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mardi 21 juin 2011

"(Ré)imaginer les Balkans" : deux événements avec Maria Todorova


L'ouvrage de Maria Todorova, Imagining the Balkans, publié en 1997 et devenu un ouvrage incontournable pour comprendre les Balkans (mais aussi l'identité et l'Europe), vient d'être traduit en français sous le titre Imaginaire des Balkans (Editions de l'EHESS, 2011). A cette occasion, le CERI (centre d'études et de recherches internationales) organise une journée d'études intitulée "(Ré)imaginer les Balkans : des sociétés européennes en mouvement" le 27 juin 2011 de 9h15 à 17h15 au CERI (amphithéâtre Jacques Chaspal, 27 rue St Guillaume, Paris : voir plus d'informations sur le site du CERI). Parallèlement, les Editions de l'EHESS organisent une discussion intitulée "Réinventer les Balkans" sur l'ouvrage de Maria Todorova avec l'auteur, mais aussi avec 3 auteurs reconnus sur les études balkaniques : Nathalie Clayer, Bernard Lory et Nadège Ragaru (voir une présentation de ces auteurs sur le site du Courrier des Balkans), également le 27 juin 2011 de 18h30 à 20h00 au Reid Hall (4 rue de Chevreuse, Paris). Ces deux rencontres-débatsse dérouleront au lendemain du Salon du livre des Balkans organisé par Le Courrier des Balkans et l'association Albania (voir la présentation de la 1ère édition en 2010) les 25 et 26 juin 2011 au Théâtre de la Grande Comédie (40 rue de Clichy, Paris). De nombreuses rencontres avec des auteurs sont également organisées lors de ce Salon du livre des Balkans (voir le site consacré à cet événement), avec par exemple une exposition sur "la BD dans la Balkans" avec la présence de 20 dessinateurs, et des tables-rondes sur la littérature roumaine. En attendant la journée du 25 novembre consacrée à la "Géographie des Balkans" en hommage au géographe Michel Roux, ces événements seront riches en enseignements et en découvertes. Voici les programmes et/ou présentations de ces 3 événements par leurs organisateurs.






(Ré)imaginer les Balkans :
des sociétés européennes en mouvement
27 juin 2011 - 9h15-17h15 - CERI (Paris)

9H15 - 9H30
Ouverture : Ewa Kulesza, directrice exécutive du CERI-Sciences Po

9H30-11H15 Fabriques culturelles et connexions transnationales : les horizons de l’appartenance
Présidente de séance et discutante : Emmanuelle Olivier, CRAL-EHESS-CNRS

- Popular Music in the "Yugosphere" and "Ethnosphere": Layers of Musical Belonging since the Break-up of Yugoslavia
Catherine Baker, University of Southampton

- Bubbles and Powder Kegs: A Cinematic Bus Ride through Serbian Imagination
Marko Žiković, Alberta University

- Bridging Social Capital on the Web: Migrants from Former Yugoslavia and the Importance of Invisible Layers
Jasmina Marić, Internet Interdisciplinary Institute (IN3), UOC Barcelona


11H15 - 11H30 Pause café


11H30-13H00 Des passés mobiles : les identités dans les pliures du temps
Président de séance et discutant : Xavier Bougarel, CNRS, CETOBAC

- Victims' "memory wars"? A Bosnian Association of War Victims under Ethnographic Scrutiny
Cécile Jouhanneau, ISP-Nanterre et doctorante au CERI-Sciences Po

- Sculpting the Nation in Skopje. The Multiple Temporalities of the Present
Nadège Ragaru, CNRS/CERI-Sciences Po

- Voices of the Nation. Being Kosovar Today
Anna di Lellio, The Graduate Program in International Affairs, The New School, New York

- Reshaping Identities: History Teaching in Contemporary Serbia
Dubravka Stojanović, Université de Belgrade


14H30-15H00 (Ré)imaginer les Balkans
Key note speaker: Maria Todorova, University of Illinois


15H15-17H15 Table ronde : Les présences et présents de l’Union européenne dans les Balkans occidentaux
Président de séance et discutant : Jacques Rupnik, CERI-Sciences Po

- Gerald Knaus, European Stability Initiative
- Daniel Korski, European Council on Foreign Relations
- Stefano Bianchini, Università degli studi di Bologna

Conclusion : Joseph Maïla, directeur, Direction de la Prospective, ministère des Affaires étrangères et européennes.

Source de l'information :


Réinventer les Balkans :
rencontre avec Maria Todorova
27 juin 2011 - 18h30-20h00 - Reid Hall (Paris)


À l’occasion de la présence exceptionnelle à Paris de Maria Todorova, auteur du livre Imaginaire des Balkans, traduit par Rachel Bouyssou.
Le spectre des Balkans hante la culture occidentale. Inséparable de l’Europe, cette région occupe la position inquiétante d’un entre-deux, ni Orient ni Occident, qui fait d’elle le barbare de l’intérieur. L’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990 et l’élargissement vers l’Est de l’Union européenne ont ranimé ces clichés, rendant urgente une réflexion d’envergure sur les Balkans et, au-delà, sur la question de la construction de l’autre.


Maria Todorova avait publié en 1997 Imagining the Balkans. La trajectoire de ce livre dans toute l’Europe, avec ses traduction serbe, hongroise, bulgare, grecque, roumaine, slovène, macédonienne, turque, albanaise ; polonaise, allemande, italienne restitue la complexité et la richesse des Balkans.
« Une étude qui aide à dépasser les nationalismes locaux, à relancer la réflexion sur « l’orientalisme » initiée par Edward Saïd, ou à interroger les héritages ottomans de l’Europe." (La Recherche, Vincent Duclert)

Avec :
- Maria Todorova est professeur d’histoire aux États-Unis, à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Elle enseigne et étudie l’histoire de l’Europe de l’Est, en particulier les Balkans et l’Empire ottoman à l’époque moderne. Imaginaire des Balkans, traduit par Rachel Bouyssou, Éditions de l’EHESS.

- Nathalie Clayer, est historienne (EHESS-CNRS-Collège de France). Ses principaux centres d’intérêt sont la religion, le nationalisme, et les processus de construction étatique dans les Balkans, en particulier en Albanie. A notamment publié Conflicting Loyalties in the Balkans (london, Tauris) avec Hannes Grandits et Robert Pichler.

- Bernard Lory, est historien, spécialiste des Balkans (INALCO). L’Europe balkanique de 1945 à nos jours, Paris, Ellipses

- Nadège Ragaru est politologue à Sciences Po (CERI) 1989 À l’Est de l’Europe. Une mémoire controversée, La Tour d’Aigues : Ed. de l’Aube, 2009. Elle mène des recherches sur la culture visuelle et l’anthropologie des images, la sociologie historique du communisme, ainsi que les identifications en Bulgarie et en Macédoine.

