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vendredi 1 avril 2016

La dimension paysagère pour penser les conflits : l'exemple de la frontière terrestre intercoréenne, un paysage de guerre ?

Ce billet est le résultat d'un cours sur la géographie des conflits (question qui était au programme des concours de l'enseignement secondaire en géographie - Capes/Cafep externe d'histoire-géographie, agrégations externes d'histoire et de géographie, puis agrégation interne d'histoire-géographie).


Entrer par la dimension paysagère n’est peut-être plus le plus aisé pour penser les conflits. On définit le paysage comme la dimension sensible de l’espace. Il s’agit ici d’une définition a minima, du paysage, qui sert de fondement à la réflexion de ce billet. Si les dimensions spatiale et territoriale des conflits sont largement mises en avant dans des travaux de géographie, mais aussi d'histoire, de sociologie, de science politique, la dimension paysagère est bien plus souvent absente. Pourtant, penser les paysages permet de penser les conflits, autrement dit la mise en scène de l'espace comme paysage est à la fois un outil et un discours mobilisés par des acteurs qui produisent des paysages pour dire le conflit, pour faire conflit, pour inscrire le conflit dans le temps.

L'exemple de la frontière intercoréenne est ici pris pour montrer l'intérêt de la dimension paysagère pour penser les conflits, tels qu'ils s'inscrivent dans les paysages, eux-mêmes mobilisés pour faire du conflit. Ce billet n'est pas exhaustif, mais propose un plaidoyer pour un intérêt plus grand pour la dimension paysagère des conflits.




 Les paysages de conflits

La dimension paysagère des conflits peut être questionnée par différents aspects :

1/ Comment les conflits produisent des paysages ? Quels types de paysages produisent les conflits ?
  • paysages de destruction dans le cas des guerres (on ne parle volontairement pas de « paysages de ruines » puisque l’esthétique définit la ruine par le temps long),
  • paysages de frontières dans le cas de la matérialisation de la frontière par un mur comme réponse à une menace sécuritaire perçu comme une conflictualité – un potentiel de conflit – par les acteurs de la gouvernance de ce territoire,
  • paysages militaires (inscription des dispositifs militaires dans le paysage) [1].

La dimension paysagère pose également la question de la visibilité/invisibilité des paysages de conflits (l’invisibilisation de tunnels comme espaces stratégiques, des territoires militaires en Suisse, etc.).

Les paysages de conflits (selon Pierre Donadieu)

« Ces paysages de la configuration sont ceux de la guerre et du no man’s land. Les paysages des champs de bataille, anciens – tranchées et monuments de la guerre de 1914-18, ligne Maginot, Dien Bien Phû, Danang – et actuels – Golan, Nigeria, Afghanistan, Cachemire, 38° parallèle en Corée, etc. – présentent les formes de la dévastation. Parfois, avec le temps, ils deviennent ceux du souvenir et des mémoriaux – Verdun, Douaumont, Auschwitz. Lorsque des guerres larvées se développent, les formes de la destruction s’organisent le long des vallées – République tchétchène –, des lignes de front – Balkans, Côte d’Ivoire –, ou en milieu urbain – ligne verte dans Nicosie ou de Beyrouth. Les paysages guerriers sont caractérisés par les destructions de l’habitat, des ponts – Mostar, Zagreb –, la présence de lignes de démarcation – barbelés, check points – ou de murs – Berlin, Israël tout récemment. Ancien et remarquable marqueur paysager, l’armée a toujours organisé le paysage en vue de contrôler des territoires. L’expression « Qui tient les hauts, tient les bas », explique les fortifications perchées, les échines montagneuses fortifiées (muraille de Chine, camps romains – on parle de sites d’oppidum –, rocher fortifié de Massada, fortifications barrant les vallées alpines – Fort de L’Esseillon en Haute Maurienne). Le logement et l’entraînement des troupes impliquent la construction de casernements (Saumur) et de camps militaires, anciens (Colonne de la Grande Armée à Boulogne), et plus récents : La Courtine (1905), Canjuers (1960), Le Larzac (1970). »

Source : Pierre Donadieu et Michel Périgord, 2005,
Clés pour le paysage, Orphys, pp. 21-22.

Le géographe Vincent Veschambre propose une typologie du marquage de l’espace qui, en confrontant marquage de l’espace / appropriation de l’espace / violence symbolique, distingue :
  • le marquage-présence : marquage de l’espace caractérisé par « la présence des corps et des signes dont ils sont porteurs (habits, pancartes…) lors d’événements récurrents (manifestations, défilés, fêtes…) ou exceptionnels, qui « marquent » les esprits et associent un lieu à des groupes sociaux ou à des institutions qui s’y mettent en scène » [2]
  • le marquage-trace : marquage de l’espace caractérisé par « la fabrication, la réutilisation (voire la destruction) de repères signifiants (bornes, barrières, pancartes, graffitis, sculptures, monuments…) qui s’inscrivent plus ou moins dans la durée et laissent une trace » [3].

Cette dualité du marquage de l’espace comme dimension spatiale de la violence symbolique telle que l’identifie Vincent Veschambre présente un point commun : le paysage est ici utiliser pour faire conflit (il s’agit de faire avec l’espace).



L’ensemble Vauban : lieux clés et logiques circulatoires dans la production d’un patrimoine et d’un paysage militaires
Source : Xavier Bernier et Kevin Sutton, 2012, « Les fragmentations d’un territoire fortifié : Briançon à l’épreuve de sa labellisation », Mappemonde, n°108, en ligne : http://mappemonde.mgm.fr/num36/articles/art12402.html



2/ Comment le paysage produit-il des conflits ? On parle ici de « conflits paysagers ». Cette question se pose principalement dans le cadre de :
  • conflits dits « non armés » curatifs (après que le projet ne soit devenu effectif) ou d’implantation (avant la réalisation du projet),
  • conflits liés au tourisme, notamment des conflits d’usages (cf. diverses occupations d’un lac pour des activités liées à la même fonction – le tourisme –, mais pas à la même acception de ce qu’est la pratique touristique – tourisme vert, tourisme de masse, tourisme balnéaire, tourisme familial, etc.) ou au tourisme de mémoire.



3/ Comment la gestion des conflits participent de la dimension paysagère des conflits ?

Ces enjeux sont particulièrement visibles dans les villes dans l’immédiat après-guerre : doit-on effacer toute trace du conflit ou garder des traces du conflit dans le processus de reconstruction ? Autre exemple : Lionel Laslaz [4] note que, dans les parcs nationaux alpins français, des traces des conflits de délimitation (pour les périmètres du parc de la Vanoise notamment) sont toujours ancrées dans le paysage, et participent du rapport conflit/territoire. Ces enjeux paysagers sont donc directement en lien avec la dimension spatiale de la mémoire [5] des conflits.


=> La dimension paysagère des conflits questionne à la fois :
  • la mise en scène et la médiatisation des espaces de conflits par les acteurs du conflit et/ou de la gestion du conflit (et de fait l’utilisation, voire la manipulation, du paysage pour faire du conflit et/ou de la gestion de conflit),
  • les représentations de l’espace, et tout particulièrement le « système de filtres de représentation » tel que l’identifie le géographe Jean-Pierre Paulet [6],
  • la mémoire des conflits (à la fois dans la production d’un tourisme de mémoire et dans le processus de patrimonialisation des lieux de mémoire).



Le système de filtres de représentations (Jean-Pierre Paulet)
Source : Jean-Pierre Paulet, 2002, Les représentations mentales en géographie, Anthropos, collection Géographie, Paris, p. 8.




Un exemple pour discuter la question de la dimension paysagère : La frontière terrestre intercoréenne : un paysage de guerre ?

La dimension paysagère de la frontière intercoréenne permet de discuter la dimension spatiale de la violence symbolique (selon l'acception du géographe Vincent Veschambre). Le marquage de l’espace frontalier permet ainsi une mise en scène de son appropriation et de la discontinuité territoriale. Questionner la dimension paysagère permet alors de montrer la double nature (symbolique et matérielle) du marquage de l’espace, comme transformation par le politique de la frontière en paysage de conflit.


Organisation spatiale de la péninsule coréenne
Source : César Ducruet, Valérie Gelézeau et Stanislas Roussin, 2008, « Les connexions maritimes de la Corée du Nord. Recompositions territoriales dans la péninsule Coréenne et dynamiques régionales en Asie du Nord-Est », L’Espace géographique, vol. 37, n°3/2008, pp. 208-224, en ligne : http://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2008-3-page-208.htm


La division de la Corée
Source : Philippe Rekacewicz, 2006, « La Corée du Nord entre nucléaire et famine », Le Monde diplomatique, mars 2006, en ligne : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/coreedunord


