On avait parlé de la journée d'études A quoi sert la géographie ? organisée par Yann Calbérac et Aurélie Delage (tous deux doctorants en géographie) pour la revue Tracés à l'ENS-Lyon le 4 février 2010. Les actes de cette journée d'études seront publiés dans un hors-série de Tracés à l'automne 2010. Parmi les actes, on notera notamment la participation de Paul-David Régnier, spécialiste de géographie militaire, agrégé de géographie et lieutenant-colonel qui fut longtemps à la tête d'un service de géographie dans les Armées. Son témoignage et sa réflexion montrent bien les liens entre le militaire et le géographe.
En attendant cette publication, voici la vidéo (publiée sur le site de La Vie des idées) de la conférence de clôture de cette journée d'études par le géographe Michel Lussault, dans lequel il se propose de questionner ce que la géographie fait au(x) monde(s), en partant du postulat que la dimension spatiale est tellement évidente (dans le sens où elle s'impose aux réalités) que l'on en oublie sa complexité. A travers les crises, la dimension spatiale des sociétés apparaît avec violence (épidémie du SRAS, 11 septembre 2001). Mais, dans le quotidien "ordinaire", beaucoup prônent que cette dimension spatiale des sociétés ne pose pas de problème. Et cette conception tronquée vient de deux types de réduction : la réduction de l'espace à l'étendue (et par là la réduction de la géographie à la question de la localisation) et la réduction de l'espace à sa matérialité. Les géographes ne savent pas seulement localiser et décrire. L'espace n'est pas seulement une projection des phénomènes sociaux. Cette conférence montre avec force d'arguments, contre l'idée d'un espace comme seule réalité matérielle, la complexité des réalités spatiales (pas seulement en temps de crise, et pas seulement sur de "grands" objets géographiques).
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