particulièrement insécurisées. Les voyageurs sont menacés par des pilleurs, des milices... De plus, les chefs de guerre se disputent des quartiers, afin d'asseoir leur pouvoir, leur contrôle territorial, ainsi que leurs trafics criminels (voir à ce propos l'article d'Alain Gascon, "La Somalie en mauvais Etat", Echogéo, Rubrique Sur le vif, 27 mai 2008).
  • une jeunesse détruite
    Par l'engagement de nombreux enfants dans les milices, par le manque d'accès à l'éducation, par le manque d'accès aux soins médicaux et à une alimentation suffisante...



En résulte dans la capitale une véritable anarchie. La Somalie est un pays sans Etat stable, en proie aux affrontements entre un gouvernement qui peine à établir sa souveraineté territoriale et des milices qui s'approprient des territoires dans lesquels règnent leur autorité.



A lire sur la ville de Mogadiscio :



A voir :

mardi 24 février 2009

Violences ordinaires à Mitrovica


Au cœur d’une actualité internationale marquée par de nombreuses images de violences urbaines, qu’elles soient le fruit des émeutes en Grèce en décembre 2008 ou en Suède début janvier 2009, ou le fruit d’une guerre urbaine à Gaza-ville en décembre 2008 et en janvier 2009. Par contre, les événements touchant la ville de Mitrovica, au Nord du Kosovo, (par exemple les violences intercommunautaires du 3 janvier 2009) semblent échapper à l’attention médiatique : les affrontements entre Serbes et Albanais après l’agression d’un jeune Serbe par des Albanais ont pourtant engendré deux explosions, des incendies et de violentes manifestations. L’attention médiatique est portée ailleurs, les affrontements intercommunautaires à Mitrovica sont devenus « ordinaires ». Le géographe Jérôme Tadié, dans son ouvrage Les territoires de la violences à Jakarta, définit les "violences ordinaires" comme une forme de violence quasiment quotidienne qui s’insère dans le fonctionnement de la ville en tant processus modelant les appropriations territoriales de certains acteurs officiels ou officieux de la gouvernance urbaine, les pratiques spatiales des habitants et leurs représentations sur des quartiers étiquetés comme "dangereux", et des systèmes parallèles de fonctionnement urbain. Dans la présentation médiatique et la représentation de l’opinion publique internationale, les violences urbaines de Mitrovica font partie d’un quotidien qui n’a plus rien de sensationnel. On est très loin de la couverture médiatique de la guerre du Kosovo. Ces violences, bien qu'elles s'inscrivent dans la continuité de la guerre et des tensions non résolues entre les communautés qui habitent le Kosovo, sont devenues des "violences ordinaires"...

Les Balkans : une géopolitique de la violence


Une émission de Planète Terre sera consacrée le mercredi 4 mars 2009 (14h00-14h30) à la situation des Balkans, avec pour invité Michel Sivignon (professeur émérite de géographie à l'Université Paris X) qui présentera son ouvrage Les Balkans : une géopolitique de la violence, principalement axé sur la situation dans les pays issus de la décomposition de l'ex-Yougoslavie. L'ouvrage est une synthèse proposant un regard sur les enjeux géopolitiques actuels, qui complète la littérature (principalement historique et journaliste) sur les Balkans. Voir une note de lecture sur le site des Cafés géo. Voir également le café géopolitique et l'article sur Echogéo de Michel Sivignon sur les émeutes récentes en Grèce.

mercredi 4 février 2009

Géographie et paysages - Des sites et des blogs


Partant quelques jours pour participer au colloque "Langages et visions du paysage et du territoire" à Miraflores de Sierra (province de Madrid), l'occasion de parler de quelques sites et blogs de géographes qui ont trait à d'autres champs disciplinaires que la question des recompositions territoriales lors d'une guerre, et sont riches en informations. Une manière de découvrir les différents visages de la géographie.



