Dans la série des billets sur les 20 ans du début du siège de Sarajevo et de la guerre en Bosnie-Herzégovine, voici une autre vidéo sur la commémoration de cet "anniversaire", proposé sur le site de France 24. Ce reportage de Noémie Roche revient sur le concert donné devant la "Ligne rouge", composée de 11.541 chaises vides qui symbolisent les 11.541 victimes mortes pendant le siège de Sarajevo, toutes communautés confondues.
Sources :
Vidéo : Noémie Roche.
Texte : dépêche AFP.
Vingtième anniversaire
du début de la guerre en Bosnie
(France 24)
La Bosnie commémore ce vendredi le vingtième anniversaire du début de la guerre intercommunautaire qui a opposé Serbes, Croates et musulmans de 1992 à 1995. Le conflit fit près de 100 000 morts et deux millions de déplacés.
Dépêche AFP :
"La Bosnie marque vendredi les 20 ans du début de la guerre interethnique de 1992-95, anniversaire qui retrouve ses trois principales communautés vivant en paix, mais aussi divisées que jadis, dans un Etat fragile et plongé dans la pauvreté.
Il y a 20 ans, les 5 et 6 avril 1992, les derniers espoirs de dizaines de milliers de Bosniens descendus dans les rues de Sarajevo pour réclamer la paix étaient brisés, des snipers serbes tirant sur la foule et faisant les premières victimes. Le même jour, la Communauté européenne reconnaissait l'indépendence de cette ex-république yougoslave.
"Les blessures de la guerre sont profondément ancrées dans les relations entre les trois communautés", musulmane, serbe et croate qui se sont fait la guerre, fait valoir Raif Dizdarevic, un des derniers présidents de la fédération yougoslave, avant son éclatement sanglant dans les années 1990.
"La Bosnie est prisonnière des forces nationalistes, les divisions s'approfondisent et le pays ne fait que reculer", déplore M. Dizdarevic.
Alors que les Serbes et les Croates n'ont pas indiqué s'ils entendaient marquer cet anniversaire, vendredi, à Sarajevo, un concert aura lieu sur la principale avenue du centre-ville, devant des milliers de chaises vides, à la mémoire de plus de 10.000 citoyens tués par les forces serbes durant le siège de la capitale qui a duré tout au long du conflit.
Plus de cent reporters et photographes de guerre ayant couvert le conflit se retrouveront aussi à Sarajevo.
Les prémices d'une guerre en Bosnie remontent au 1er mars 1992, les Musulmans et les Croates - majoritaires - disant oui à l'indépendance lors d'un référendum boycotté par les Serbes.
"Je pense que cette tentative d'imposer aux Serbes cette décision a été une erreur", affirme l'analyste bosnien, Esad Hecimovic, soulignant que les Serbes bénéficiaient déjà de l'appui militaire du régime au pouvoir à Belgrade.
M. Hecimovic note aussi que le leader musulman de l'époque, Alija Izetbegovic, qui allait devenir le premier président de la Bosnie indépendante, a "trop misé" sur un soutien de communauté internationale pour empêcher une guerre dont la férocité "était prévisible".
La guerre a fait environ 100.000 morts et plus de 2,2 millions de réfugiés, soit la moitié de la population.
La fin du conflit sera marquée par la tuerie de Srebrenica (est), où environ 8.000 Musulmans ont été tués en juillet 1995 par les forces serbes, massacre qualifié de génocide par la justice internationale.
Quatre mois après, arraché sous pression internationale, l'accord de paix de Dayton (Etats-Unis) a mis un terme au conflit, mais a consacré la division de la Bosnie en deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane, chacune avec un haut degré d'autonomie et unies par de faibles institutions centrales.
"Le dialogue entre les entités n'existe pas, elles sont divisées par un mur", constate M. Dizdarevic rappelant les crises politiques incessantes qui plombent l'avenir du pays malgré les ambitions affichées d'une adhésion à l'Union européenne.
De fait, la Bosnie est l'un des pays les plus pauvres d'Europe où le chômage frappe plus de 40% de ses 3,8 millions d'habitants, dont un sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté, selon l'ONU.
Aujourd'hui, les principaux protagonistes de la guerre sont soit détenus ou jugés pour crimes de guerre par la justice internationale, soit décédés.
Les leaders politique et militaire des Serbes de Bosnie pendant le conflit, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, inculpés de génocide, ont été arrêtés après des années de cavale et traduits devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie."
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