Source de l'information : site du Courrier des Balkans.



Salon du Livre des Balkans 2011
25-26 juin 2011 - Théâtre de la Grande Comédie (Paris)

L’association Albania et Le Courrier des Balkans organisent la seconde édition du Salon du livre des Balkans les samedi 25 et dimanche 26 juin 2011 au théâtre de la Grande Comédie.
Pour sa seconde édition, le Salon du livre des Balkans se place à nouveau sous le signe de la découverte des cultures de l’Europe du Sud-Est, qui restent largement méconnues. Deux thèmes sont à l’honneur cette année : la littérature roumaine et la bande dessinée.

Les samedi 25 et dimanche 26 juin, le théâtre de la Grande Comédie va vivre à l’heure de la littérature des Balkans. Au programme de ces deux jours : trois tables-rondes, une exposition de bande dessinée indépendante et une carte blanche à Gani Jakupi, artiste kosovar aux multiples talents.
Cette fois encore, le Salon du Livre des Balkans accueille les plus grands noms de la littérature balkanique et choisit de les faire débattre autour des questions qui agitent la création actuelle, l’écriture engagée dans l’espace post-communiste et l’imaginaire pour dépasser le réel.

Caractérisé par l’échange et le dialogue, le Salon met en avant les interactions entre le public et les auteurs présents, avec notamment plusieurs séances de dédicaces ainsi que la présentation de l’exposition de bande-dessinée en présence des dessinateurs.
Éditeurs et libraires spécialistes de l’Europe du Sud-Est présenteront une sélection des meilleurs ouvrages disponibles sur la région, en langue française et en langue originale.
Placé sous le haut patronage de l’Académie française, bénéficiant du soutien du Centre national du livre et de la Région Île de France, le Salon du livre des Balkans s’impose comme un des rendez-vous incontournables pour tous les publics intéressés par l’Europe du Sud-Est.

Samedi 25 juin 2011
(ouverture à 10h00)
10h30-11h : Inauguration de l’Exposition « la bande dessinée des Balkans »

11h-12h : Carte blanche à Gani Jakupi, auteur de bande dessinée (Kosovo)
Voir un entretien avec Gani Jakupi, réalisé pour le Courrier des Balkans.
12h-12h : Dédicaces de Gani Jakupi

12h-13h30 : Concert de musiques balkaniques avec Xanthoula Dakovanou et Hacer Toruk (chants et percussions) et Taxiarchis Vasilakos (accordéon)

13h30-15h : Table Ronde : « Littérature roumaine, l’imaginaire pour dépasser le réel »
Animée par Andreia Roman
Avec : Florina Illis / Sebastien Reichmann / Dumitru Tsepeneag / Virgil Tanase

15h-16h : Dédicaces des auteurs présents à la table ronde


 
Dimanche 26 juin 2011
(ouverture à 10h00)

11h-12h30 : Table Ronde : « Roumanie, vers de nouvelles littératures engagées ? »
Animée par Petre Raileanu
Avec : Dan Lungu / Gabrieala Adamesteanu / Letitia Ilea / Matei Visniec

12h30-13h : Dédicaces des auteurs présents à la table ronde

13h-14h : Présentation de l’exposition bande dessinée et dédicaces des dessinateurs

14h-15h30 : Table Ronde : « la bande dessinée dans les Balkans »
Animée par Johanna Marcadé
Avec Aleksandar Zograf (Serbie) / Igor Hofbauer (Croatie) / Ilan Manouach (Grèce) / Dodo Nita (Roumanie) /Alexandru Ciubotariu (Roumanie) / Gani Jakupi (Kosovo)

15h30-16h : Clôture en dessins

Source de l'information et Informations complémentaires :
  (notamment pour connaître les actualisations du programme)






Le Courrier des Balkans :
Pour ceux qui s'intéressent aux Balkans, le Courrier des Balkans représente une source d'informations incontestable et incomparable. Le travail de traduction, mais aussi d'investigation des journalistes du Courrier des Balkans permet d'avoir accès à un nombre très conséquent d'articles provenant de la presse balkanique, ainsi que des dossiers, des articles produits par les journalistes du Courrier sur place, ou encore des collections d'ouvrages (la collection "La Petite Bibliothèque du Courrier des Balkans" aux Editions Non-Lieu - qui a permis, par exemple, de publier la traduction de l'ouvrage d'Ivan Colovic : Le bordel des guerriers. Folklore, politique et guerre ; et la collection des "Cahiers du Courrier des Balkans" qui proposent une sélection d'articles sur des thématiques telles que les religions, le sport, le cinéma, ou encore le syndicalisme dans les Balkans). Il est habituel (et voulu) dans ce blog de rester neutre, mais en dérogeant à cette règle, je vous invite à découvrir l'appel à soutien du Courrier des Balkans aujourd'hui attaqué en diffamation pour la publication de 2 articles traduits de journaux balkaniques partenaires (procès qui remet en cause l'existence de ce travail !).


mardi 14 juin 2011

"L'Afrique. Un continent en questions" (A. François, N. Lanzi et A. Le Pape)


Alain François, Nathalie Lanzi et Aline Le Pape, 2010, L’Afrique. Un continent en questions, Scérén/CRDP Poitou-Charentes, Collection Trait d’union - Géographie, Poitiers, 90 p. + CR-rom.

"Inaugurant une nouvelle collection adressée principalement aux enseignants du secondaire ou aux étudiants se destinant à cette carrière, le choix de consacrer ce premier volume au continent africain peut étonner. Certes, l’Afrique en tant que telle - ou plutôt les Afriques, comme le rappellent les auteurs en préambule - n’a qu’ « une place réduite dans les programmes », mais les auteurs rappellent d’emblée combien l’enseignant peut trouver dans ce continent de nombreuses possibilités d’études de cas éclairant des questions aussi diverses que les frontières, l’inégal développement, l’espace proche, les littoraux, les risques, le tourisme, l’eau... Se donnant pour objectif de faire le lien entre les différents besoins de l’enseignant, les auteurs lui mettent à disposition une synthèse permettant de répondre à plusieurs de ces attentes : une mise au point scientifique (qui donne à l’enseignant les principales conclusions des recherches récentes sur l’Afrique dans sa diversité) et une aide pédagogique (notamment en termes de documents sélectionnés en fonction des différentes parties du programme dans lesquelles l’enseignant pourrait vouloir explorer un exemple africain pour appuyer un cours). C’est dans ce sens que sont proposés deux supports : un court ouvrage et un CD-rom se complètent dans cette volonté de faire le lien entre les connaissances universitaires, les savoirs des enseignants du secondaire et les besoins des élèves. L’approche est immédiatement donnée par les auteurs : ils ne prétendent pas proposer un état de la recherche sur le continent africain, ou encore une épistémologie des études africaines, mais bien mettre à disposition de l’enseignant ou du futur enseignant un outil pratique dans sa conception (ouvrage + CR-rom) comme dans son contenu. Huit questions vont ainsi structurer l’ouvrage, dont les marges sont mises à disposition de l’enseignant de deux manières : d’une part, des références bibliographiques sélectionnées lui permettent de prolonger tel ou tel point ; d’autre part, les liens vers les pistes pédagogiques et les documents proposés dans le CD-rom font le lien entre les programmes et la synthèse des connaissances scientifiques [...]".