Geochina

Le site de Thierry Sanjuan, géographe spécialiste de la Chine, auteur de nombreux ouvrages sur ce pays, présente de très nombreux articles de cet auteur, sur des problématiques très diversifiées autour des enjeux chinois, tant internes que dans une perspective d'ouverture au monde. On y retrouve des réflexions sur les dynamiques urbaines, sur le barrage des Trois Gorges, sur la place de Hong-Kong, sur l'identité culturelle, sur les grands hôtels... Autant de pistes d'approfondissement pour tous ceux qui s'intéressent à la Chine (et notamment les élèves de classes préparatoires préparant actuellement ce sujet pour leurs concours...).



Géographie de l'espace carcéral

Le site d'Olivier Milhaud, doctorant en géographie, présente l'ensemble de ses travaux, que ce soit dans le cadre de la préparation aux concours de l'agrégation (et les agrégatifs y retrouveront avec bonheur de très nombreuses fiches précises et concises) ou dans le cadre de la recherche universitaire, avec ses premiers travaux sur "Windsor, à la frontière de Detroit. Géographie des relations", puis sur "Les France. Introduction critique à la « civilisation » française" et sur "Geography after Babel. Can knowledge circulate between Anglophone and Francophone geographies ?". Aujourd'hui, Olivier Milhaud prépare une thèse sur la géographie de l'espace carcéral, suite à un mémoire de DEA intitulé Du lieu de la peine à la peine du lieu. Une géographie de la prison et de nombreux articles sur la question.



Histoire et épistémologie de la géographie

Le site de Yann Calbérac, doctorant préparant une thèse sur l'histoire et la géographie, permet d'appréhender ces questions, particulièrement sous l'angle de la place du terrain dans la géographie (Yann Calbérac a été l'un des organisateurs du colloque "A travers l'espace de la méthode : les dimensions du terrain en géographie" (qui a montré l'importance de penser les pratiques et les finalités du terrain). Une réflexion qui suit des premières recherches sur la thématique du développement durable en Roumanie, qui l'ont amené à se positionner sur la méthodologie à appliquer dans les recherches de géographie.

A ce propos, on retrouvera également le blog d'Olivier Orain (chercheur au CNRS), "Esprit critique", qui propose de nombreux billets sur la fabrique du savoir et le statut de la connaissance vis-à-vis du "réel", ainsi que sur les "géographes-clés".



Géographie des drogues

Déjà signalé, mais à (re)découvrir ! Le site de Pierre-Arnaud Chouvy "Geopium", sur la géographie et la géopolitique des drogues (un site particulièrement riche en analyses, en études de cas, en cartes et en photgraphies commentées).

mardi 3 février 2009

Géographie des opérations militaires à Mitrovica


Après avoir longtemps hésité (le retour du jeune chercheur sur ces tous premiers travaux - pourtant il n'y a pas si longtemps que cela ! - n'est pas toujours évident), voici en ligne la première partie de mon mémoire de maîtrise de géographie sur Les opérations militaires en milieu urbain : le cas de Mitrovica (Kosovo). Les deux autres parties seront ajoutées très rapidement !

L'idée de ce mémoire était de questionner, à travers une étude de cas, un sujet qui me tenait beaucoup à coeur : les opérations militaires dans les villes, en partant du constat simple que les guerres urbaines se multipliaient, et surtout que le cessez-le-feu ne suffisait pas à rétablir la paix dans des milieux humains denses et complexes.

La ville de Mitrovica au Kosovo m'a paru emblématique de ces problématiques, de la poursuite de la guerre après la fin de la guerre, de l'efficacité géographique de la guerre dans l'espace et dans le temps. Le principal axe était donc d'essayer de comprendre les interactions entre les opérations militaires et le milieu humain, ou comment ces opérations composaient de nouvelles territorialités dans la ville de Mitrovica. Un travail de terrain en février et mars 2004 (entre coupures d'eau, d'électricité et montées de tensions) a permis d'apporter un premier regard (de très jeune chercheur !) sur la question.

