Voici le power-point présenté lors du colloque international "Identité et espace" à Reims (22-24 novembre 2006), avec une présentation des enjeux identitaires dans la ville de Mitrovica. Le power-point présente les différents aspects de la mise en scène de la différenciation entre les communautés serbe et albanaise dans la ville de Mitrovica : réappropriation de l'histoire, utilisation de "mythes" identitaires, monnaie, économie, noms de lieux... A noter que ce power-point est issu des travaux de maîtrise et de DEA (et des séjours de terrain qu'ils ont nécessité), et date d'avant l'auto-proclamation de l'indépendance par la communauté albanaise. Néanmoins, la ville de Mitrovica était déjà et reste un verrou essentiel, tout particulièrement dans cet enjeu identitaire, entre deux communautés qui s'affrontent non par les armes, mais à travers les symboles, pour rejeter "l'Autre" hors de cette ville-symbole.
Le conflit du Kosovo s'est avéré être une bataille pour la construction identitaire dans un territoire donné. La communauté internationale a affiché clairement son ambition de recréer – ou plutôt de créer – un Kosovo multiethnique, dans la résolution 1244 des Nations Unies. Mais aujourd'hui, un problème essentiel se pose : qui se reconnaît en tant que Kosovar ? Il semble que la construction identitaire dans le territoire du Kosovo se fasse totalement en décalage avec la volonté de la communauté internationale. Entre luttes de pouvoir, conquête de territoire et tentatives d'appropriation identitaires, l'espace est aujourd'hui en crise, dans la mesure où la construction identitaire est une problématique essentielle des difficultés de réconciliation des communautés du Kosovo. L'espace est devenu un objet de lutte idéologique, puisque chacun tente de le marquer par des symboles (notamment à travers la répartition et l'évolution des bâtiments religieux). Un rapport dominant/dominé s'est donc installé entre les diverses populations du Kosovo, dans une logique de hiérarchisation entre les communautés. Les discours politiques sont empreints de nationalisme, de falsification de l'histoire, et de justification de la présence et de la domination sur le sol kosovar. La ville de Mitrovica, du fait de sa position géographique et de la composition de sa population, est le symbole des divisions identitaires et territoriales, qui bloquent aujourd'hui le processus de réconciliation. Se mêlent de nombreux acteurs (les Albanais, les Serbes, les petites minorités du Kosovo, ainsi que les différents représentants de la communauté internationale, tels que l'ONU, l'OTAN, l'OSCE, les médias, les ONG…), qui ont chacun une vision propre et antonymique de l'identité du Kosovar. Mitrovica est-elle aujourd'hui une ville qui se construit, ou plutôt deux villes distinctes qui essaient d'imposer à l'Autre sa vision identitaire, par une hiérarchisation des populations et une appropriation territoriale ?
L'histoire et les mythes ont une part importante dans la construction identitaire des différentes populations de Mitrovica. En effet, les Serbes enracinent le mythe de leur résistance contre l'envahisseur ottoman à travers la bataille de Kosovo Polje en 1389, qui pourtant a vu des mercenaires serbes du côté du sultan, et des Albanais aux côtés des Serbes. De leur côté, les Albanais se disent descendants des Illyriens, et donc estiment que leur identité repose sur une appropriation spatiale du Kosovo antérieure aux autres populations. Par-dessus ces mythes, se superposent de réels faits historiques qui ont profondément changé la répartition des populations dans l'ensemble de la région balkanique. Au cours du XXème siècle, les flux migratoires et les comportements démographiques sont les principaux facteurs de l'évolution du paysage humain dans la ville de Mitrovica, de sorte à séparer de plus en plus les populations.La guerre du Kosovo est, ainsi, l'apogée d'un siècle de tensions entre deux communautés majoritaires qui s'affrontent pour un territoire donnée. L'espace reflète leur volonté d'ancrer leur identité en opposition à "l'Autre". La ville de Mitrovica devient alors un "terrain de jeu" pour les deux communautés. D'une part, les Serbes tentent de s'approprier par une logique de nettoyage ethnique ce territoire. D'autre part, la réponse des Albanais se fait également dans la violence par l'intermédiaire de groupes paramilitaires. La guerre éclate, jusqu'à l'intervention de la communauté internationale, qui s'interpose entre les communautés et devient un nouvel acteur dans le jeu de construction identitaire dans la province du Kosovo.L'identité est aujourd'hui, encore, au cœur des débats, puisqu'elle est un des enjeux les plus complexes des négociations entre l'ONU et les différents acteurs locaux (gouvernements de Belgrade et de Pristina). Mitrovica peut-elle continuer à vivre comme une seule ville ? Il semble que la ségrégation spatiale est telle qu'il existe une Mitrovicë albanaise au sud, et une Kosovska Mitrovica serbe au nord. Pourtant, les Serbes continuent de fuir la province, tandis que les Albanais se réapproprient l'extrême nord de la ville : l'enjeu est à la fois territorial et symbolique. Il appartient donc à la communauté internationale de "trancher" au cœur de cette situation compliquée : un Kosovo albanais, un Kosovo serbe, ou un Kosovo kosovar ? L'identité reste la principale question qui se pose dans ce petit territoire.
L'histoire et les mythes ont une part importante dans la construction identitaire des différentes populations de Mitrovica. En effet, les Serbes enracinent le mythe de leur résistance contre l'envahisseur ottoman à travers la bataille de Kosovo Polje en 1389, qui pourtant a vu des mercenaires serbes du côté du sultan, et des Albanais aux côtés des Serbes. De leur côté, les Albanais se disent descendants des Illyriens, et donc estiment que leur identité repose sur une appropriation spatiale du Kosovo antérieure aux autres populations. Par-dessus ces mythes, se superposent de réels faits historiques qui ont profondément changé la répartition des populations dans l'ensemble de la région balkanique. Au cours du XXème siècle, les flux migratoires et les comportements démographiques sont les principaux facteurs de l'évolution du paysage humain dans la ville de Mitrovica, de sorte à séparer de plus en plus les populations.La guerre du Kosovo est, ainsi, l'apogée d'un siècle de tensions entre deux communautés majoritaires qui s'affrontent pour un territoire donnée. L'espace reflète leur volonté d'ancrer leur identité en opposition à "l'Autre". La ville de Mitrovica devient alors un "terrain de jeu" pour les deux communautés. D'une part, les Serbes tentent de s'approprier par une logique de nettoyage ethnique ce territoire. D'autre part, la réponse des Albanais se fait également dans la violence par l'intermédiaire de groupes paramilitaires. La guerre éclate, jusqu'à l'intervention de la communauté internationale, qui s'interpose entre les communautés et devient un nouvel acteur dans le jeu de construction identitaire dans la province du Kosovo.L'identité est aujourd'hui, encore, au cœur des débats, puisqu'elle est un des enjeux les plus complexes des négociations entre l'ONU et les différents acteurs locaux (gouvernements de Belgrade et de Pristina). Mitrovica peut-elle continuer à vivre comme une seule ville ? Il semble que la ségrégation spatiale est telle qu'il existe une Mitrovicë albanaise au sud, et une Kosovska Mitrovica serbe au nord. Pourtant, les Serbes continuent de fuir la province, tandis que les Albanais se réapproprient l'extrême nord de la ville : l'enjeu est à la fois territorial et symbolique. Il appartient donc à la communauté internationale de "trancher" au cœur de cette situation compliquée : un Kosovo albanais, un Kosovo serbe, ou un Kosovo kosovar ? L'identité reste la principale question qui se pose dans ce petit territoire.
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