Référence du compte-rendu de lecture :
Bénédicte Tratnjek, "L'Afrique. Un continent en questions (A. François, N. Lanzi et A. Le Pape)", Cafés géographiques, rubrique "Des livres", 14 juin 2011.


lundi 13 juin 2011

Le Sud-Soudan vu par les géographes


La partition du Soudan en deux Etats suite au référendum d'auto-détermination du Sud-Soudan ne se fait pas sans heurts. Si le référendum a donné, selon les résultats officiels, 98,83 % de "oui" à l'indépendance, ces derniers jours ont été marqués par des combats à la nouvelle frontière entre Soudan et Sud-Soudan. Ce référendum était programmé dans le cadre du règlement du conflit entre le Nord-Soudan et le Sud-Soudan qui oppose ces régions depuis une trentaine d'années. Le Sud-Soudan a ainsi été ravagé par une guerre civile de 1983 à 2004 (on estime à 1,5 million le nombre de morts et à 4 millions le nombre de déplacés/réfugiés de guerre). Parallèlement, un autre conflit se déclare, dès 2003, dans la région du Darfour, à l'Est du Soudan (à ce propos, on se reportera notamment à l'article de Marc Lavergne pour Géoconfluences : "Darfour : impacts ethniques et territoriaux d'une guerre civile en Afrique").
Le Sud-Soudan
Source : Le Figaro, publié dans "L'indépendance annoncée du Sud-Soudan",
blog Les efflorescences, 22 février 2011.


La fragmentation politique (voir l'article de Stéphane Rosière : "La fragmentation de l'espace étatique mondial. Réflexions sur l’augmentation du nombre des États" et l'éditorial d'Amaël Cattaruzza : "Fragmentation : cloisonnement et/ou recomposition de l’espace politique ?" pour la revue L'espace politique, n°11, 2010) est un sujet qui préoccupe tout particulièrement les géographes, dans la mesure où elle n'a pas des incidences qu'à l'échelle des Etats, mais qu'elle perturbe également les espaces de vie, comme le montre l'exemple des Soudans.

Conflits au Soudan
Source : Atlas 2010 du Monde diplomatique, publié dans Sylvain Kahn, "Le Soudan :
les géographes et les frontières", Globe, 8 juin 2011.

 Sylvain Kahn a consacré son émission Planète Terre de ce mercredi 8 juin 2011 au "Soudan : quelle géographie après le référendum d'autodétermination du sud ?" avec pour invités la politiste Maria Gabrielsen et le géographe Marc Lavergne (l'émission est disponible en podcast et à la ré-écoute sur le site de France Culture). Sylvain Kahn propose, par ailleurs, une bibliographie très intéressante et très complète autour de la question "Soudan : les géographes et les frontières" dans le blog de l'émission, Globe (la bibliographie/sitographie est d'autant plus intéressante qu'elle est construite autour de 3 axes : I/ Confrontations des imaginaires spatiaux et chocs des représentations géographiques ; II/ Soudan indépendant : comprendre les  frontières de l’intérieur ; III/ 2011, quelles frontières au Soudan après le référendum d’autodétermination ?). Ce billet nous fait, par exemple, découvrir une très intéressante cartographie interactive du Soudan (groupes ethniques, mortalité infantile, eau et installations sanitaires, éducation, insécurité alimentaire, champs pétroliers) qui permet de rappeler que le pétrole n'est pas le seul enjeu crisogène du Soudan, loin de là.
 
Les groupes ethniques au Soudan
Source : site de la BBC, janvier 2011.

Ne pas surévaluer l'impact des enjeux pétroliers, c'est ce qu'explique également Marc Lavergne, invité d'Arte Reportage le 8 janvier 2011 dans le cadre de l'émission consacrée au référendum d'auto-détermination du Sud-Soudan : "Sud-Soudan : la naissance d'une nation". On retrouvera également un autre extrait de cette émission : l'entretien avec Gérard Prunier, historien spécialiste de la Corne de l'Afrique ; ainsi que le compte-rendu du café géopolitique du 6 décembre 2010 avec ces deux spécialistes : "Soudan, vers la partition ?". Voir, enfin, le blog de Marc Lavergne, dans lequel on retrouvera certains de ses articles parus sur la question de la partition du Soudan.

"Sud-Soudan : interview de Marc Lavergne"
dans "Sud-Soudan : naissance d'une nation", Arte Reportage, 8 janvier 2011, Arte.


On l'a dit, les questions qui sont en jeu ne sont pas seulement de l'ordre des ressources pétrolières, bien loin de là. Par exemple, la capitale du Soudan, Khartoum, s'est trouvée transformée par l'afflux des déplacés de guerre (depuis le Sud-Soudan dès les années 1980 et le Darfour dans les années 2000). Pour les déplacés Sud-Soudanais, se pose aujourd'hui la questin épineuse du retour, pour certains 30 ans après leur déplacement. Leur statut a changé : ils étaient déplacés à l'intérieur de leur pays, et son devenus, avec l'indépendance, des réfugiés (hors des frontières du pays - le Sud-Soudan - dont ils sont ressortissants). Ce problème est d'autant plus prégnant dans le cas des enfants de ces déplacés de guerre, nés à Khartoum, qui, pour beaucoup, n'ont jamais vu le Sud-Soudan, et qui doivent aujourd'hui effectuer un "retour" vers non seulement un nouvel Etat, mais aussi un espace de vie qui leur est inconnu. Les capacités de la nouvelle capitale du Sud-Soudan, Djouba (orthographiée "Juba" dans sa forme anglicisée), ainsi que les actuelles transformations de la ville de Khartoum du fait de l'éventuel départ d'une part importante de la population vers le Sud-Soudan (qui provoquent autant de jeux fonciers que de problèmes d'ordre politique, et ce dans les deux villes-capitales) sont autant d'enjeux qui émergent avec l'apparition de cette nouvelle frontière. Voir, à ce propos, le compte-rendu de l'intervention de la géographe Alice Franck aux 10èmes journées Géo'rizon (consacrées à "l'Afrique de l'Est") sur "Les paradoxes de la capitale soudanaise : Khartoum, miroir des crises et coeur du développement du pays" (ce compte-rendu sera très prochainement publié sur le site des journées Géo'rizon et sur le site des Cafés géographiques).