En demandant l'indulgence face à ce qui était une première démarche vers la recherche, ce mémoire présente néanmoins les prémices de la recherche que je mène actuellement en thèse, et également une compilation d'informations sur la ville de Mitrovica pour tous les intéressés.


Les émeutes à Madagascar


L'actualité met de nouveau en scène des émeutes urbaines. Depuis lundi 26 janvier 2009, Madagascar est la "proie" d'émeutes et de pillages. Alors que le bilan s'alourdit, voici quelques pistes pour comprendre la situation à Madagascar et pour faire le point sur ces émeutes urbaines.



Les émeutes à Madagascar

Madagascar (voir une sélection bibliographique) est l'un des pays les plus pauvres de la planète (classé au 143e rang sur 177 pays pour l'indice de développement humain, selon le PNUD en 2006) : "Madagascar a connu un processus de recul économique qui a peu d'équivalent dans le Tiers-Monde, et qui a été entamé bien avant qu'il ne frappe l'ensemble du continent africain. Le PIB par tête y est tombé à 260 dollars ; le taux de croissance moyen entre 1960 et 1995 a été de -1,8 % par an, mais l'essentiel de cette chute est postérieur à 1975 ; la baisse de la consommation privée a été de 50,3 % entre 1970 et 1995" (Jean-Pierre Raison, "Madagascar : vers une nouvelle géographie régionale", L'information géographique, hors-série n°1, septembre 2003, pp. 145-162 - réédition d'un article paru en mars 2000). Aujourd'hui, plus de 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le taux d'urbanisation est très faible à Madagascar (moins de 30 % en 2006), mais l'on assiste à un fort exode rural qui "pousse 50 000 nouvelles personnes vers la capitale malgache qui implose et ne peut offrir à tout le monde emploi et logement. 10 000 personnes dont 6 000 enfants vivent dans les rues de Tananarive. Cette détresse sociale est peu prise en compte par le gouvernement, et les sans-abris sont "orientés" aux portes de la ville" (Anne-Claire Bulliard, "Des rues d'Antananarivo aux collines du Bongolava", RFI, 18 novembre 2008).

Plusieurs villes ont été affectées par les émeutes de ces derniers jours, dont la capitale Tananarive (ou Antananarivo), Tolaria (côte sud-ouest), Antsirabe, Fianarantsoa (centre), Toamasina (côte est), Sambava (côte nord-est) et Mahajanga (côte ouest). Les défis urbains sont très nombreux dans ce pays marqué par un mal-développement : pénurie énergétique, différenciations et distanciations sociales, ruralisation et recherche d'une identité urbaine (par exemple à Tananarive et à Tuléar), problèmes d'insécurité réels ou perçus, tout particulièrement d'insécurité alimentaire... Selon la FAO, 6 habitants sur 10 manquent de nourriture en quantité comme en qualité en 2005 (rapport sur l'état de l'insécurité alimentaire de 2005). Pourtant, il ne faut pas dramatiser la situation, notamment alimentaire : Madagascar ne fait, par exemple, pas partie des pays confrontés à des crises alimentaires durables et signalés par la FAO comme nécessitant une aide d'urgence.

Les violences urbaines ont éclaté au cours du 1er jour de grève et de manifestations contre le président malgache, accusé d'autoritarisme dans la mise en place de ses politiques.






A consulter :

Le site "Anthropologie du présent", d'Alain Bertho (professeur d'anthropologie à l'Université Paris 8) consacré aux affrontements et aux émeutes dans le monde. Pour le seul mois de janvier, on constate que des violences urbaines graves ont eu lieu à Madagascar, en Australie, au Barhein, à Karachi, à Reykjavik, à Vilnius, en Grèce, en Colombie, à Sofia, à Riga, à Oakland. Voir également la carte des émeutes dans le monde en 2007-2008, extraite de la riche base documentaire de ce site.



Deux ouvrages :