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vendredi 24 février 2012

Deux événements sur le viol comme arme de guerre

Deux événements se tiennent parallèlement sur la question du viol comme arme et tactique de guerre. Le premier est une exposition qui se tient à la Sorbonne (Paris) et le second une conférence à Sarajevo. Ces deux événements ne sont pas sans rappeler l'importance des violences sexuelles, non seulement comme traumatismes personnels, mais aussi comme enjeu dans l'immédiat après-guerre. L'habiter et les pratiques spatiales des victimes sont profondément affectés par ces actes : par-delà le temps des violences, le viol s'inscrit durablement dans les territoires du quotidien. Dans cette perspective, le viol systématisé participe de la "modification coercitive du peuplement".

La Chair de la guerre, une histoire de femmes (Yvelyne Wood)

Le viol de masse, une arme de guerre



Conférence organisée par la Fédération Mères pour la Paix à Sarajevo le 10 mars 2012.
Toutes les informations sur le site du Courrier des Balkans.


"Sarajevo 1992/1995 est un cas de « ville multiculturelle », où les voisins vont être, par la géographie de la terreur produite par l’ensemble des acteurs en armes (viols systématisés, exactions, bombardements…), forcés de choisir une identité « ethnique ». S’ils se reconnaissaient tous comme Sarajéviens, les habitants de cette ville multiculturelle vont être contraints de vivre un entre-soi forcé. L’enjeu, pour les belligérants, dans la ville multiculturelle est alors la disparition du vivre-ensemble, et de fragmenter les espaces de vie selon un schéma : « mon » territoire vs le territoire de « l’Autre »" (Extraits de "La ville : un "espace symbole", enjeu de la pacification des territoires", Armées d'aujourd'hui, n°367, p. 24).


Présentation par les organisateurs :
L’objectif de cette conférence est d’examiner les conséquences de ce type spécifique de violence. Que faut-il faire pour qu’il ne devienne pas systématique, quelles sont les leçons à tirer de l’exemple bosnique et comment peut-on rapprocher la situation bosniaque de la situation d’autres pays ayant connu les mêmes drames ? Quelles réparations peuvent-elles être apportées ?

20 ans après, comment ce phénomène peut-il perdurer dans le monde, notamment en RDC ? Quelle espérance peut apporter une justice internationale, certes imparfaite, mais qui a le mérite d’exister. Quels sont les outils et les textes internationaux qui peuvent venir en aide aux victimes et qui peuvent prévenir ce type de violence ?

La guerre en Bosnie-Herzégovine s’est traduite par plusieurs années de violence, crimes de guerre, massacres, création de camps de concentration, déplacements forcés de population, selon le principe de purification ethnique. On évalue à 100.000 le nombre de morts de cette guerre sur une population de 4 millions d’habitants. La moitié de la population est déplacée ou exilée. Mais aux massacres des populations bosniaques s’ajoutèrent les viols de masse, employés comme arme d’épuration ethnique. On estime entre 20.000 et 50.000 le nombre de femmes qui furent ainsi outragées, dont 90 % de Bosniaques.

Vingt ans ans après, plusieurs dizaines de milliers de victimes de viols commis pendant le conflit attendent toujours qu’on leur rende justice. À l’image de leur pays, rongé par les divisions ethniques, la corruption et la désorganisation, les femmes bosniaques ne parviennent pas à se reconstruire.

Les conséquences de ce type de violence sont nombreuses et désastreuses sur toute une population. De plus, 20 ans après, les faits, s’ils sont reconnus, n’ont pas entrainé pour les victimes de véritable réparation. Aux stigmates du drame, problèmes physiques, psychologiques, de pauvreté, et bien souvent de rejet de leurs proches, s’ajoutent l’indifférence et l’oubli. La Bosnie n’est pas revenue sur les pas de ce drame épouvantable.



La Chair de la guerre, une histoire de femmes


Exposition d'installations d'Yvelyne Wood (plasticienne, sculpteur et scénographe) à l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris, galerie Saint-Jacques) jusqu'au 14 avril 2012, sous le haut patronage du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR).
Toutes les informations dans le dossier presse de l'exposition.


Voir les commentaires d'André Balbo sur le site Evous.fr.
" (...) Elle s’ancre dans l’histoire intime des femmes en temps de guerre. En effet, qu’elles en soient actrices ou victimes, les femmes vivent la guerre de l’intérieur, de gré ou de force (...) ".




Présentation par les organisateurs :
« La plupart des réfugiés dans le monde sont des femmes et des enfants. C’est la première fois que ces témoignages de femmes, recueillis par le HCR dans divers pays, sont dévoilés au public et intégrés comme un ensemble dans une œuvre artistique »
William Spindler, Porte-parole, HCR

Cette exposition se tiendra sous le patronage du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés (HCR) qui, dans le cadre de sa démarche d’ouverture au grand public, souhaite mettre l’accent sur une approche plus humaine et empathique de son action, trop souvent perçue sous l’angle juridique. Les œuvres d’Yvelyne Wood constituent ainsi un vecteur de communication universel pour le HCR.

La Chair de la guerre, une histoire de femmes, s’ancre dans l’histoire intime des femmes en temps de guerre. En effet, qu’elles en soient actrices ou victimes, les femmes vivent la guerre de l’intérieur, de gré ou de force. La chair, c’est donc celle des femmes, exposées à la barbarie humaine. Cela passe tout d’abord par la destruction du foyer, de la maison et de la famille, puis par l’exil forcé et le viol, utilisé par- tout à travers le monde, comme une véritable arme de guerre.

Yvelyne Wood, plasticienne, sculpteur et scénographe, consacre son oeuvre à la mémoire uni- verselle des XXème et XXIème siècles. Se nourrissant des rencontres avec les détenteurs de cette mémoire, survivants et témoins directs, elle se définit comme une artiste engagée.

« Les guerres contemporaines et la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, transmise en héri- tage, forment le magma de mon univers. La perte et la blessure sont à l’origine de l’oeuvre. »
Yvelyne Wood

Comme le souligne Jean-Paul Deroche, historien d’art, le travail d’Yvelyne Wood opère une ef- fraction dans notre quotidien. Cette effraction est à rapprocher de celle du photographe repor- ter Patrick Chauvel qui transpose des photographies de guerre dans notre paysage parisien ou métropolitain relativement paisible.

« Ce qui est loin est soudain à notre porte. La souffrance et l’horreur sont en face de nous, comme elles le sont aujourd’hui et l’ont été dans le passé »
Jean-Paul Deroche, historien de l’art."


Quelques liens :


LE VIOL COMME TACTIQUE DE GUERRE : UNE RÉALITÉ MONDIALE
Carte réalisée par le géographie Vincent Moriniaux publiée dans Angela Minzoni-Deroche, 2005, Le viol comme tactique de guerre, dossier de plaidoyer, Secours catholique Caritas France, p. 22.


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