La criminologie s'intéresse à la géographie. Et les criminologues, notamment sous l'impulsion d'Alain Bauer, nous livrent de nombreux essais sur la "géographie criminelle", à l'heure où les questions d'insécurité et de délinquance préoccupent de plus en plus l'opinion publique. La question de la cartographie comme outil sécuritaire est de plus en plus discutée tant dans les institutions officielles, dans les débats politiques que dans les milieux universitaires. Avec, par exemple, la mise en place d'une carte du crime à Londres par Scotland Yard, ou la 1ère carte des crimes et délits sexuels à Paris. Dans ce contexte où l'insécurité est devenue un thème de débats politiques intenses, Jean-Luc Besson (diplômé en victimologie, ancien directeur de la sécurité de la ville de Roubaix, et chargé d'étude à l'Observatoire national de la délinquance) offre un essai sur Les cartes du crime (PUF, collection Questions judiciaires, Paris, 290 pages, 2004).
Dans son ouvrage divisé en 10 chapitres, Jean-Luc Besson nous présente une réflexion qui s'appuie sur une riche bibliographie anglo-saxonne, qui offre une perspective élargie sur des méthodologies peu connues. Chaque chapitre questionne des thématiques de la criminologie, telles que l' "environmental criminolgy", la cartographie criminelle, l'utilisation de la cartographie et des SIG (systèmes d'information cartographique), le "HotSpot", la géographie des criminels... La criminalité est éclairée selon les concepts de la géographie : territoires, perceptions, concentrations spatiales, réseaux... Avec un chapitre introductif intitulé "L'insécurité n'est pas fatale", Jean-Luc Besson démontre combien les processus de pauvreté, de violences et de marginalisation sont souvent manipulés, à travers la publication de chiffres "choc", et créent un syndrome de peur dans l'opinion publique sans que les questions ne soient résolues. Et son ouvrage repose sur une thèse présentant la cartographie comme outil pour comprendre les logiques de criminalité, les territoires où se concentrent les violences et les procédés pour enrayer ces processus. Chacune des méthodologies employant la cartographie comme outil d'analyse en criminologie, et ce tant dans les recherches françaises que dans les recherches anglo-saxonnes, sont ainsi analysées par l'auteur dans un ouvrage enrichi d'exemples précis et d'utilisations concrètes. Si l'ouvrage présente avant tout des méthodologies d'analyse, il en reste riche en réflexions et en pistes de réflexions. Un ouvrage qui date de 2004, mais qui mérite d'être (re)lu tant il est d'actualité au sein de débats politiques en cours. De quoi se faire sa propre opinion sur l'utilité ou non de la cartographie criminelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire