A propos de la projection-débat autour du documentaire "Kigali : des images contre un massacre", j'ai signalé le travail de Marc-Antoin Pérouse de Montclos sur la question ("Kigali après la guerre : la question foncière et l'accès au logement", Les Dossiers du CEPED, n°57, CEPED, Paris, 2000, 41 pages). Il est vrai que ce travail date, et que les choses ont beaucoup changé depuis dans la ville de Kigali. Je remercie donc Benjamin Michelon de me signaler son très intéressant travail sur la question, qui n'est pas une seule réactualisation, mais bien une réflexion sur les stigmates et les avancées dans une ville dans le temps non plus de l'immédiat après-guerre, mais bien celui de la reconstruction et de la réconciliation, avec tous les défis qui se posent à une ville qui a dû gérer un accueil massif de déplacés.
La carte ici présentée est issue d'un de ses articles (Michelon, Benjamin, "Kigali : une urbanisation entre modernisation et réconciliation", Urbanisme, n°363, novembre-décembre 2008, pp. 33-38) et illustre parfaitement les défis en cours d'une urbanisation rapide dans un pays qui a longtemps éprouvé une grande méfiance vis-à-vis de la ville, dans une ville qui s'est retrouvée au coeur des combats en 1994, dans une ville qui est devenue une "ville-attrait" pour de nombreux déplacés.
Résumé de l'article : "Considérée durant de nombreuses décennies comme une petite ville de province, Kigali comptait à peine 200 000 habitants avant le génocide de 1994. Avec plus de 850 000 habitants, c’est une véritable révolution urbaine que connait actuellement la capitale du Rwanda. Grâce à la construction de nombreux bâtiments modernes, Kigali change de visage, signe d’une réelle volonté politique d’effacer les stigmates du passé. Présentation par Benjamin Michelon, socio-urbaniste, collaborateur scientifique à l’unité de coopération à l’EPFL* (thèse en cours sur l’identité et les quartiers précaires à Kigali et à Douala)".
Du même auteur, on retrouvera également un power-point très complet intitulé "L'urbanisation de Kigali : La (re)construction d'une capitale après le génocide" (présenté à l'International Research Conference, Tutsi Genocide and reconstruction of Knowledge, 22-25 juillet 2008, Kigali), qui permet de comprendre comment Kigali se contruit comme une ville duale. Le power-point met également en avant la problématique de (re)constrution : si l'on parle communément de reconstruction dans l'après-guerre, peut-on ici réellement employer seulement ce terme ? Bien évidemment, un des défis pour les acteurs de la gestion urbaine de Kigali a été de reconstruire les bâtiments détruits par la guerre. Mais, dans le même temps, la ville a dû faire face à une explosion urbaine, avec une population passée de 200.000 à 850.000 habitants... Reconstruction et construction ont donc été 2 défis simultanés !
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