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lundi 5 novembre 2012

La ville-capitale, le pouvoir, la symbolique et la toponymie (2) : compléments biblio/sitographiques

Suite du billet "La ville-capitale, le pouvoir, la symbolique et la toponymie : sélection bibliographique/sitographique" du 15 novembre 2011, autour de la carte "Quand les capitales déménagent" publiée par le magazine Carto (n°4, mars/avril 2011, p. 35), qui avait amené à discuter des déplacements de capitales en Côte d'Ivoire (Abidjan -> Yamoussoukro), dans le cas-école du Brésil (création ex-nihilo de Brasilia en 1960), ainsi que les cas du Pakistan (Karachi -> Islamabad), du Nigeria (Lagos -> Abuja), de la Tanzanie (Dar-es-Salaam -> Dodoma), du Kazakhstan (Almaty -> Astana), de la Malaisie (Kuala Lumpur -> Putrajaya) et de la Birmanie (Rangoon -> Naypyidaw). Un prochain billet sera consacré à la géographie de la ville-capitale par-delà l'enjeu de son transfert.


Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique,
thèse de doctorat en géographie, p. 159.



Cette suite est motivée par la mise en ligne de la thèse de géographie d'Antoine Laporte (maître de conférences en géographie à l'ENS de Lyon), soutenue en 2011, et intitulée De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique. Parallèlement au cas brésilien, "modèle" du transfert de capitale dans le cadre d'un rééquilibrage dans l'aménagement du territoire, le cas allemand est un autre "cas-école". Dans cette thèse, Antoine Laporte explore la géographie du pouvoir, les liens entre la capitale et la construction territoriale, la question de la centralité de la capitale et les logiques réticulaires, mais aussi il propose une géohistoire du transfert de la capitale allemande, ainsi que la symbolique des lieux (notamment le quartier gouvernemental) dans la ville-capitale.


Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique,
thèse de doctorat en géographie, p. 131.


Présentation de la thèse par son auteur : Suite à la réunification de son territoire en 1990, l'Allemagne fédérale décide de transférer son Parlement et son gouvernement de Bonn, où ils se trouvaient depuis 1949, à Berlin. Ce déplacement du pouvoir donne l'occasion d'interroger les dynamiques urbaines et territoriales en relation avec la fonction de capitale d'Etat. Cette dernière se développe dans les réseaux urbains avec des logiques particulières, qui font intervenir la mémoire, le symbole et la représentation du pouvoir. Etre capitale signifie en même temps abriter une fonction urbaine qui induit des emplois, des réseaux particuliers et un rayonnement important dans l'Etat même comme hors des frontières nationales. Cette recherche a choisi de s'intéresser plus particulièrement aux quartiers du pouvoir. Ces derniers sont en effet porteurs de structures propres au fonctionnement quotidien de la politique, de l'administration, et des secteurs qui leur sont attachés comme la diplomatie, la presse ou le lobbying. Les structures internes de ces centres du pouvoir trahissent non seulement des choix d'aménagement mais aussi une conception du rôle de l'Etat ainsi que l'histoire nationale. Le déplacement du parlement et du gouvernement de Bonn à Berlin, en Allemagne, permet d'explorer ces problématiques avec différentes échelles de temps et d'espace. Berlin reçoit de Bonn une structure spatiale élaborée dans une culture démocratique et hérite d'un tissu urbain très marqué par les centres du pouvoir développés sous l'Empire, la période nazie ou celle de la RDA. Les territoires du politique dans la capitale allemande deviennent donc un laboratoire révélant le comportement de la fonction politique à toutes les échelles, de la rue au niveau mondial.

La ville-capitale est "la rencontre d'un espace urbain avec une fonction particulière de commandement politique, unique à l'intérieur du territoire administré. Il s'agit donc d'une catégorie d'espaces urbains avec des logiques singulières de production d'espace" (Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique, thèse de doctorat en géographie, Universités du Luxembourg/Paris 7, p. 9). Dans cette "géographie du pouvoir" à laquelle appelait, entre autres, Claude Raffestin (voir notamment David Guerrero, 2006, "Relire Raffestin vingt-cinq ans après", Les Cafés géographiques, rubrique "Vox geographi", 5 novembre 2006), "aménager et choisir une capitale nationale est à l'évidence un acte d'aménagement du territoire mais sa portée symbolique et économique est bien plus forte. L'Etat désigne et construit sa capitale et en retour, elle devient l'un de ses emblèmes, comme le drapeau, la monnaie ou l'hymne national. Par antonomase, on parle souvent de ce que "Moscou", "Washington" ou "Londres" déclare sur tel ou tel dossier (la plupart du temps d'ordre géopolitique). La ville capitale devient aussi une interface entre le territoire qu'elle administre et d'autres territoires (rapport de domination ou de soumission, de voisinage, de coopération, de confrontation). L’accessibilité de la capitale instaure un rapport d’ordre centre-périphérie à l’intérieur du territoire national qui est au moins d’ordre symbolique, même si sa polarisation économique est faible. La position sur le territoire ne pouvait évidemment pas de résumer à une distance aux frontières. Finalement, la capitale devient un lieu d’interpénétration de différentes échelles. Ce qui se passe au niveau local, du quartier central du pouvoir, à des répercussions nationales voire internationales. La conquête d’un bâtiment symbolique (assemblée nationale, présidence, radio...) est presque toujours utilisée comme marqueur de la réussite ou de l’échec d’un changement de pouvoir politique, tout autant que la capture ou l’exode de l’ancien dirigeant.(Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique, thèse de doctorat en géographie, Universités du Luxembourg/Paris 7, p. 10).

Ainsi, "le déplacement de la capitale allemande de Bonn à Berlin a constitué un événement géographique de grande importance dans la structure du territoire allemand, sans doute pas aussi spectaculaire que la réunification elle-même mais suffisamment structurant pour que, désormais, beaucoup en oublieraient que le pouvoir fédéral allemand a, un jour, siégé au bord du Rhin. (...) Le transfert du parlement et du gouvernement à Berlin illustre la résilience de structures spatiales qui entourent le développement d'une ville-capitale d'Etat, et en particulier lorsque le statut de chef-lieu vient d'être perdu ou d'être acquis(Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique, thèse de doctorat en géographie, Universités du Luxembourg/Paris 7, p. 339).


Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique,
thèse de doctorat en géographie, p. 114.


Antoine Laporte, 2011, De Bonn à Berlin : territoires, mémoires et échelles du politique,
thèse de doctorat en géographie, p. 115.




Quelques autres publications sur le déménagement de la ville-capitale allemande et sur les transformations de Bonn et de Berlin :


Source : Arte journal, Arte, 20 juin 2011.





1 commentaire:

Tratnjek Bénédicte a dit…

A noter que depuis le 17 novembre 2012, Antoine Laporte a ouvert un blog : http://perso.ens-lyon.fr/antoine.laporte/ (voir son billet "Pourquoi écrire dans un blogue ?" du 18 novembre 2012 : http://perso.ens-lyon.fr/antoine.laporte/?p=63