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mardi 27 septembre 2011

Programme du prochain Festival international de Géographie : l'Afrique plurielle



Le programme définitif du prochain FIG (Festival international de géographie) qui se déroulera à Saint-Dié-des-Vosges du jeudi 6 au dimanche 9 octobre 2011 et qui sera consacré à "l'Afrique plurielle : paradoxes et ambitions" est en ligne sur le site du FIG (à noter pour ceux qui se trouvent à proximité de Saint-Dié-des-Vosges que la programmation prévoit des activités autour du Festival dès le lundi 3 octobre).

En attendant, les Cafés géographiques proposent un dossier "Afrique(s)" et le site Géoconfluences propose de redécouvrir son dossier "Afrique subsaharienne : territoires et conflits".

Voici également les 6 itinéraires proposés lors du Festival, afin de découvrir l'Afrique et les pays à l'honneur et les territoires invités pour cette 22ème édition : le Rwanda, le Togo, la Réunion, Mayotte et les Terres Australes et Antarctiques Françaises.

A noter, à propos des thématiques intéressant ce blog, un itinéraire consacré aux "Crises et conflits", dans lequel on retrouvera notamment les interventions d'Elisabeth Dorier-Apprill, de Roland Pourtier, Jean-Louis Chaléard, Alain Dubresson, Christian Bouquet...




Itinéraire 1 - La diversité des paysages africains : usages et protections

Itinéraire 1 - La diversité des paysages africains

L’Afrique, cet immense continent où s’opposent des milieux secs (les déserts Sahara, Kalahari), et des fleuves immenses (le Congo, le Nil), des espaces semi-arides (le Sahel aux marges du Sahara) et de vastes forêts toujours vertes dans la cuvette très humides du Congo, porte aussi des montagnes (Maghreb, grands volcans de l’Est africain), de grands lacs (Victoria…), d’immenses littoraux ouverts sur la Méditerranée, l’Atlantique et l’océan Indien... L’Afrique a depuis longtemps suscité des convoitises pour ses ressources naturelles et notamment le bois. Mais, alors même que l’exploitation par les entreprises des pays européens progressait, un discours sur la protection s’est anciennement fait jour et des parcs, des réserves ont été implantés dès 1898 en Afrique du Sud (parc Kruger), en 1925 au Congo (parc Virunga). Le discours commun évoque aussi le désert qui «avance», ses marges qui se dessèchent (au Sahel notamment), et la désertification qui menace. Il insiste également sur le recul de la vaste forêt du bassin du Congo, sur la dégradation des sols agricoles, sur les maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau… Bref, les discours sur l’Afrique sont systématiquement dramatisés, catastrophistes. Que faut-il penser de cela ? Et peut-on envisager l’Afrique dans sa globalité sans mettre en évidence la variété des situations ? Ces situations dramatiques sont dans la plupart des cas envisagées comme résultant des actions des sociétés africaines, et notamment des populations les plus pauvres qui dégradent leur environnement, en consomment les ressources. Comment envisager ces rapports entre la nature et les sociétés africaines ? Les réponses fournies par les ONG de protection de la nature, en termes de parcs, de réserves, d’où les populations sont souvent exclues autoritairement, sont-elles satisfaisantes ? C’est à ces questions que le parcours n°1 tentera de répondre. Les réponses ne peuvent être que nuancées et plurielles comme le sont les sociétés africaines qui depuis très longtemps utilisent diversement la nature.
Yvette Veyret, Professeur de Géographie, Paris X Nanterre



Itinéraire 2 - Crises et conflits

Itinéraire 2 - Crises et conflits

Les médias n’invitent l’Afrique que quand elle souffre ou menace l’Occident : famines, sida, guerres civiles, terrorisme islamique, piraterie. Depuis les indépendances, des conflits multiformes n’ont cessé de rythmer l’histoire d’un continent confronté à de multiples défis. Celui du nombre : le quadruplement de la population de l’Afrique noire depuis 1960 génère des conflits pour l’accès aux ressources vitales, terre et eau. Celui de laconstruction d’Etats dont les frontières tracées par les puissances coloniale ne coïcident pas avec des  configurations ethniques au demeurant mouvantes. Depuis les indépendances, la plupart des conflits armés ont été des guerres civiles ne remettant pas en cause le dogme de l’intangibilité des frontières de 1963. Toutefois, l’accession à la souveraineté du Sud-Soudan en juillet 2011 ouvre une brèche, aux conséquences imprévisibles, dans l’ordre territorial hérité. Les guerres expriment dans la violence la rivalité entre groupes rivaux, civils ou militaires, pour l’accession au pouvoir et aux avantages économiques auxquels il donne accès. Les fragilités institutionnelles inhérentes à la jeunesse des Etats et les difficultés à faire émerger des identités nationales dans des contextes de pluralité ethnique créent des conditions propices aux conflits. En s’émancipant des réseaux, comme ceux de la Françafrique qui ont longtemps bridé leur indépendance les Etats africains sont entrés de plain-pied dans la mondialisation. Les pays émergents ont rejoint les pays du Nord, redessinant une géopolitique dominée par la compétition pour les ressources naturelles, pétrole et minerais, au risque, pour l’Afrique, de la malédiction des matières premières. La diversité des situations interdit les analyses univoques. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs ou ceux qui opposent autochtones et allochtones partout où le foncier est devenu un enjeu crucial sont d’une autre nature que les conflits mondialisés par les intérêts économiques des grandes puissances depuis la sécession du Katanga en 1960 jusqu’à la guerre de Libye en 2011.
Roland Pourtier, Professeur de Géographie émérite, Paris I Panthéon Sorbonne



