Pour ceux qui s'intéressent à la représentation des conflits dans les Arts, tout particulièrement dans la bande dessinée, l'émission Un Monde de bulles du 16 avril 2010 sera consacrée à la mise en bulles des génocides. "Du génocide Rwandais au génocide Arménien" sera diffusé sur la chaîne TNT Public/Sénat (LCP) à 23h00 (et rediffusée le 17 avril à 7h00). "La bande dessinée n'est pas qu'un loisir et un divertissement. C'est aussi, sous le crayon de certains auteurs, un lieu de mémoire, d'engagement et de démoignage. Jean-Philippe Lefèvre se penche sur l'histoire du monde et présente le deuxième tome de Rwanda de Pat Masioni et Cécile Grenier, récit du génocide des Tutsis de 1994. Il revient également sur Medz Yeghern, de Paolo Cossi, qui relate le génocide arménien de 1915".
Sur la question, on retrouvera prochainement un numéro de la revue de la Fondation Auschwitz, Témoigner. Entre Histoire et Mémoire, à paraître fin 2010 et consacré à "La bande dessinée à l'épreuve des génocides" et le colloque organisé à Cérisy-la-Salle sur La guerre dessinée. Guerres et totalitarismes dans la bande dessinée qui aura lieu du 8 au 10 juin 2010. Egalement à (re)voir lavidéo de l'émission Un Monde de bulles du 5 février 2010 consacrée aux "Histoires de Guerre" (avec la série War and dreams et l'exposition à l'Historial de Perronne : avancez à 6min30 pour découvrir une vingtaine d'auteurs dessinant les traces et les séquelles de la Grande guerre).
5 commentaires:
Cet album est indécent dans sa transcription des massacres, qui par son coté répétitif, écoeure, lasse au lieu d’émouvoir et sensibiliser. Sur ce plan là, c’est complètement raté.
La dénonciation des "crimes" des soldats français est grotesque et irresponsable. Bien évidemment, ces soldats français n’ont pas commis toutes les horreurs (viols, massacres, actes de racisme) "dénoncées" dans cet album. En particulier durant l’opération turquoise qui fourmillait de journalistes, d’humanitaires et qui s’est faite "au contact" des troupes du FPR (Front Patriotique Rwandais qui dirige le Rwanda actuel). Le fait que cette Bd reprenne les accusations d’une commission rwandaise qui vient de remettre en août son rapport à charge contre la France souligne la nécessité de prendre avec des pincettes ce genre d’accusations. Dans les relations franco-rwandaises, on nage en plein fantasme et manipulation. Que la france soit franchement coupable en ayant soutenu jusqu’au bout le régime génocidaire rwandais, est un fait, selon moi, quasi avéré. En rajouter outrageusement comme le fait cet album, c’est se tromper de cible. Comme l’a dit Stassen : quand les rwandais se sont massacrés, il n’y avait plus un blanc au Rwanda. Ce qui est vrai, l’armée française avait évacué les ressortissants étrangers trois jours avant le début du génocide. Leur présence à des barrages durant le génocide est impossible : ils ne sont tout simplement plus là !!! C’est bien d’ailleurs le principal reproche que les rwandais ont fait durant des années à la communauté internationale, en particulier à la France : "vous nous avez abandonné !" et non "vous nous avez massacrés !"
Suite
Que Cécile grenier se soit faite manipuler ou que sa sincère empathie envers le peuple rwandais l’ait amené à croire sur parole ce que des rescapés ont pu lui raconter, ne l’obligeait pas à en faire une bande dessinée. Il aurait mieux valu passer par un autre genre comme un récit de témoignages. Le public qui achète, dans ce cas là, sait à quoi s’attendre. Mais là, passer par une BD en spécifiant en avertissement que les faits sont véridiques, c’est se tromper de support.
Le choix de Pat Masioni est inconséquent. Congolais (RDC) réfugié en france, Pat ne pouvait refuser de dessiner un dyptique chez albin Michel. Mais cela aurait été plus intelligent de lui faire dessiner un autre album plutôt qu’une histoire qui fait la quasi-apologie du FPR et de son armée. Quand on sait ce que la RDC subit depuis près de 10 ans de la part du régime en place au Rwanda (4 millions de morts), faire dessiner cette histoire par lui est dangereux pour son intégrité physique si un jour il lui prend l’idée de revenir dans son pays. Ces deux albums lui colleront à la peau par la suite dans un pays où les esprits sont chauffés à blanc. Comme l’a écrit son compatriote Barly Baruti (Mandrill, Eva K.) : "C’est bien dommage qu’on se soit servi de la bande dessinée...et d’un dessinateur de BD CONGOLAIS (du reste très talentueux !) pour parler de la triste histoire du Rwanda. "
La fin de l’histoire avec ses raccourcis historiques (la fin complètement tronquée des camps de réfugiés de RDC (ex-Zaïre) alors que c’est d’une importance historique capitale) laisse planer un véritable malaise s’agissant d’un album qui se veut fidèle à la vérité.
