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mercredi 14 janvier 2009

Guerre urbaine à Gaza-ville


Les combats dans la bande de Gaza, et tout particulièrement à Gaza-ville, ont relancé l'actualité de la guerre urbaine. Pour commencer, 2 articles publiés dernièrement par Olivier Kempf présentant "Quelques réflexions sur les opérations de Gaza" et par François Duran sur la "Rupture dans la stratégie israélienne ?", et les nombreuses analyses du blog Theatrum Belli, qui montrent combien la réflexion sur cette expérience sera importante dans la compréhension de l'univers géostratégique et géopolitique dans lequel doivent évoluer diplomates, militaires, politiques...


La bande de Gaza est un des 3 territoires peuplés de Palestiniens conquis par Israël suite à la guerre des Six-Jours (5-10 juin 1967), avec la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Elle était auparavant sous férule égyptienne depuis 1949. "Gaza, minuscule bande sablonneuse littorale, est le plus peuplé et le moins nanti des Territoires du fait de l'afflux de réfugiés provenant des zones d'Ashkélon et de Beershéva, lors de la Nakba du printemps 1948, et d'un taux de fécondité record (9 enfants/femme). En outre, l'Egypte n'en a fait qu'un bastion offensif au flanc d'Israël, ses habitants (à 95 % musulmans) y étant strictement confinés. Densité, exiguïté et Intifada (débutée là en décembre 1987) oblige, seules vingt implantations y seront bâties, puis évacuées en 2005" (Frédéric Encel, 2008, Atlas géopolitique d'Israël. Aspects d'une démocratie en guerre,Autrement, collection Atlas/Monde, Paris, p. 28). La position géographique de ce territoire est une contrainte à plusieurs égards : le territoire est très isolé vis-à-vis des autres Territoires palestiniens, et son enfermement est rendu d'autant plus vivace par sa petitesse. De plus, la bande de Gaza se présente comme une zone-tampon entre 2 puissances régionales : Israël et l'Egypte.


La bande de Gaza est donc un territoire fermé. L'opération "Plomb durci" a été lancée le 27 décembre 2008 à travers des bombardements aériens (avions de chasse et hélicoptères de combat), puis complétée par une offensive terrestre à partir du 3 janvier 2009. Rapidement, Gaza-ville a été encerclée. Depuis le 13 janvier 2009, des blindés sont entrés dans Gaza-ville. Selon Dominique Merchet, l'armée israélienne n'est aujourd'hui plus qu'à environ un kilomètre du centre-ville. Avec cette guerre, la précarité des populations de la bande de Gaza s'est fortement aggravée, notamment en termes d'approvionnement de vivres et de médicaments. La ville de Gaza s'est retrouvée au coeur de la stratégie offensive israélienne et de la stratégie défensive du Hamas, en tant que centre névralgique de la bande de Gaza. Elle est une ville-cible pour l'armée israélienne dans la mesure où elle estime que les centres administratifs et militaires du Hamas y sont situés. La zone Nord de la bande de Gaza est essentiellement agricole. Au centre de la bande de Gaza, on retrouve 4 camps de réfugiés, qui constituent de réels pôles urbains (Nusseirat, Bureij, Maghazi et Dir al-Balah). La zone Sud de la bande de Gaza, enfin, constitue une réelle zone tampon avec l'Egypte, et elle a déjà été une zone où les combats furent particulièrement durs pendant la guerre des Six-Jours en 1967 et pendant la guerre du Kippour en 1973. C'est une zone frontalière particulièrement disputée et un point de passage qui représente un réel enjeu sécuritaire et stratégique dans le contrôle territorial pour l'Etat israélien.

Gaza-ville est peuplée de 515.000 habitants (soit 36 % de la population totale de la bande de Gaza dont elle est la principale agglomération). La bande de Gaza est une des zones les plus densément peuplées de la planète (plus d'1,4 million d'habitants sur 365 km²), et est un territoire particulièrement urbanisé (73 % des Gazaouis vivent en ville). De plus, le taux de croissance de la population est estimé à 4,5 % par an (avec une moyenne de 6 enfants par femme). A signaler qu'environ 1 million de Gazaouis sont considérés par l'UNRWA comme des réfugiés, dont 480.000 vivent dans 8 camps de réfugiés. Ces camps ne sont pas exclus de la vie de la bande de Gaza, mais y sont au contraire bien intégrés, même si les camps sont dotés de leurs propres infrastructures et de leurs services. Ainsi, 2 sortes d'urbanisation s'intensifient dans la bande de Gaza suivant ainsi la croissance démographique : les camps de réfugiés qui constituent des villes à part entière, dans lesquels de nombreux acteurs interviennent (principalement l'UNRWA qui gère les populations et l'organisation territoriale des camps ; et les municipalités auxquelles sont réliés ces mêmes camps). Dans tous les cas, la situation socio-économique des habitants de Gaza est particulièrement précaire, du fait de leur repliement sur un territoire clos, très densément peuplé et soumis à un fort taux de chômage.



A lire : le court rapport du Programme de recherche urbaine pour le développement (suite à une conférence tenue à Rabat du 15 au 18 janvier 2003), sur L'urbanisation des camps de réfugiés dans la bande de Gaza.


A ne pas manquer : une séance pédagogique particulièrement illustrative sur l'histoire récente du Moyen-orient, et tout particulièrement le cas de la construction nationale israélienne et les différentes guerres de la 2ème moitié du XXe siècle, proposée par l'académie de Toulouse : "Le Moyen-Orient en schémas". Les schémas proposés sont simples mais très illustratifs d'une situation complexe et difficile à enseigner ou à dénouer.


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