Autre point que l'on peut souligner : la dimension environnementale de ces conflits. En effet, la géographe Yveline Déverin publie sur son site Geo-phile.net un article paru dans Le Monde datant de 2007 sur "La dégradation de l'environnement, entrave à la paix au Soudan, prévient l'ONU". Il ne faut pas oublier combien la question de l'eau est prégnante dans cette région, surtout dans un contexte où les ressources en eau sont monopolisées par le pays situé en aval des ressources - l'Egypte - qui ne joue pas de sa position, mais bien de sa puissance dans l'aire régionale. Or, ces ressources hydriques transfrontalières font l'objet de nombreux enjeux diplomatiques et politiques, souvent oubliés au détriment de la question pétrolière : un nouvel accord pour le partage des eaux du Nil est pourtant en train de modifier le rapport de force entre l'Egypte (le contexte des printemps arabes qui touche également l'Egypte modifiera peut-être la place de l'Egypte non seulement dans le Machrek, mais aussi dans l'Afrique de l'Est : pour retrouver des articles sur la question, voir le billet "Le printemps arabe vu par les géographes" - y compris le commentaire du géographe Eric Verdeil qui a gentiment complété cette biliographie/sitographie) : c'est le propos de l'article de la géographe Emilie Lavie : "Coup de théâtre dans le bassin du Nil" (Cafés géographiques, rubrique "Vox geographi", 25 mai 2011). Enjeux régionaux, les ressources hydriques sont également un enjeu à l'intérieur du Soudan, et le découpage politique peut remettre en cause ce partage des eaux : le PNUD (programme des Nations unies pour le développement) note combien "au Soudan, l'accès à l'eau favorise le développement et réduit les tensions".

Soudan : eau et installations sanitaires
Source : site de la BBC, janvier 2011.
Voir également "La question de l'eau au Soudan" sur le site du CTRDV.

Les tensions actuelles sur les frontières produisent des déplacements massifs. Les combats à la nouvelle frontière opposent l'armée du Sud-Soudan et une milice rebelle dans l'Etat du Haut Nil (voir un article du Monde). La ville d'Abyei, qui était déjà au coeur de la zone de combats dans le conflit interne qui opposait le Nord et le Sud du Soudan (jusqu'à l'accord de paix de 2005), se retrouve de nouveau en plein dans la violence. Le 7 juin 2011, on estimait à 100.000 habitants le nombre de déplacés/réfugiés ayant fui cette ville (dont 50.000 enfants selon l'UNICEF), qui se retrouve à la frontière entre le Soudan et le Sud-Soudan (voir un reportage de France 24). Ce lundi 13 juin, les deux Etats - le Soudan et le Sud-Soudan - ont annoncé "s'entendre pour démilitariser la région d'Abyei". Néanmoins, ces tensions entre acteurs politiques officiels et acteurs officieux (tels que des milices) ont provoqué des déplacements massifs, qui vont déstabiliser la région. 

 
==> Ainsi, la fragmentation politique ne peut être vue seulement au regard des enjeux politiques, et la géographie sociale permet d'éclairer d'autres enjeux, parfois oubliés, parfois à distance du tracé de la nouvelle frontière. Procéder à des changements d'échelles est également nécessaire pour comprendre l'entremêlement de ces enjeux. 



vendredi 10 juin 2011

Le sport pour effacer les frontières : de la Yougoslavie à la Yougosphère (Arte Reportage)


Le sport comme moyen de (ré)conciliation et de pacification dans les Balkans ? C'est notamment le projet de l'ONG Sport sans frontière (dont le logo est éloquent : "Aidons les enfants à se reconstruire par le sport") au Kosovo, et notamment à Mitrovica et à Gracanica (mais aussi en Afghanistan, au Burundi et en Haïti). Le sport est aussi pensé comme un moyen d'oeuvrer pour la réconciliation par les actions civilo-militaires, mais aussi comme un moyen d'obtenir des informations sur la prégnance des tensions pour le renseignement d'ambiance, par les militaires de la KFOR (voir Stéphane Jardin et Bénédicte Tratnjek, 2007, "Violences, sport et processus de réconciliation au Kosovo : analyse des actions humanitaires dans la ville de Mitrovica", Actes du colloque Sports, violences et racisme en Europe, sur CD-Rom). Ce sera aussi l'un des points abordés dans le reportage "Destination Yougosphère", diffusé demain samedi 11 juin à 19h30 sur Arte, qui reprend la célèbre formule proposée par le journaliste Tim Judah, spécialiste des Balkans (notamment auteur de The Serbs: History, Myth and the Destruction of Yugoslavia et de Kosovo: War and Revenge) : "La Yougoslavie est morte, vive la Yougosphère". Arte a d'ores et déjà mis à disposition cet extrait du reportage :

 


Présentation du reportage sur le site d'Arte :
"Le Serbe boit du lait slovène au petit déjeuner et s’offre des vacances d’été à la mer en Croatie.
Le Croate fait du tourisme en Serbie et en Bosnie. Une émission de téléréalité avec des candidats issus de tous les pays avoisinants se tourne à Belgrade. A Sarajevo, en Bosnie, on parle une langue commune à toutes les Républiques. Au Monténégro, on joue au basket dans une Ligue de l’Adriatique, la nouvelle version du championnat yougoslave.
En Macédoine, on se recueille sur la tombe du jeune chanteur Toche Proeski, une idole pour tous les pays de la région. Au Kosovo, on croit toujours aux vertus du business...

Qu’on le veuille ou non, on vit comme on vivait en Yougoslavie. Sauf qu’aujourd’hui, on parle d’intérêt, et d’intérêts économiques d’abord.

L’été 2010, la Croatie, la Slovénie et la Serbie ont décidé de former une compagnie ferroviaire conjointe pour relier l’Europe à la Turquie en deux fois moins de temps qu’aujourd’hui. La signature a eu lieu à Belgrade.
Le siège de la compagnie sera à Ljubljana, la capitale de la Slovénie, la seule de ces trois ex-républiques yougoslaves à avoir déjà intégré l’Union Européenne.

ARTE Reportage et Vladimir Vasak ont suivi l’évolution de l’ex-Yougoslavie sur deux décennies. Loin de toute nostalgie, l’existence d’un espace commun est devenue une évidence. Les visites de responsables politiques des ex-Républiques les uns chez les autres se font plus fréquentes, même si les hommes d’affaires les ont précédés…
Pas moins de 200 entreprises croates sont présentes en Serbie tandis que la Slovénie est le premier investisseur étranger dans ce pays. 37% des exportations serbes sont dirigées vers les pays de l’ex-Yougoslavie. Et ce phénomène d’interpénétration s’est encore accru avec la crise."