Malheureusement, la post-face de Cécile grenier donne les clefs de tous ces manques et incohérences : en fait, sur un sujet aussi sensible, complexe et dangereux, Cécile grenier est sincère mais elle n’y connait tout simplement rien tout en manipulant le lecteur.... Son texte le démontre : elle écrit que le pouvoir rwandais est "démocratique mais fort" alors qu’il s’agit tout simplement d’une dictature militaire (il suffit de lire les rapports d’Amnesty), que les élections ont "légitimé le président" alors qu’il a été élu à 95% des voix et reconnu du plus petit bout du bout des lèvres par la communauté internationale, elle parle de miracle économique alors que plus de la moitié du budget est constitué d’aide internationale, parle des promoteurs du génocide toujours actifs, alors que 14 ans après, quand ils ne sont pas morts, les quelques groupes de hutus opposants cherchent tout juste à survivre dans la jungle, etc..... Et surtout, alors que le texte parle du Rwanda post 94, elle ne dit pas un mot, pas une virgule, pas une plus petite allusion à la guerre en RDC que le Rwanda mène depuis 10 ans et qui a, je le répère, causé la mort de 4 millions de personnes.
Je pourrai en écrire encore beaucoup tellement la lecture de ce 2ème tome m’a révulsé et stupéfait (et je passe sur la scène du pédophile européen cherchant sa proie dans une ville en plein pillage, au milieu des massacres, alors que Kigali avait été évacué de ses habitants occidentaux...).
Pardon mais n’est pas Stassen ou Spiegelman qui veut. Parfois il vaut mieux s’abstenir.
J'admets ne pas avoir lu (ni même avoir eu en main) cette bande dessinée, ce billet n'avait pour intérêt que d'annoncer le documentaire (non visionné également avant la publication du billet, puisqu'il s'agissait d'annoncer un "événement"), un des rares documentaires qui montrent un certain type de bande dessinée qui se donnent comme des témoignages, des récits bien évidemment, il ne s'agit jamais de se dire "c'est la réalité", ce n'est jamais qu'un regard subjectif. Mais les témoignages écrits ou oraux le sont aussi, c'est une autre forme.
Pour le contenu, n'ayant en effet pas lu cette bande dessinée (d'autres sur la guerre de Bosnie-Herzégovine particulièrement, mais pas celle-ci), je dois avouer "caler" pour vous répondre sur le fait de défendre/attaquer le contenu qui est donné à voir. Il est vrai que les différents témoignages sur le Rwanda (y compris dans des ouvrages qui se disent d'une démarche "scientifique", donc qui devraient tendre vers l'objectivité) sont toujours passionnels. C'est certainement le cas, à vous lire, de cet auteur. l'émission (qui n'est plus disponible sur le site de Public/Sénat) parlait également d'une autre bande dessinée (sur le génocide arménien).
De nombreux travaux d'historiens font aujourd'hui le lien entre bande dessinée, témoignages et histoire. mais je ne sais pas s'ils montrent combien la bande dessinée (tout comme le cinéma ou d'autres formes d'imaginaires) peut influencer l'imaginaire collectif. Approuver ou contester ce genre de témoignages reste donc un pas important, dans la mesure où ce sont justement des récits s'approchent des faits pour donner à voir la subjectivité de leurs auteurs.
En effet, il est important de ne pas les lire comme des "bandes dessinées historiques" (qui relateraient des faits avérés sous la forme de planches), mais comme une représentation, une perception, une subjectivité.
N'ayant pas lu la bande dessinée concernée, merci pour ces éclairages, qui, le jour où je prendrais le temps de la lire, m'aideront à comprendre les intentionnalités et les sentiments de l'auteur, derrière le dessin.
C'est tout simplement scandaleux !!!!! une BD, non, un torchon d'injures. j'espère tout simplement que ces calomnies diffamatoires vont provoquer quelques réactions. Vous aviez des témoignages, si les sbires de Kagamé vous avez dit, les militaires français sont des cannibales, vous auriez dessiné un soldat entrain de manger un enfant tutsi, vous devriez avoir honte, vous dessinez "goma", j'y étais, je n'ai pas vu de planches montrant des soldats qui rassurent, qui soignent, qui sauvent des vies etc etc..... vous me donnez la nausée !!!
