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lundi 16 août 2010

Géographie des femmes : quelques cartes


Depuis le début des années 1980, et plus encore depuis le début des 2000, les études en "géographie du genre" se multiplient. Après avoir longtemps été longtemps marquées par une approche militante (féministe), les "gender studies" se sont développées dans les pays anglo-saxons et de plus en plus de chercheurs français se penchent sur la question. En géographie tout particulièrement, une question principale se pose : pratique-t-on et se représente-t-on l'espace de la même manière lorsque l'on est un homme ou une femme ? Le genre est-il un construit social qui "formate" l'habiter et les mobilités ? Parmi les travaux des géographes, on notera tout particulièrement ceux d'Yves Raibaud (voir notamment son article "Le genre et le sexe comme objets géographiques", Cahiers de l'ADES, n°2, 2007 : d'ailleurs, l'ensemble de ce numéro est consacré à cette thématique "Sexe de l'espace, sexe dans l'espace"), de Claire Hancock et de Francine Barthe (notamment co-directrices du numéro de la revue Géographie et Cultures consacré au "Genre. Constructions spatiales et culturelles", n°54, 2005 ; Francine Barthe est également auteur d'une Géographie de la nudité. Etre nu quelque part, Bréal, collection D'autrepart, 2003 : voir les notes de lecture de Claire Hancock et Yann Calbérac). A lire également l'article de Jacques Lévy : "Genre" (EspacesTemps.net, Mensuelles, 18 octobre 2004). Dans cette même persepctive, les géographes interrogent l'espace en fonction des pratiques sexuelles (à noter les travaux de Marianne Blidon sur les rapports entre homosexualité et espace : voir son article "Un espace pas si public ? Quand les gays se tiennent par la main", Les Cafés géographiques, Vox geographi, 26 avril 2008). La diversité et la richesse de ses approches montre que l'approche par le genre reste un champ à explorer.

 
Un important colloque se tiendra sur ces questions du jeudi 16 au samedi 18 septembre 2010 à Pessac (Université Bordeaux III) : des intervenants français, indiens, italiens, espagnols, suisses, allemands, autrichiens, finlandais, mexicains, roumains, anglais, togolais et grecs se réuniront pour aborder la question "Masculin/Féminin : questions pour la géographie". Voir le programme de ce colloque.

A noter également, la préparation d'un numéro de la revue Géographie et Cultures (sous la direction d'Yves Raibaud) consacré à la "Géographie du masculin" ; ainsi que celle d'un numéro de la revue L'Espace politique (sous la direction de Marianne Blidon et Sébastien Roux) consacré à la "Géo/politique du sexe" (à paraître en 2011).



Pour illustrer cette annonce de colloque, voici quelques cartes issues d'une exposition en ligne sur Les Femmes, le Pouvoir et la Politique, organisée par l'International Museum of Women. Les commentaires sont ceux de l'exposition.

La violence domestique
"Une partie significative de la population mondiale est régulièrement victime de la torture, de la faim, du terrorisme, de l'humiliation, de la mutilation et même du meurtre simplement parce qu'elle est constituée de femmes. Des crimes tels que ceux perpétrés contre tout autre groupe seraient reconnus comme une urgence civile et politique." Charlotte Bunch et Roxanna Carrillo

Pour des millions de femmes, le foyer est l'endroit le plus dangereux où se trouver. Loin d'être un havre de sécurité, la famille est souvent le berceau de la violence.



A leur place
Comme vaste observation politique, nous pouvons dire que les femmes du monde entier font face de facto à des restrictions quant à leur présence publique, à leur tenue vestimentaire et à leur comportement privé et public. Mais dans de nombreux pays, "garder les femmes à leur place" est une entreprise littérale. Des restrictions de mobilité et de tenue vestimentaire appliquées dans un nombre surprenant de pays, sont enracinées dans les suppositions standards patriarcales à propos du droit des hommes à contrôler les femmes, en forte combinaison avec les interprétations fondamentalistes religieuses.

Les femmes dans les gouvernements
Cette carte est un aperçu de la représentation des femmes au sein des gouvernements au début 2002. Quelques modèles persistent dans le temps et dans le monde : nulle part les femmes n'ont une représentation égale aux hommes dans le gouvernement, et dans seulement 22 pays les femmes représentent 25 pourcents ou plus des législateurs élus ; les états avec les plus grandes proportions de femmes élues en fonction sont ceux qui mettent en application des politiques en faveur de l'égalité - en particulier les pays scandinaves.


 
Travailler pour un salaire
Dans le monde, de plus en plus de femmes travaillent à l'extérieur pour un salaire, mais elles le font dans des conditions assez différentes des hommes. Elles sont d'habitude payées moins que les hommes pour leur travail. Cette divergence de revenus reflète plusieurs facteurs : une discrimination totale de genre, la concentration des femmes dans les emplois principalement féminins et le pourcentage plus élevé de femmes travaillant à temps partiel. La différence de salaire persiste dans les différents secteurs. Dans le secteur prestigieux et très bien rémunéré d'internet aux Etats Unis, par exemple, les femmes gagnent en moyenne 24 pourcents de moins que leurs homologues masculins.




3 commentaires:

Electrosphère a dit…

Plutôt édifiantes ces cartes ! Faudra un jour qu'on m'xplique cette volonté quasi universellement masculine à maintenir la gente féminine "dans la cave"... Jusqu'ici, j'ai lu et vu bcp de descriptions mais d'xplications en profondeur.

Merci pour cette géo-info.

Tratnjek Bénédicte a dit…

Cher Charles,

Toujours les questions les plus difficiles ! Je ne suis absolument pas "calé" pour répondre à une question assez philosophique, qui ne cesse de revenir dans les débats : les cartes proposées dans ce billet traduisent bien la volonté de mettre en avant des discriminations, mais il s'agit là aussi d'un discours qu'il faut savoir manier avec attention. Les "gender studies" ont d'ailleurs longtemps été incriminées et marginalisées parce que trop militantes : de fait, quelle limite entre l'idéologie - ici féministe - et l'apport scientifique (certes, ce reproche peut concerné toutes les sciences humaines et sociales, quelle que soit la méthodologie employée et les intentions des chercheurs ! mais dans le contexte de ce débat, la part ouvertement militante des "gender studies" dans les années 1970-1980 dans les pays anglo-saxons explique, en partie, leur marginalisation). On peut quand même remarquer que si les études se multiplient actuellement parmi les chercheurs français, ceux qui s'y sont hasardé avant les années 2000 étaient peu nombreux, et cette approche culturelle et sociale n'a pas toujours été bien acceptée par le monde de la recherche. Avec la forte augmentation de la participation des femmes dans le monde du travail et dans la vie politique, les paradigmes semblent renversés, et je trouvais très intéressant que le colloque "Masculin/féminin" et le futur numéro de revue "Géographie du masculin" n'oublie pas de questionner le masculin lui aussi comme un genre, et non pas comme une donnée (seule la pratique spatiale des femmes serait "genrée" et donc différenciée si l'on ne posait que la question par ce prisme).

Bref, pas de réponse à une question aussi difficile que celle que tu poses, Charles, mais les "gender studies" qui prennent une part de plus en plus importante dans les sciences humaines et sociales ont certainement répondu (ou ne tarderont à le faire) à ce type d'interrogation !

Tratnjek Bénédicte a dit…

PS : un billet sur le lien entre "GGéographie du genre" et "Villes en guerre" est prévu, mais il devra attendre la fin de la rédaction de thèse...