Référence du reportage :
"Destination Yougosphère", de Vladimir Vasak, Aleksandra Ilic, Sébastien Guisset et Florence Touly, ARTE GEIE – France, 2011.

Diffusions :
Samedi, 11 juin 2011 à 19h15, Arte Reportage.
Rediffusion dimanche 12 juin à 12h00 et samedi 18 juin à 06h00.


"Destinations Yougosphère"
Arte Reportage, 11 juin 2011, Arte.

mardi 7 juin 2011

"Côte d’Ivoire : le cacao de la discorde" (Arte Reportage)


Arte a diffusé ce samedi un reportage sur la place du cacao dans l'économie ivoirienne, intitulé "Côte d'Ivoire : le cacao de la discorde" (il sera rediffusé sur Arte le samedi 11 juin 2011 à 6h00). Bien évidemment, ce type de reportages reste toujours trop court pour donner tous les aspects d'une crise économique et politique qui s'ancre dans des héritages longs. A ce propos, on pourra (re)découvrir l'ouvrage de Christian Bouquet : Géopolitique de la Côte d'Ivoire (voir une note de lecture de la première édition : la seconde édition a été actualisée et enrichie de nombreux éclairages) et son article pour Géoconfluences : "La crise ivoirienne par les cartes".


"Côte d'Ivoire : le cacao de la discorde"
Arte Reportage - 4 juin 2011.

 
Présentation par Arte :
"La première tâche du président Alassane Ouattara récemment investi sera de faire repartir l'économie ivoirienne. Et tout d’abord l’or brun, le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial avec 40% du marché. Mais cette filière a considérablement souffert des années de guerre civile et de la mainmise des forces politiques de tous bords sur cette manne financière.



L'une de nos équipes s'est rendue dans l'Ouest de ce que l’on appelle la boucle du cacao : la région de Duékoué où, ces derniers mois, les violences interethniques ont fait plus de trois cents morts. Cette année, la récolte a été bonne mais la filière peine à redémarrer. La guerre a exacerbé les tensions entre petits propriétaires terriens, en grande majorité des Guérés, favorables à l'ex-président Gbagbo et les populations allogènes venues s'installer au fil des ans, favorables, elles, à Alassane Ouattara.



La région reste peu sûre et de nombreux planteurs ont peur de se rendre dans leurs champs désormais à l'abandon. Pourtant, c'est dans la boucle du cacao que se joue l'avenir de la Côte d'Ivoire. Les Ivoiriens devront se réconcilier et réapprendre à travailler ensemble pour reconstruire un pays dévasté par dix années de crise et de conflit."


 

Références du reportage :
"Côte d’Ivoire : le cacao de la discorde" de Richard Binet, Eric Beurot et Swann Chevalier - ARTE GEIE / Keep Shooting - France 2011.


Source de l'information :
Site de l'émission Arte Reportage.


lundi 6 juin 2011

Le regard d'un géographe sur les Balkans : Michel Roux


En vue de la préparation de la journée d'études "Géographie des Balkans" en hommage au géographe Michel Roux, voici une petite bibliographie - non exhaustive et quelque peu subjective (il s'agit d'un focus sur les travaux qui ont particulièrement marqué le travail de recherche depuis le mémoire de maîtrise jusqu'à la thèse en cours) - sur les travaux de ce géographe, spécialiste des Balkans (tout particulièrement du Kosovo), de la question du peuple albanais en ex-Yougoslavie et de celle des "nettoyages ethniques".

Les ouvrages et les articles de revues sont proposés par ordre chronologique : bien évidemment, certains travaux ne peuvent prendre en compte les profondes transformations frontalières et politiques de ces dernières années, mais ils apportent une nécessaire profondeur historique. De plus, Michel Roux, par sa parfaite connaissance du terrain, a été l'un des observateurs privilégiés de ces changements politiques, et de leurs conséquences sociales et spatiales : on remarque, par exemple, avec quelle précision Michel Roux a analysé les "nettoyages ethniques" dès le déclenchement de la guerre en Bosnie-Herzégovine, ou comment il s'est fait l'analyste des tensions du Kosovo dès la mort de Tito et les émeutes de 1981 (véritable déclencheur des tensions des années 1980 et des guerres des années 1990, qui n'a pourtant pas attiré l'attention des médias et reste particulièrement méconnu).

Les résumés proposés sont ceux de l'auteur ou de ses éditeurs (4ème de couverture pour les ouvrages ; introductions ou résumés pour les articles). Ces travaux peuvent intéresser autant les personnes désireuses de comprendre la complexité balkanique que celles qui cherchent à approfondir la géographie des conflits.


Michel Roux, 1992, Les Albanais en Yougoslavie. Minorité nationale, territoire et développement, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 546 p.
4ème de couverture : "Les Albanais sont environ 2,2 millions dans l'espace yougoslave. Ils y peuplent essentiellement la province du Kosovo, en Serbie, et la Macédoine occidentale, régions contiguës à l'Albanie. Cette minorité nationale a été réunie à l'Etat yougoslave contre son gré : défi à l'intégration. C'est le groupe le plus prolifique, concentré dans les régions les plus attardées : défi au développement. En 1981, les Albanais demandent que le Kosovo devienne la septième république yougoslave. Belgrade refuse et réprime : conflit politique. Cependant les Serbes du Kosovo, se plaignant de pressions albanaises, quittent la province, où les Albanais sont en passe de rester seuls : conflit interethnique.
Au début des années 1990, la décomposition de la fédération yougoslave modifie les perspectives politiques des Albanais. Ceux du Kosovo sont désormais tentés par l'indépendance ou le rattachement à l'Albanie. Mais les Serbes ne sont pas disposés à abandonner un territoire auquel, pour des raisons historiques, ils sont passionnément attachés, comme les Albanais eux-mêmes : situation explosive.
Les régimes communistes d'URSS et d'Europe de l'Est avaient fait de la résolution des problèmes de nationalités, comme des problèmes de développement inégal, deux de leurs priorités. Au moment où ils disparaissent, le cas de la minorité albanaise de Yougoslavie est exemplaire de la façon dont de vieux conflits nationaux, un moment occultés à défaut d'avoir été résolus, resurgissent et hypothèsent l'avenir. Cet ouvrage fait le bilan d'une tentative d'intégration nationale et de développement régional, de son échec, de son rôle dans la genèse de la Yougoslavie titiste."