Guerre de Corée (1950-1953)
Source : Justine Guichard, 2011, « La frontière inter-coréenne, par-delà la guerre froide », Ceriscope, n°1 « Frontières », en ligne : http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/la-frontiere-inter-coreenne-par-dela-la-guerre-froide?page=show


a/ Le marquage de l’espace frontalier ; le paysage-outil du conflit
  • « La frontière matérialise dans l’espace une séparation entre deux groupes, deux ensembles dont les rapports de force ont produit un découpage de l’espace à un moment donné dans le cadre d’une évolution historique de leurs relations » (Fabien Guillot).
  • La matérialisation de l’espace frontalier constitue une discontinuité spatiale et territoriale : le paysage de frontière est alors un outil pour produire une territorialisation de l’espace politique de part et d’autre de la frontière.
  • « Au nord et au sud de la DMZ, des clôtures, des lignes de barbelés, des tranchées tracent un paysage géomilitaire asymétrique » [7].
  • « Niée par les deux Etats coréens de 1948 à 1953, elle se transforme en une véritable barrière frontalière, militarisée et fortifiées » [8]. Les dispositifs frontaliers s’inscrivent ici dans le paysage pour produire un paysage de guerre. Leur multiplicité (tant dans les formes que dans le nombre) est construite par le politique pour faire frontière :
    • emmurement : La frontière est marquée par un corridor continu composé de deux ou trois rangées de barbelés. Le paysage dessine donc une frontière-ligne visible par tous.
    • dispositifs sécuritaires : La zone de sécurité conjointe est marquée par des tranchées, casernements et des check point qui s’ajoutent aux barbelés. Le paysage dessine alors une frontière-zone.
    • marquage-trace [9] : La présence des patrouilles militaires participe de cette appropriation de la frontière et de la production d’un paysage de conflit.


=> La mise en scène de la frontière comme un paysage de conflit participe de la mise en discours de l’espace de conflit, à la fois par sa médiatisation (cette frontière est un géosymbole médiatique dans la représentation de la frontière conflictuelle et du mur-frontière) et la matérialisation de la symbolique des lieux [10].


b/ Le « mur » intercoréen dans l’imaginaire spatial : un paysage médiatique
  • Alors que les acteurs de deux « Corées » (Corée du Nord comme Corée du Sud) ne parlent eux-mêmes pas de « mur » pour nommer l’espace frontalier entre les deux Corées, cette représentation de la frontière est fortement ancrée dans l’imaginaire spatial à l’échelle mondiale. Par exemple, toutes les publications récentes sur les murs-frontières évoquent systématiquement la frontière intercoréenne comme un mur. La représentation de ce qui fait frontière ici évoque directement l’enclavement de la Corée du Nord.
  • Cet enclavement est à la fois politique, économique et paysager. Dans le paysage, cette situation de fermeture spatiale se traduit à la fois par une militarisation de l’espace et par une « publicisation » de cette fermeture. L’utilisation de la dimension paysagère comme violence politique est un construit politique et social qui se traduit par la fermeture comme « marketing territorial » du côté nord-coréen. En effet, la mise en scène du paysage de conflit participe de la construction d’une représentation de la Corée du Nord comme enclave politique dans le système mondial.
  • Pourtant, l’inétanchéité de ce mur a été récemment remise en cause par les acteurs politiques coréens (nord-coréens et sud-coréens) eux-mêmes : en 2010 puis en 2013, des familles séparées depuis la guerre de Corée (1950-1953) et la partition de la Corée en deux Etats (1953) ont eu l’occasion de se retrouver lors de rencontres qui ont fait franchir aux familles sud-coréennes la frontière « infranchissable » (en 2010, ces rencontres entre proches ont été organisées par la Croix-Rouge ; à l’été 2013, le gouvernement de la Corée du Nord a accepté la proposition du gouvernement de la Corée du Sud de voir quelques centaines de Sud-Coréens rencontrer leurs proches en Corée du Nord).
  • Dès lors, le paysage de frontière est mis au service du conflit et de sa gestion, tels qu'ils sont mobilisés par les acteurs intercoréens.