Itinéraire 3 - Le continent de l'entre deux milliards

Itinéraire 3 - Le continent de l'entre deux milliards

Un milliard aujourd’hui, deux milliards en 2050, l’ampleur du défi démographique qui attend les Africains et leurs partenaires tient dans cette fourchette. Bien amorcée par la conjonction d’une forte baisse de la mortalité et du maintien d’un fort désir d’enfants, la transition démographique lance le continent sur une croissance supérieure à 2 % par an, proche pour certains Etats de 3 % ! Le caractère inédit de cette transition démographique est son extrême brutalité, qui impose à certains Etats des doublements de population tous les 20 ans ! Avec un âge médian proche de 20 ans, la principale caractéristique de cette population est sa jeunesse. Formidable jeunesse d’un continent qui lui insuffle sa vitalité quotidienne, son appétit de vivre, ses rêves, ses attentes, ses frustrations, ses impatiences en terme de consommation, d’éducation de participation. Formidable réservoir de main d’oeuvre en attente d’un emploi, dans le secteur informel aujourd’hui, dans les entreprises industrielles demain ? En quoi la transition sanitaire, le passage d’un complexe pathogène dominé par les parasites et les infections à un tableau clinique plutôt dessiné par les symptômes des maladies de la dégénérescence (cancers et maladies cardio-vasculaires) et de la mal-consommation (diabète) - elle aussi bien amorcée, et ce même au-delà des effets de la pandémie VIH-sida - fait-elle système avec ces dynamiques démographiques et géographiques ? Car, évidemment, ce qui intéresse le géographe, ce sont autant ces dynamiques que leurs conséquences spatiales voire territoriales. En effet, la croissance de la population, en remplissant les terroirs, amène à des adaptations, des diversifications, des réaménagements productifs mais aussi à de formidables redistributions de peuplement. Car, quoique sur la longue durée, la carte des densités africaines montre une remarquable résilience, le continent est travaillé par des migrations très importantes. Les migrations africaines concernent d’abord les Etats du continent et posent aux politiques publiques de formidables défis d’aménagement du territoire et redéfinissent les liens sociaux.
Bernard Calas, Bordeaux III



Itinéraire 4 - L'émergence de l'Afrique : un défi pour le continent ?

Itinéraire 4 - L'émergence de l'Afrique

Et si «le temps de l’Afrique», celui du décollage économique, était effectivement arrivé ? Après avoir été stigmatisée durant de nombreuses années sous les seuls aspects de l’afro-pessimisme (sida, guerres ethniques et civiles, famines, pauvreté, avancée du désert, sous-développement, etc.), les observateurs internationaux rivalisent désormais d’imagination pour faire état de la nouvelle dynamique très favorable dans laquelle l’Afrique subsaharienne semble emportée, constat qui trouve son pendant politique en Afrique du Nord au travers du «Printemps arabe». Mais ce changement de regard est trop unanime et soudain pour ne pas paraître à son tour un peu suspect. Au florilège des idées reçues de naguère, d’autres idées reçues ne se substitueraientelles pas ? Si la forte croissance du PIB (5 % en moyenne en 2010, soit plus du double de celle observée durant les années 1990) constitue un paramètre indiscutable, on sait cependant qu’elle ne se transforme pas facilement en développement et qu’il faudra encore plusieurs décennies au rythme actuel pour que soit éradiquée la pauvreté. Ce changement de perception doit beaucoup à l’activisme manifesté depuis quelques années par les grands pays émergents (Chine, Brésil, Inde, etc.) et des rivalités nouvelles qui naissent entre puissances extérieures du Nord et du Sud, d’une part à l’égard des prometteurs marchés de consommation africains qui constituent autant de relais de croissance, d’autre part des matières premières (énergétiques, agricoles et minérales) dont le sous-continent regorge et qui constituent un enjeu majeur dans le cadre de la mondialisation contemporaine. Ce décollage économique est enfin surtout un redoutable défi pour le continent africain, car il reste fragile et très dépendant de la conjoncture internationale. D’autre part, rien ne dit que les progrès enregistrés seront suffisants pour faire diminuer le sous-emploi chronique des populations et reculer la pauvreté. Par ailleurs, l’Afrique saura-t-elle se rendre plus attractive aux yeux des investisseurs, notamment dans les domaines d’activité qui lui font encore si largement défaut (industrie, nouvelles technologies, services sophistiqués) ?
François Bost, Maître de conférence, Paris X Nanterre



Itinéraire 5 - L'Afrique, un singulier pluriel !