Michel Roux, 1992, "A propos de la "purification ethnique" en Bosnie-Herzégovine", Hérodote (dossier "La question serbe"), n°67, n°1992/4, pp. 49-60.
Introduction : "A la fin de l'hiver 1991, alors que l'intensité des combats faiblissait en Croatie et que les Nations unies décidaient d'y déployer des "casques bleus", les risques dextension du conflit à la Bosnie-Herzégovine devenaient de plus en plus manifestes. Incapables de s'entendre sur l'avenir politique de celle-ci, les dirigeants des trois peuples qui y cohabitent préparaient activement la guerre. Si les Musulmans (41 % de la population totale) et les Croates (17 %) étaient majoritairement partisans pour l'indépendance, les Serbes (31 %) tenaient à demeurer en Yougoslavie, en vertu de l'idée qu'un peuple a le droit de vivre dans un même Etat. Au Parlement de Sarajevo, fidèle reproduction de la composition nationale de la population depuis les élections pluralistes de novembre 1990, les représentants des deux premiers peuples avaient voté l'indépendance contre l'avis de ceux du troisième (octobre 1991). Confirmée par un référendum (29 février-1er mars 1992), cette indépendance fut reconnue par la CEE le 6 avril, par les Etats-Unis le lendemain.
Les dirigeants serbes locaux ripostèrent aussitôt en proclamant l'indépendance de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, formée des régions autonomes autoproclamées qu'ils contrôlaient déjà. Les unités de l'armée fédérale yougoslave casernées sur ces territoires ou repliées de Croatie étant acquises à leur cause, ils mirent à profit la supériorité militaire qu'ils en retiraient pour lancer, à partir d'avril, une série d'offensives destinées à relier leurs enclaves entre elles et à la Serbie et, au-delà, à acquérir le plus possible de territoires. Quelques mois après, ils contrôlaient les deux tiers environ de la Bosnie-Herzégovine, dont plus d'un million d'habitants, musulmans dans leur grande majorité, étaient devenus des réfugiés, soit dans leur république d'origine, soit dans d'autres parties de l'ex-Yougoslavie, soit dans le reste du monde. Peu à peu, il s'est révélé que ces réfugiés n'avaient pas tous été chassés par les combats. Un grand nombre avaient été expulsés par les vainqueurs, parfois après avoir été regroupés et triés dans des camps de détention. Durant l'été, les termes de purification, épuration ou nettoyage ethnique sont apparus dans les médias du monde entier. Je voudrais réfléchir ici sur la réalité et la portée de la doctrine et des pratiques qui désigne cette expression dans le contexte yougoslave".


Michel Roux, 1999, Le Kosovo : dix clés pour comprendre, La Découverte, collection Sur le Vif, Paris, 128 p.
4ème de couverture par l'éditeur : "Alors que la crise couvait depuis vingt ans, l'éclatement de la guerre du Kosovo au printemps 1999 a surpris l'opinion internationale. Par l'importance de la mobilisation des forces de l'OTAN, par l'ampleur du programme d' "épuration ethnique" mis en oeuvre par les Serbes contre les Albanais de la province, par sa durée même, cette guerre marque un tournant majeur dans l'histoire des relations internationales. Mais si certains aspects de ce "conflit local mondialisé" ont donné lieu à des prises de position passionnées et contradictoires, bien d'autres sont restés occultés ou ont fait l'objet de nombreuses manipulations de l'information.
D'où l'utilité de cet essai, rédigé par l'un des meilleurs spécialistes français de la Yougoslavie et du Kosovo, qui répond avec clareté et concision aux questions le plus souvent posées : Qu'est-ce que le Kosovo, et qui sont ses habitants ? Pourquoi les Serbes considèrent-ils le Kosovo comme le berceau de leur nation ? Quele relation y a-t-il entre la décomposition de l'ex-Yougoslavie et la guerre du Kosovo ? Les nationalistes albanais ont-ils le projet de constituer une "Grande Albanie" ? Pourquoi et comment les puissances occidentales et la Russie se sont-elles impliquées dans ce conflit ? Pourquoi l'OTAN a-t-il choisi la "guerre aérienne" ? Quel est le bilan de l'"épuratio ethnique" réalisée par les forces serbes pendant la durée de la guerre ? Pourquoi l'opposition serbe à Milosevic a-t-elle été si discrète ? Quels scénarios peut-on envisager pour l'avenir du Kosovo, de la Serbie et de la Yougoslavie ? Quelles seront les conséquences de la guerre pour la France, pour les pays de l'Union européenne et pour le monde ?
Complété par des cartes et une bibliographie commentée, des adresses de sites Internet, cet ouvrage apporte des éclairages indispensables pour comprendre les racines de la guerre, les leçons de son déroulement et les perspectives de l'après-guerre".


Michel Roux, 2003, "Controverses sur les frontières du Kosovo", Balkanologie, vol. VII, n°2, décembre 2003, pp. 183-197.
"Le Kosovo, entité politique créée par le pouvoir communiste yougoslave pour gérer une population composite à majorité albanaise, est devenu la source et le théâtre de difficultés majeures avant, pendant et après la décomposition de l'ex-Yougoslavie. Le présent texte examine les aspects territoriaux d'une remise en cause multiforme du Kosovo portant sur son statut, ses limites, ses subdivisions et son existence même. Il s'achève sur une réflexion prospective".


Michel Roux, 2005, "Le Kosovo en voie d'homogénéisation : quelle est la part du «nettoyage ethnique» ?", Revue géographique de l'Est, tome XLV, n°1, mars 2005, pp. 23-33.
"Bien que depuis 1912 le Kosovo soit resté dans le cadre de la Serbie et du Monténégro, puis des Yougoslavie successives (sauf de 1941 à 1945) et sous le contrôle effectif de leurs gouvernements (sauf de 1915 à 1918 et depuis 1999), Serbes et Monténégrins ont vu leur part dans sa population diminuer jusqu’à ne plus en constituer que 5 % tandis que la majorité albanaise dépasse les 90 %. Cela s’explique par un ensemble de causes se combinant différemment selon les périodes : différences d’accroissement naturel, migrations spontanées, modifications coercitives du peuplement, implantation de colons. Déterminer la part réelle du « nettoyage ethnique » dans cette évolution implique de décrypter deux discours nationalistes antagonistes qui tendent à l’ériger en explication centrale de tous ces processus".


Localisation des minorités au Kosovo
Michel Roux, "Le Kosovo en voie d'homogénéisation : quelle est la part du «nettoyage ethnique» ?",
Revue géographique de l'Est, tome XLV, n°1, mars 2005, pp. 23-33


Michel Roux, 2006, "La géographie de la population et le nettoyage ethnique en ex-Yougoslavie", Bulletin de l'Association de Géographes Français (BAFG), vol. 83, n°4, n°2006/4, pp. 399-408.
"Cet article propose une typologie du nettoyage ethnique, souligne la difficulté d'en cerner tous les aspects, puis envisage son impact sur le peuplement des territoires concernés : nombre d'habitants, composition ethnique, natalité, mortalité, structure par âges, répartition entre villes et campagnes, perspectives migratoires. Les exemples sont pris en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo".