c/ La mise en tourisme d’un paysage de frontière : le conflit comme production d’un espace touristique
  • Cette forte médiatisation de la frontière intercoréenne comme paysage de conflit se traduit par la production d’un « tourisme de conflits » du côté sud-coréen. En effet, « ce dispositif hautement sécurisé, en raison des tensions très vives perdurant entre les deux voisins (les deux Etats sont toujours en guerre puisqu’aucun traité de paix n’a suivi l’armistice), est devenu une attraction de première importance » (Jean-Christophe Gay, cf. documents page suivante). La proximité de la capitale sud-coréenne (à 60 km au Sud de la frontière intercoréenne) et la très forte publicité des agences touristiques qui proposent un « DMZ Tour » ont favorisé la « touristification » de cette frontière.
  • Il s’agit bien d’un tourisme de conflits, dans lequel l’enclavement paysager et l’emmurement de la frontière font office de « spectacle paysager ». Les touristes viennent pour voir la frontière-fermeture : « la visite organisée commence incontestablement par l’impressionnante entrée dans la zone d’accès limité qui borde la partie sud-coréenne de la DMZ : un contrôle strict des passeports par des militaires en tenue de combat qui possèdent la liste de tous les visiteurs, une multitude d’engins de guerre, des grillages, des chicanes ou l’interdiction de prendre des photos du checkpoint font prendre tout de suite conscience que l’on pénètre dans un lieu sous haute tension. Les clôtures électrifiées, les miradors, les puissants projecteurs, les casernes, les multiples militaires que l’on croise et qui entretiennent les abords des sites touristiques ne font que renforcer ce sentiment » (Jean-Christophe Gay). La dimension paysagère du conflit produit donc du tourisme.
  • Ce « tourisme de conflits » est à la fois le produit du conflit (dans son inscription paysagère) et un construit : les visiteurs ne sont pas emmenés, par les tours organisés, n’importe où sur la frontière intercoréenne. Au-delà de la seule question de la sécurité, il s’agit bien de les emmener dans un lieu qui fait frontière de conflits, c’est-à-dire qui représente les attentes des touristes. Les visiteurs sont donc amenés dans un haut-lieu de la frontière : une zone d’accès limité fortement sécurisée, où tous les dispositifs sécuritaires qui représentent la frontière dans sa dimension la plus conflictuelle sont présents.


=> Le paysage de conflits produit, du côté sud-coréen, une mise en tourisme de la frontière, qui devient, par sa militarisation et sa très forte médiatisation, un espace-vitrine d’un exotisme reposant sur le voir la guerre.


Photo Line sur la Demilitarized Zone (Corée du Sud)
Source : Jean-Christophe Gay, 2009, « Photo Line sur la Demilitarized Zone (Corée du Sud », site de l’ADRETs, rubrique « La photographie du mois », novembre 2009, en ligne : http://www.adrets.net/PhotoMois9.htm


Photo Line sur la Demilitarized Zone (Corée du Sud)

De 1950 à 1953, la Guerre froide entre l’Est et l’Ouest prit un tour tragique dans la péninsule coréenne, qui devint un champ de batailles entre les troupes nord-coréennes et chinoises, soutenues par les Soviétiques, et les troupes sud-coréennes, étatsuniennes et onusiennes. Après trois ans de combat et plusieurs millions de victimes, ce qui en fait le conflit le plus meurtrier de la seconde moitié du XXe siècle, le 38e parallèle redevint, grosso modo, la ligne de séparation entre les deux Corée, à la suite de l’armistice signé par les belligérants le 27 juillet 1953 à Panmunjom. Une zone démilitarisée de quatre kilomètres de large, appelée DMZ, fut alors tracée entre les deux Etats, de part et d’autre de la Military Demarcation Line (MDL).

Ce dispositif hautement sécurisé, en raison des tensions très vives perdurant entre les deux voisins (les deux Etats sont toujours en guerre puisqu’aucun traité de paix n’a suivi l’armistice), est devenu une attraction de première importance. Il faut dire que Séoul n’est qu’à une soixantaine de kilomètres au sud et qu’il est difficile d’échapper aux publicités pour le « DMZ Tour » ou pour le plus exclusif « Panmunjon Tour ». La touristification repose sur l’aménagement de plusieurs sites proches et parfois angoissants. La visite organisée commence incontestablement par l’impressionnante entrée dans la zone d’accès limité qui borde la partie sud-coréenne de la DMZ : un contrôle strict des passeports par des militaires en tenue de combat qui possèdent la liste de tous les visiteurs, une multitude d’engins de guerre, des grillages, des chicanes ou l’interdiction de prendre des photos du checkpoint font prendre tout de suite conscience que l’on pénètre dans un lieu sous haute tension. Les champs de mines, les clôtures électrifiées, les miradors, les puissants projecteurs, les casernes, les multiples militaires que l’on croise et qui entretiennent les abords des sites touristiques ne font que renforcer ce sentiment. En une demi-journée, le tour de base, facturé 46 000 wons (28 € environ), vous amène au pont de la Liberté, au « Troisième tunnel », au point d’observation de Dora ou à la gare de Dorasan. Chacun de ces lieux, jouxtant la DMZ, est parfaitement aménagé pour accueillir plusieurs centaines de milliers de visiteurs par an, avec vastes aires de stationnement pour les autocars, toilettes impeccables et nombreuses, boutiques de souvenirs, où l’on peut acheter du « Wire Fence from DMZ », et salles d’exposition de qualité.

