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mercredi 1 septembre 2010

Forêt et guerre : quelques pistes pour préparer le FIG


La forêt : thème du prochain FIG

Le prochain Festival international de géographie (FIG) qui se déroulera du 4 au 7 octobre 2010 aura pour thème la forêt. Saint-Dié-des-Vosges se prête particulièrement bien à ce thème ! 5 parcours thématiques seront consacrés à ce thème. En voici la présentation (voir le FIG info, en attendant la diffusion du programme des conférences/tables-rondes/cafés géo...).

La forêt peut-elle sauver la planète ?
"Pas de doute : la forêt – certains arbres, comme les pins bristlecone californiens, peuvent être âgés de 5000 ans ! – nous raconte une histoire au long cours, d’une durée bien supérieure à celle de nos vies humaines. Elle nous dit les changements climatiques, non seulement par l’épaisseur des cernes des troncs, mais aussi par les transformations des écosystèmes forestiers. Quels enseignements sommes-nous capables d’en tirer pour agir favorablement sur les conditions d’existence que nous nous préparons à la surface de notre « bonne vieille Terre » ?

Quelle forêt pour 2100 ?
Question cruciale, s’il en est : la forêt telle que nous la concevons et la gérons aujourd’hui, en particulier en France, sera celle dont nos petitsenfants hériteront en 2100 ! Dans quel état la leur laisserons-nous ? La progression, depuis la fin du 18e siècle, des surfaces boisées n’est pas nécessairement un gage suffisant de qualité. La susceptibilité aux feux et aux vents tempétueux le prouve assez. Mais peut-on et doit-on l’adapter aux changements climatiques actuels pour répondre aux défis naturels et économiques posés par le futur ?

Et si on en demandait trop à la forêt ?
Fournir de nouvelles terres agricoles, constituer une source d’énergie, livrer du bois d’oeuvre, donner du papier, stocker du carbone, conserver la biodiversité, offrir des terrains de jeu et de loisirs aux ruraux et aux citadins... Est-ce vraiment raisonnable ? N’en demanderait-on pas trop à la forêt ? Dès lors, elle est objet de conflits ! Par exemple, entre le Nord «écologiste» qui souhaite conserver les forêts tropicales et le Sud «défavorisé» qui voudrait bien les voir diminuer pour augmenter les surfaces cultivables et nourrir des populations croissantes !

De la forêt timbre-poste aux grands groupes internationaux
La forêt ? Les forêts, devrait-on dire… Car il en existe des dizaines, de taille et de nature bien différentes ! Quel est le point commun entre le propriétaire d’une «vignette» d’épicéas et les grands groupes contrôlant des milliers d’hectares d’hévéas ? Quels rapports entre l’artisanat d’art et la fabrication de panneaux de contreplaqué ? Comment organiser une filière complexe où se côtoient des usages hétérogènes, de la papeterie à la chimie de la cellulose et à la construction préfabriquée ? Et quelle gouvernance industrielle privée et publique ?

La forêt, lieu des ailleurs ?
Un peu d’étymologie pour expliquer ce titre ! Le mot forêt vient du latin foris qui signifie dehors, et donc ailleurs… Il était donc logique que le FIG consacre un itinéraire à l’étrangeté forestière, qu’elle fasse peur, comme c’est souvent le cas chez Tolkien, ou qu’elle protège la Belle endormie pour un sommeil de cent ans. La forêt est aussi source d’inspiration ou de recueillement. Occupant une place à part dans de nombreuses sociétés, elle éveille nos sens et nos imaginations. Mais l’ailleurs est aussi une réalité géographique : les épais massifs boisés sont les no man’s lands chers à Bernard Lavilliers : «Qui peut vivre ici, des hommes ; Qui n’ont jamais connu de loi. Je parle de la loi des hommes ; Dont la nature ne veut pas.»



La forêt de guerre : quelques ressources

De nombreux géographes se sont intéressés à la question des forêts de guerre, tout particulièrement en biogéographie. Amélie Robert (doctorante au laboratoire ENeC - Espace, Nature, et Culture), avait d'ailleurs présenté lors du FIG 2008 (consacré aux "guerres et conflits") un poster sur les "Conséquences environnementales d'une guerre chimique : la guerre du Vietnam (1962-1971)".  La question des conséquences des guerres sur les forêts, et plus généralement l'environnement, a été l'objet de nombreux travaux en géographie, dont la thèse d'état de Jean-Paul Amat (Jean-Paul Amat, 1999, La forêt entre guerres et paix, 1870-1995. Etude de biogéographie historique sur l'Arc meusien de l'Argonne à la Woëvre, thèse d'Etat, Université Lille III, 3 volumes, 1116 p.). La Première Guerre mondiale est devenue un "laboratoire" pour la recherche sur ces questions, mais aussi la place de la forêt dans cette guerre s'est ancrée dans l'imaginaire collectif (comme en témoignent les nombreuses bandes dessinées, notamment celles de Tardi, consacrées à ce conflit).

Notre Mère la guerre, tome 1 "Première complainte",
Maël et Kris, Futuropolis, 2009.


Parmi les géographes, on retiendra notamment les noms de Jean-Paul Amat, Micheline Hotyat, Jean-Yves Puyo et Thao Tran qui ont consacré une partie de leurs travaux à la question des impacts environnementaux de la guerre dans les forêts. A ces noms, on peut ajouter celui de l'historienne Andrée Corvol.

N'étant absolument pas spécialiste de cette question, cette bibliographie est très loin d'être exhaustive. On peut néanmoins noter plusieurs axes de recherche concernant le lien entre forêt et guerre :
- la forêt dans la défense du territoire (aménagement, patrimoine, protection de l'environnement...) ;
- la forêt comme territoire de la guerre, comme espace de combats (influence de l'environnement biogéographique sur la manoeuvre : camouflage, incidence sur l'emploi des armes/troupes ; "conflits verts") ;
- les traces de la guerre sur les territoires forestiers (conséquences environnementales et paysagères, défoliation, question de la réappropriation par les différents "opérateurs spatiaux" - selon l'expression du géographe Michel Lussault - soit les plantes, les habitants, les acteurs politiques...). 

 
Forêt et guerre :
- Andrée Corvol et Jean-Paul Amat (dir.), 1994, Forêt et Guerre, L'Harmattan, Paris, 325 p.
- Micheline Hotyat, 1994, "La forêt et la guerre : vitesse de cicatrisation", dans Andrée Corvol et Jean-Paul Amat (dir.), Forêt et Guerre, L'Harmattan, Paris, pp. 271-279.
- Philippe Boulanger, 2006, "L'environnement biogéographique", dans Géographie militaire, Ellipses, Paris, pp. 91-116.

Les forêts dans la Première Guerre mondiale :
- Jean-Paul Amat, 1987, "Guerre et milieu naturel : les forêts meurtries de l'est de la France. 70 ans après Verdun", L'espace géographique, n°3, pp. 217-233.
- Jean-Paul Amat, 1988, "La forêt et la guerre, un exemple des sylvofaciès sur les champs de bataille de la Grande Guerre en Argonne", Bulletin de l'Association de Géographes Français (BAGF), n°3, pp. 191-201.
- Jean-Paul Amat, 1992, "Forêt et défense du territoire. France du Nord-Est - 1871-1914", Stratégique, n°56, n°1992/4.
- Jean-Yves Puyo, 2004, "Les conséquences de la Première guerre mondiale sur les forêts et les forestiers français", Revue Forestière Française, n° 6, pp. 573-584.
- "Verdun, paysages de guerre", Ciel ma géo !, un documentaire avec les commentaires du géographe Jean-Paul Amat, sur le reboisement des zones de combat et les traces toujours présentes du front dans le paysage (voir un court extrait).

La forêt dans la guerre du Vietnam :
- Thao Tran, Jean-Paul Amat, et Francine Pirot, 2007, "Guerre et défoliation dans le Sud Viêt-Nam, 1961-1971. Aux sources de l’histoire", Histoire et Mesure, vol. 22, n°1, pp. 71-107.
- Thao Tran et Jean-Paul Amat, 2007, "Les mangroves vietnamiennes : de la guerre américaine à la réserve de biosphère", dans Andrée Corvol (dir.), Forêt et Eau XIIIe-XXIe siècles, L’Harmattan, Paris, pp. 149-160.
- Thao Tran, 2006, Les perturbations anthropiques contemporaines dans les mangroves du Sud Viêt-Nam. Entre nature, civilisations et histoire. Approches par modélisation et analyse spatiales, thèse de géographie, Université Paris-Sorbonne (prix de thèse du CNFG 2007).

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