A noter également que Michel Roux a coordonné avec Stéphane Rosière l'ensemble du dossier de ce numéro du BAGF consacré au "Nettoyage ethnique".



A lire également :
  • Michel Roux, 1982, "Le Kosovo : développement régional et intégration nationale en Yougoslavie", Hérodote (dossier "D'autres géopolitiques"), n°25, pp. 10-48.
  • Michel Roux, 1990, "La question nationale en Yougoslavie : bref essai de géopolitique interne", Hérodote (dossier "A l’Est et au Sud. De la crise du Golfe à la fin d’un empire"), n°58/59, pp. 311-328.
  • Michel Roux, 1991, "Guerre civile et enjeux territoriaux en Yougoslavie", Hérodote (dossier "Balkans et balkanisation"), n°63, n°1991/4, pp. 14-40.
  • Michel Roux, 1991, "Etat et territoire en Yougoslavie", dans Hervé Théry, 1991, L'état et les stratégies du territoire, Editions du CNRS, collection mémoires et documents de géographie, Paris, pp. 63-77.
  • Michel Roux, 1992, "La décomposition de la Yougoslavie : la Serbie et le «front Sud»", Politique étrangère, vol. 57, n°2, pp. 280-292.
  • Michel Roux, 1992, "Albanie, septembre 1992. Impressions de voyage et interrogations", Hérodote (dossier "La question serbe"), n°67, n°1992/4, pp. 171-178.
  • Michel Roux, 1995, "La population de la Yougoslavie en 1991. Inventaire avant le chaos", Méditerranée, vol. 81, n°1, pp. 35-46.
  • Michel Roux, 1996, "Le calme trompeur du Kosovo", dans Jacques Rupnik (dir.), 1996, Les Balkans.Paysage après la bataille, Editions Complexe, coll. Espace international, pp. 107-121.
  • Michel Roux, 1997, "Frontières, territoires et échanges dans les Balkans dans la perspective de l'intégration européenne", Territoires en mutation, n°2.
  • Michel Roux, 1997, "Serbes et Albanais au Kosovo", Slavica Occitania, n° 3, pp. 87-106.
  • Olivier Deslondes, Gilles de Rapper et Michel Roux, 1998, "Les Albanais hors d'Albanie", Hérodote (dossier "Méditerranée. Nations en conflits"), n°90, n°1998/3, pp. 20-45.
  • Michel Roux, 2000, "Enjeux démographiques au Kosovo", Les Annales de l’autre Islam (dossier "Kosovo, six siècles de mémoires croisées) n° 7, pp. 121-144.
  • Michel Roux et Frédéric Durand, 2000, "Kosovo, Timor oriental : des "protectorats" internationaux ?", Les Cafés géographiques, compte-rendu par Gabriel Weissberg, 8 mars 2000.
  • Michel Roux, Gilles de Rapper et Olivier Deslondes, 2000, "Dimanche à Miras, lundi à Dipotamia. La frontière albano-grecque dans la région de Bilisht et de Kastoria", Cahiers d'Etudes sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien (CEMOTI) (dossier "L'Albanie, dix ans après"), n°29, pp. 199-222.
  • Michel Roux, 2001, "Où en est-on dans les Balkans ?", Hérodote (dossier "Géopolitique de la Méditerranée"), n°103, n°2001/4, pp.  92-101.
  • Olivier Deslondes, Gilles De Rapper et Michel Roux, 2001, La question nationale albanaise dans les Balkans après le conflit de 1998-1999 au Kosovo, rapport, Délégation aux affaires stratégiques (DAS).
  • Michel Roux (dir.), Nations, Etat et territoire en Europe de l'Est et en URSS, L'Harmattan, coll. Pays de l'Est, Paris, 294 p.
  • Michel Roux, 2003, "La guerre est-elle finie dans les Balkans ?", Historiens et Géographes (dossier "La transition post-communiste dans les pays d'Europe centrale et orientale (II)"), mars 2003, n°382, pp. 276-300.
  • Michel Roux, 2004, "Bosnie-Herzégovine 2003-2004. L'Union européenne, horizon lointain", Le Courrier des Pays de l'Est, n°1044, n°2004/4, pp. 20-35.
  • Michel Roux, 2004, "Avec ou sans les Balkans ?", Outre-Terre (dossier "L'élargissement vu d'ailleurs"), n°7, n°2004/2, pp. 119-132.
  • Michel Roux, 2004, "Le pont de Ljubljana", Outre-Terre (dossier "Nouvelle Europe ?"), n°7, n°2004/2, pp. pp. 209-221.
  • Michel Roux, 2005, "Le concept de minorité à l'épreuve des Balkans", Slavica Occitania, n°20.
  • Michel Roux, 2005, "Bosnie-Herzégovine 2004-2005. Une vie chaotique", Le Courrier des Pays de l'Est, n°1050, n°2005/4, pp. 18-33.
  • Agnès Casero et Michel Roux, 2005, "Srebrenica dix ans après : un génocide ?", Les Cafés géographiques, compte-rendu par Marie-Rose Gonne-Daudé, 9 février 2005.
  • Michel Roux, 2007, "La question albanaise", Questions internationales (dossier "Les Balkans et l'Europe"), n°23, janvier/février 2007, pp. 40-43.
  • Michel Roux, 2008, "Kosovo. Les étranges élections de décembre 1992", Le Courrier des Pays de l'Est, n°1067, n°2008/3, pp. 93-97.


A (re)découvrir :

"A qui profite la guerre en Macédoine ?", L'autre Europe, RFI, 1er avril 2001, avec pour invités Ismaïl Kadaré et Michel Roux.


Des cartes réalisées par Philippe Rekacewicz (auteur de l'excellent blog Visions cartographiques) à partir des travaux de Michel Roux pour illustrer et éclairer les enjeux des guerres de décomposition de la Yougoslavie : Philippe Rekacewicz, "L’évolution territoriale de la Yougoslavie entre 1815 et 1999. Deux siècles de décomposition/recomposition", Le Monde diplomatique, juin 2000.


"Lire et comprendre la géographie des Balkans" (une journée d'études en hommage au géographe Michel Roux)

Lire et comprendre la géographie des Balkans
Journée d’étude en hommage à Michel Roux
ENS de Lyon – 25 novembre 2011


L’équipe Bio-Géophile de l’UMR 5600 « Environnement, Ville, société » (Lyon) organise une journée d'études consacrée à la géographie des Balkans, le 25 novembre 2011, en hommage au géographe Michel Roux. Cette journée d'études est organisée par les géographes Emmanuelle Boulineau et Olivier Deslondes, tous deux spécialistes des Balkans.