Après l’exploration, muni d’un casque, d’une galerie souterraine (le « Troisième tunnel »), creusée par les Nord-Coréens pour envahir leur voisin, et avant la visite d’une gare frontière ultramoderne et fantomatique, car inaugurée en 2002 mais n’ayant jamais servi, le point d’observation de Dora permet de contempler cette DMZ et de voir, au loin, quelques localités nord-coréennes. Avec les nombreuses lunettes longue portée équipant le site, on peut mieux apprécier ce panorama inquiétant, mais il n’est pas question, pour de peu crédibles raisons de sécurité, de prendre des clichés au-delà de la « Photo Line », tracée en jaune au sol. De nombreux militaires veillent au strict respect de cette interdiction. Les photographes doivent donc se contenter d’un cliché en retrait du balcon d’observation. La stratégie la plus fréquemment adoptée est alors de lever les bras et de placer son appareil le plus haut possible. Si quelques géants trainent dans le secteur, ils sont vite sollicités, alors que les plus audacieux grimpent sur les épaules d’un partenaire. Peut-être qu’une équipe de basketteurs ou de gymnastes réussiraient à faire quelques clichés moins ratés que le commun des mortels, car, à l’évidence, le premier rideau de lunettes et de curieux réduit singulièrement l’intérêt des photographies, ce qui est l’objectif recherché par les militaires, ordonnateurs du site, qui n’en sont plus à une limite près.

Source : Jean-Christophe Gay, 2009, « Photo Line sur la Demilitarized Zone (Corée du Sud », site de l’ADRETs, rubrique « La photographie du mois », novembre 2009, en ligne : http://www.adrets.net/PhotoMois9.htm


Références bibliographiques :







[1] A ce propos, voir notamment le très bel article : Xavier Bernier et Kevin Sutton, 2012, « Les fragmentations d’un territoire fortifié : Briançon à l’épreuve de sa labellisation », Mappemonde, n°108, en ligne : http://mappemonde.mgm.fr/num36/articles/art12402.html

[2] Vincent Veschambre, 2004, « Appropriation et marquage de l’espace : quelques éléments de réflexion », ESO Travaux et Documents, n°21, pp. 73-77, citation p. 73, en ligne : http://eso.cnrs.fr/fr/publications/eso-travaux-et-documents/n-21-mars-2004.html

[3] Vincent Veschambre, 2004, « Appropriation et marquage de l’espace : quelques éléments de réflexion », ESO Travaux et Documents, n°21, pp. 73-77, citation p. 73, en ligne : http://eso.cnrs.fr/fr/publications/eso-travaux-et-documents/n-21-mars-2004.html

[4] Lionel Laslaz, 2007, « Autour de la nouvelle loi sur les Parcs nationaux français : enjeux et conflits », Géoconfluences, dossier « La France : des territoires en mutation », 6 février 2007, en ligne : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/territ/FranceMut/FranceMutScient6.htm

[5] A propos de la géographie de la mémoire (et en particulier la question des mémoires douloureuses), voir notamment : Dominique Chevalier, 2012, « Quelques pistes et réflexions sur une géographie des mémoires et son enseignement », aggiornamento hist-geo (carnet de recherches), 18 novembre 2012, en ligne : http://aggiornamento.hypotheses.org/1151

[6] A ce propos, voir : Jean-Pierre Paulet, 2002, Les représentations mentales en géographie, Anthropos, collection Géographie, Paris, 152 p.

[7] Laurent Quisefit, 2013, « Le 38e parallèle nord et la dyade coréenne : origines et mutations d’une barrière frontalière », L’espace politique, n°20, en ligne : http://espacepolitique.revues.org/2698

[8] Laurent Quisefit, 2013, « Le 38e parallèle nord et la dyade coréenne : origines et mutations d’une barrière frontalière », L’espace politique, n°20, en ligne : http://espacepolitique.revues.org/2698

[9] Selon la typologie du marquage de l’espace proposée par le géographe Vincent Veschambre : Vincent Veschambre, 2004, « Appropriation et marquage de l’espace : quelques éléments de réflexion », ESO Travaux et Documents, n°21, pp. 73-77, en ligne : http://eso.cnrs.fr/fr/publications/eso-travaux-et-documents/n-21-mars-2004.html

[10] A ce propos, voir l’article fondateur : Jérôme Monnet, 1998, « La symbolique des lieux : pour une géographie des relations entre espace, pouvoir et identité », Cybergeo, rubrique « Politique, Culture, Représentations », article 56, 7 avril 1998, en ligne : http://cybergeo.revues.org/5316


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