Itinéraire 5 - L'Afrique, un singulier pluriel !

Quel est l’avenir de ce continent, faut-il cultiver des positions afro-pessimistes ou afro-optimistes ? Il est nécessaire de prendre suffisamment de recul pour s’installer dans une posture prospective tout en s’accordant sur son passé afin d’ouvrir ses sens géographiques pour imaginer son avenir. Ce continent a été sous la domination de puissances coloniales pendant des siècles jusqu’aux indépendances et parfois néocoloniales depuis. Son réveil de fait est récent et d’une certaine manière son futur lui appartient. Cette perspective est d’actualité et il sera au chevet de notre vieux continent européen pour lui éviter de sombrer à son tour. L’Afrique est un singulier pluriel ! Singulier car ce continent a subi des drames sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Dépouillé de ses richesses dont ses hommes et ses femmes, sa place dans les échanges commerciaux n’a jamais été équitable ! D’autres richesses lui ont été et lui sont encore prélevées dont ses matières premières. Guerres, razzias, famine, pauvreté extrême, stress hydrique sont le lot quotidien de ce continent, et il n’en finirait pas de sombrer au plus profond des abîmes. Pour quelles raisons est-il encore présent dans notre monde, pourquoi est-il malgré tout acteur de la scène mondialisée ? Face aux fardeaux de l’héritage historique, il a fallu résister. Et ici le pluriel s’impose ! Les sociétés africaines ont cultivé par obligation des stratégies dont l’objectif principal a été d’annuler ou de diminuer les conséquences des désastres subis. Connaître ces résistances oblige à demander à nos sens géographiques de changer d’échelle afin de percevoir sa diversité. Les innovations qui se construisent ont pour origine les particularités de ce continent : un autre singulier. Parmi la diversité des capacités de résistance et d’innovation, nous aborderons les mobilités géographiques à l’origine des transferts matériels et immatériels. Les Africains sont connectés avec notre monde, notre avenir dépend aussi des échanges qui se construisent dans bon nombres de domaines touchant nos sens.
Patrick Gonin, Univ de Poitiers, MIGRINTER



Itinéraire 6 - La Réunion, Mayotte et les Terres Australes et Antarctiques

Itinéraire 6 - La Réunion, Mayotte et les Terres Australes et Antarctiques

Les liens avec l’Afrique plurielle sont évidents, que ce soit pour les deux départements insulaires ou plus encore pour les îles Eparses, partie prenante des TAAF, qui festonnent la grande île de Madagascar. L’histoire, le peuplement, une partie de la culture sont communs ou offrent des parallèles saisissants. La Réunion, Mayotte et les Terres Australes et Antarctiques fascinent. Elles sont à la fois proches et lointaines. Un simple timbre à 58 centimes d’euro permet à un courrier de cheminer de France métropolitaine à Saint-Denis de la Réunion ou à Logoni sur l’île de Mayotte. Point de gros décalage horaire, les îles sont à 12 heures d’avion, plein sud, au milieu de l’océan Indien, accessibles, accueillantes et tellement différentes. Les TAAF, elles, fascinent et pas uniquement le philatéliste qui guette avec avidité la livraison annuelle des émissions des Kergelen ou de Crozet. Le dépaysement est radical. Le vent, le froid, l’isolement, la solitude sont convoqués. Les noms évoquent de lointaines découvertes, des paysages immaculés, des conditions extrêmes que l’on atteint avec la Terre Adélie. Les enjeux sont à la fois scientifiques, géostratégiques et diplomatiques. Au début du 21e siècle, le statut de ces territoires peut paraître incongru à l’aune de la géopolitique mondiale et des indépendances. Anciennes terres de relégation, elles continuent à attirer et à étonner. Régulièrement ces territoires s’invitent dans l’actualité française comme pour se rappeler à un bon souvenir. C’est le classement des payasages réunionais à l’UNESCO, la création d’un 101e département à Mayotte, l’arraisonnage d’un navire-usine asiatique pêchant illégalement dans les eaux territoriales ou les nouvelles avancées sur le statut du continent Antarctique. Pour quelques heures ou quelques semaines, les projecteurs sont tournés vers ces îles et puis le temps passe, les nouvelles défilent, l’intérêt faiblit. Le FIG est heureux de fêter et accueillir ces îles françaises de l’océan Indien. C’est l’occasion pour nous de mieux connaître ces territoires, et, pour eux, de se faire connaître. Nous demanderons donc aux géographes de les présenter, de les décrypter et d’expliciter les enjeux naturels, sociaux et géopolitiques de ces espaces insulaires originaux.

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