Les territoires de la criminalité et les territoires de la violence sont des sujets de préoccupation pour les géographes en tant que "modeleurs" de logiques spatiales et sociales, principalement dans les villes. Le recours à la cartographie pour comprendre les territoires de la délinquance dans la ville et également de mettre en exergue les stratégies territoriales des forces de maintien de l'ordre. Face à la mise en place d'un contrôle territorial, les acteurs de la délinquance et de la criminalité doivent réinventer les formes de leurs "actions" ainsi que leurs spatialités. L'interaction entre territoires de la criminalité et territoires policés transforme constamment les logiques d'appropriations territoriales par ces acteurs officieux et officiels. Plusieurs articles récents ont été consacrés à ces modalités d'occupation du territoire, tout particulièrement dans la ville, et étudient les formes de maillage installé dans la ville pour asseoir et diffuser la criminalité, ou au contraire surveiller et contrôler le territoire, voire punir les acteurs de la déstabilisation et de l'illégalité.
Londres : les lieux du crime
La lutte contre les diverses formes d'insécurité est devenu, de par le monde, un argument politique de plus en plus utilisé, voire convoité. Après la publication de la 1ère carte des crimes et des délits sexuels à Paris, c'est au tour de Londres de publier sa carte des délits en ligne, carte qui sera actualisée tous les mois. De quoi provoquer des pratiques spatiales "formatées" par la peur de l'insécurité et transformer les représentations des Londoniens sur certains quartiers. Laurent Grison analyse les objectifs politiques de cette décision de mettre en exergue des hauts-lieux de la violence et de l'illégalité dans la ville de Londres : "Pour le maire Boris Johnson, la cause est entendue : Crime mapping donne des informations aux Londoniens sur les délits dans leur quartier et vise à les rassurer car leur perception de la délinquance serait exagérée. Il encourage, aussi et surtout, les citoyens à collaborer activement avec la police pour rendre plus sûr leur lieu de vie". A voir si la publication de telles cartes renforce réellement un sentiment de sécurité quant à une perception de la délinquance exagérée, ou au contraire ne renforce pas le sentiment d'une insécurisation de plus en plus marquée. La cartographie criminelle constitue bien un outil d'aide dans l'élaboration d'un maillage sécuritaire, mais n'est-elle pas aussi - lorsqu'elle est publiée à des fins politiques - un moyen de rendre la ville de plus en plus vulnérable en affichant les dangers de celle-ci ?
Géocriminologie : quand la cartographie permet aux géographes d'investir la criminologie
Dans cet article, Claire Cunty, Fabrice Fussy et Pascale Perez analysent l'importance de la géographie comme outil d'analyse de la criminologie : comment la géographie permet-elle de comprendre les territoires de la délinquance, mais également les représentations des habitants sur cette "violence ordinaire" selon l'expression de Jérôme Tadié (Les territoires de la violence à Jakarta, Belin, collection Mappemonde, Paris, 2006) ? L'accent est porté sur la pertinence de la cartographie criminelle comme moyen d'affiner la compréhension des territoires de l'illégalité et de la criminalité, et sur les différents usages de ce type de cartes (usage de connaissance, usage tactique, usage stratégique et usage politique).
1 commentaire:
L'émission de Planète Terre sur "Mafias et territoires urbains" a été reportée et est prévue pour le 15 avril 2009 (toujours 14h00-14h30, France Culture).
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