Michel Roux, Professeur à l’Université de Toulouse-Le Mirail, géographe spécialiste des Albanais de l’ancienne Yougoslavie, nous a quittés il y a deux ans. La journée que nous organisons se veut à la fois une forme de reconnaissance scientifique, et une manifestation d’amitié à travers vos témoignages sur le collègue, le chercheur de terrain, le directeur de recherche, le géographe, le citoyen engagé.


Les Balkans en 2011 :
une région désormais stable ?


Présentation par les organisateurs :
Vingt ans après la chute du mur et le début des guerres yougoslaves, les Balkans « occidentaux » sont au milieu du gué : les armes se sont tues, la vie a repris ses droits tandis que s’amorce la « stabilisation » politique et économique voulue par l’Union Européenne en contrepartie de la promesse faite à ces Etats qu’ils sont appelés à en faire partie.

Mais d’importants obstacles se dressent encore sur le chemin de l’Europe et sur celui du développement : c’est, tout d’abord, le cloisonnement ethno-territorial créé, voire institué par les mécanismes ou les opérations de purification ethnique, qui partage de nombreuses villes – de Sarajevo à Skopje en passant par Mitrovica ou Tetovo – et divise pour longtemps des régions ou des Etats au mépris des principes de libre-circulation régissant la construction européenne. Les diplomaties occidentales ont pu craindre que les opinions serbe ou albanaise soient gagnées par les grandes idées romantiques d’unité nationale, au détriment du statu quo : ce scénario tant redouté est à écarter, tant la multiplication des frontières paraît faire le jeu de pouvoirs locaux, assurer l’existence de fiefs politiques et financiers bien plus tangibles que les utopies nationalistes. La question est donc plutôt de savoir comment rétablir des ponts, convertir les discontinuités en lieux d’échange, et les différences en complémentarités.

D’autres contraintes obèrent le développement économique : les investissements productifs ont été retardés non seulement par les risques politiques internes, mais aussi par l’absence de perspective géopolitique claire : les Balkans occidentaux sont encore bien loin du processus de pré-adhésion qui a permis à la Roumanie et à la Bulgarie d’attirer les capitaux étrangers dès le début de la décennie 1990. Les pratiques économiques, sociales et politiques frauduleuses, obéissant aux logiques de clans et de réseaux mafieux, forment un autre obstacle de taille aux investissements privés et publics, ainsi qu’au respect des critères d’adhésion européenne (Croatie, Macédoine). La croissance est contrariée, plus encore, par la crise démographique, en grande partie liée aux effets directs ou indirects de l’émigration massive qui touche à divers degrés l’ensemble des Balkans, et annule les dynamiques naturelles des derniers « réservoirs » de population balkaniques.

Dans ce contexte, il semble bien que les moteurs du développement soient, plus que jamais, extérieurs à la région. Pour les peuples des Balkans, l’Europe politique est moins un idéal qu’un gage de stabilité, un espace économiquement unifié susceptible de compenser le cloisonnement politique, l’antidote de l’entre-soi qu’ils ont voulu et obtenu. La Turquie constitue un autre pôle majeur et Istanbul, une sorte de capitale pour ces Balkans en manque de centralité propre, et il faut noter que les Etats membres, en Europe du sud-est, soutiennent globalement la candidature turque à l’Union Européenne. C’est à cette échelle, autour de grands projets structurants (Southstream, corridors Europe-Asie) que peuvent s’organiser les coopérations régionales.

L’aire de peuplement albanais, terrain d’étude de Michel Roux englobant l’Albanie, le Kosovo et le nord-ouest de la Macédoine, condense les questions et les contradictions balkaniques : cinq millions d’Albanais apparaissant moins soudés par leur communauté linguistique que divisés entre les trois entités politiques qui les abritent – trois formes d’expression de la « nation albanaise », trois contextes socio-économiques différents ; un retard de développement vis-à-vis du reste de l’Europe, auquel se superposent des disparités internes, souvent anciennes, que les différents régimes communistes n’avaient pas réussi à résorber, et que l’instabilité politique et la faiblesse des investissements ont aggravées après 1990, laissant les revenus de la diaspora tirer seuls la croissance des revenus, l’émigration vider les régions rurales et les villes croître de façon anarchique.

Dès les années 1980, Michel Roux analyse les débuts de la crise yougoslave en considérant les disparités de développement spatiales et sociales comme le premier facteur de discorde interethnique : c’est pour ne pas avoir su développer le Kosovo au rythme de sa croissance démographique et de ses besoins, observe-t-il en substance, que le pouvoir a provoqué, puis attisé la dégradation des relations entre Serbes et Albanais. A l’échelle de la fédération, Michel Roux considère ensuite la crise kosovare, produit d’un retard de développement, comme le point de départ de la contagion yougoslave tout entière.

Dix ans après les dernières recherches de Michel Roux, et sous forme d’hommage scientifique, les intervenants analyseront la situation actuelle des Balkans et plus particulièrement, celle de l’aire de peuplement albanais en privilégiant la lecture géographique et socio-économique des réalités politiques de la région. Plusieurs questions pourront être abordées, notamment celle des trajectoires nationales vers l’intégration européenne.



Programme de la journée d'études
(sous réserve de modifications)



Olivier Deslondes (Université Lyon 2, UMR EVS) et Emmanuelle Boulineau (ENS de Lyon, UMR EVS) : Lire et comprendre la géographie des Balkans en 2011 : enjeux et problématiques de la journée.


Pierre-Yves Péchoux (Université de Toulouse Le Mirail)
Titre de l'intervention à venir


Stéphane Rosière (Université de Reims Champagne-Ardennes)
Le nettoyage ethnique: une réflexion géographique en hommage à Michel Roux

Jean-François Drevet (Ancien fonctionnaire à la DG Regio, Commission européenne)
Les perspectives d'adhésion des pays candidats des Balkans occidentaux à l’UE

Michel Sivignon (Université Paris 10)
La crise grecque au quotidien

Amaël Cattaruzza (Ecole de Saint-Cyr Coëtquidan)
Les représentations de l'Union européenne aux Monténégro cinq ans après l'indépendance

Hivzi Islami (Académie des sciences de Prishtinë, Kosovo)
Le Kosovo : de la colonie classique serbe à l’indépendance

Goran Sekulovski (Université Paris 1)
A la recherche d’une identité ethnique et ecclésiale : espace et religion en Macédoine

Pierre Sintès (Université de Provence, UMR Telemme)
Marginalités spatiales, mobilités géographiques et identités locales dans la Grèce contemporaine

Emmanuelle Boulineau (ENS de Lyon, UMR 5600)
L’ouverture internationale d’un pays balkanique : impacts des IDE et des fonds structurels sur les disparités territoriales en Bulgarie


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ou contacter Emmanuelle Boulineau et Olivier Deslondes