En tout cas on ne peut pas continuer à laisser dire tout et n'importe quoi sur les soldats de l'opération Turquoise ; le mandat de départ était très clair, la résolution 929 du conseil de sécurité ( 22 juin 1994) autorise la France à mener une action temporaire, à caractère strictement humanitaire et conformément au chapitre VII de la charte de l'ONU, il peut être fait usage des armes pour exécuter la mission. Une stricte neutralité vis à vis des factions ( FAR / FPR …) est impérative. Un simple rappel des faits me paraît nécessaire, suite à l'attentat contre le falcon 50 ayant causé la mort des présidents burundais et rwandais (le 6 Avril 1994) , s'est déclenché un massacre généralisé de la population Tutsis et Hutus modérés par des extrémistes Hutus (milices, unités militaires, population….) Les premier éléments français sont arrivés à Goma et Bukavu à partir du 22 juin 1994, date de l'autorisation du conseil de sécurit酅donc deux mois et demi après le déclenchement du génocide, certes, bien tard, mais qui a empêché une intervention plus rapide ? pourquoi ? qui voyait d'un mauvais œil l'intervention de l'armée française ? Sans entrer dans les détails, les français ont assuré d'emblée la protection du camp de réfugiés de Cyangugu, puis la création d'une zone humanitaire sure à la périphérie de laquelle tous les agresseurs sont repoussés et à l'intérieur tous les éléments hostiles sont neutralisés afin de protéger les populations et de permettre l'action humanitaire…..des milliers de vies ont été sauvées….trop peu certes, mais une seule vie sauvée valait la peine d'intervenir, devant l'immobilisme international, la France a fait preuve, à travers ses soldats, de courage et d'abnégation. Rappelons nous que fin 1993 , le FPR demandait comme préalable aux accords d'Arusha, le départ des troupes françaises, ce qui fût fait….on connaît la suite….. La catastrophe humanitaire, provoquée par le flux de réfugiés fuyant vers le Zaïre, l'épidémie de choléra a transformé les soldats français en fossoyeurs, tout ça pour enrayer cette épidémie… Depuis toutes ces années, les soldats français doivent encaisser sans cesse des accusations de viols, assassinat etc etc , sans parler de la pire des accusations « complicité de génocide et crime contre l'humanité » rien que ça……que ceux qui ne connaissent pas notre action au rwanda, au moins ne nous jugent pas, et s'ils nous jugent, qu'ils aillent voir un peu du côté du nord kivu , qu'ils cherchent la réponse à tout ce drame dans les réserves minières de la RDC …le coltan ( tantale) par exemple !!!!! A qui profite le crime ? Pas aux soldats de turquoise en tout cas, eux, ils n'ont pas à rougir, ils doivent garder la tête haute et se mobiliser pour que cesse la calomnie. j'étais un de ces soldats, où étiez vous, les donneurs de leçons, quand nous sauvions des vies ?
Pour la seconde fois (voir réponse précédente), ce billet annonce un documentaire. Je ne suis ni responsable des choix du documentaire (j'avais avoué ne pas avoir lu ni même eu en main cette bande dessinée) : ce billet est une annonce d'un documentaire qui a eu un regard critique sur les bandes dessinées. Le thème de ce documentaire n'est pas de dire que cette bande dessinée donnant à voir la réalité, mais bien de dire qu'il s'agit d'une représentation des conflits, par le prisme d'auteurs, et de questionner l'Art plus généralement dans son rôle dans la construction de notre mémoire des conflits, la bande dessinée ayant été l'objet de discours participant comme de discours dénonçant des régimes autoritaires.
J'ai annoncé ce documentaire, du fait du sérieux du contenu de nombreux documentaires de la chaîne Public/Sénat (je me souviens notamment d'un très bon documentaire sur le siège de Sarajevo, avec des témoins particulièrement pertinents), annoncer signifiant que je ne pouvais en connaître le contenu alors.
Pour la seconde fois, donc, il ne s'agit pas pour moi de prétendre qu'une bande dessinée dit la vérité, et qu'une autre non, d'autant plus quand je ne l'ai pas eu dans les mains, et d'autant plus quand il s'agit d'un conflit que je ne connais pas.
JE NE SUIS PAS L'AUTEUR DE LA BANDE DESSINEE CONCERNEE, et ne peux donc répondre à votre injonction à utiliser d'autres témoignages. Le billet n'avait que pour but d'annoncer un DOCUMENTAIRE, dont je ne suis pas non plus l'auteur, c'est évident.
La seule chose annoncée est l'idée - qui me semble intéressante - de questionner les Arts et l'imaginaire qu'ils produisent sur leur lecteur, surtout quand ils s'intéressent - de manière pas toujours neutre c'est évident ! (c'est pour cela que j'ai cité en fin de billet les travaux sur la propagande vue par mais aussi défendue par la bande dessinée !) - aux conflits.
Je le répète : je ne défends PAS une bande dessinée que je n'ai pas lu, CE BILLET ANNONCE UN DOCUMENTAIRE : les guillemets sont bien utilisés pour montrer ce qui ne sont pas MES lignes, mais celles de la chaîne ayant diffusé le documentaire : c'est une citation. Il faudrait, pour que votre message soit entendu et que votre colère soit écoutée, aller vers ceux qui ont produit ce documentaire. Je ne peux être responsable du contenu...
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