Suite au billet "Afghanistan, du lieu symbolique à la symbolique des lieux (1) : Les lieux du pouvoir, les espaces de la contestation et la mise en scène de l'espace public (Introduction)", voici quelques pistes de réflexion sur la destruction, l'appropriation et la symbolique de lieux de pouvoir en Afghanistan. Deux types de lieux du pouvoir sont présents en Afghanistan : les lieux du pouvoir des autorités afghanes (tels que le Palais de Darulaman) et les lieux-symboles de la présence de la coalition armée internationale. S'il ne s'agit pas de tout dire sur la symbolique des lieux de pouvoir, voici quelques éclairages sur l'importance de l'approche spatiale pour la pacification des territoires et sur les apports de la multiscalarité dans la pensée stratégique.
Les lieux du pouvoir :
destruction et appropriation
Les lieux du pouvoir et la symbolique des lieux : quelques éléments d'une réflexion géographique
Aux lendemains de la guerre d'occupation menée par l'URSS de 1979 à 1989, les lieux du pouvoir afghan sont vacants : la dispute pour le pouvoir perpétue la guerre et la transforme en guerre civile. "Il n'y a pas de lieu du pouvoir en Afghanistan, parce qu'il est maintenu vide" (Olivier Roy, "Afghanistan : les raisons d'un interminable conflit", Cultures & Conflits, n°1, hiver 1990). Dès lors, l'appropriation pour ces hauts-lieux du pouvoir devient l'un des enjeux du conflit : s'imposer dans ces lieux devient un moyen symbolique pour s'imposer sur l'ensemble du territoire. Néanmoins, tous les lieux de pouvoir ne vont pas avoir la même symbolique pour les différents acteurs politiques. Certains lieux vont ainsi être assimilés à l'ancien pouvoir ou à l'occupation soviétique, et vont être détruits intentionnellement pour cette symbolique. Cette destruction est orchestrée et mise en scène dans l'espace public pour devenir le symbole de la destruction du pouvoir précédent (voir sur ce blog les billets sur l'urbicide et notamment "Le paysage-spectacle dans la guerre : L'urbicide, une mise en scène de la haine dans la ville (2)" du 23 décembre 2011 ; et "La notion d'urbicide : exemples en ex-Yougoslavie" du 22 octobre 2008). Ce n'est pas la fonction qui fait la symbolique du lieu de pouvoir, mais les valeurs qui sont accordées à cette fonction et qui sont perçues dans ce lieu.
Les lieux de pouvoir, lorsqu'ils sont chargés de valeurs fortes, reconnues par un groupe d'individus, deviennent dès lors des hauts-lieux qui structurent des espaces géosymboliques. Le géographe Joël Bonnemaison définissait le géosymbole comme "un lieu, un itinéraire, une étendue qui pour des raisons religieuses, politiques ou culturelles prend, aux yeux de certains groupes, une dimension symbolique qui les conforte dans leur identité" (Joël Bonnemaison, 1981, "Voyage autour du territoire", L'espace géographique, n°1981/4, vol. 4, pp. 249-262). "Haut-lieu" renvoie à ce qui fait lieu : le géosymbole est donc plus englobant. Si l'on élargit la définition proposée par Joël Bonnemaison, on peut ainsi définir des espaces géosymboliques, c'est-à-dire non plus seulement des lieux chargés de valeurs et de symboliques dans lesquelles s'identifie un groupe sur des critères culturels, politiques, sociaux... (ce qui fait du haut-lieu un type de géosymbole particulier), mais des espaces qui, par des dispositifs spatiaux (ce qui renvoie aux travaux de Jacques Lévy et de Michel Lussault), sont fortement chargés : ces espaces sont alors structurés par un ou plus haut(s)-lieu(x), mais aussi par des marqueurs spatiaux (comme l'a montré le géographe Vincent Veschambre en faisant le lien entre marquage spatial, appropriation et violence symbolique : voir notamment Vincent Veschambre, 2004, "Appropriation et marquage symbolique de l'espace : quelques éléments de réflexion", Travaux et Documents de l'ESO, n°21, mars 2004, pp. 73-77) qui, ensemble, fabriquent un espace géosymbolique. Ce dernier est donc un espace d'appropriation et d'appartenance structuré par un dispositif spatial symbolique qui tend à territorialiser l'identité revendiquée, perçue et/ou vécue par l'endogroupe. Dans cette perspective, il est nécessaire de distinguer les lieux du pouvoir des hauts-lieux politiques, pour comprendre la violence symbolique dans la géographie de la contestation. "La construction identitaire, surtout d'essence politique, investit l'espace géographique d'un sens collectif très puissant qui lui confère une grande intensité sociale. Elle en fait une collection de lieux (symboliques, patrimoniaux, de mémoire, vécus), agencés en réseaux, qui génèrent des territoires. Une telle construction concrétise souvent des rapports de force. Elle entre dans des processus de domination et d'hégémonie" (Guy Di Méo, 2007, "Identités et territoires : des rapports accentués en milieu urbain ?", Métropoles, n°1, paragraphe 43).
L'exemple du Palais de Darulaman
Kasr Darulaman, l'ancien palais royal devenu Musée de Kaboul, est devenu l'un des hauts-lieux de la violence dans toutes ses dimensions : la destruction mais aussi l'actuelle non-reconstruction et le paysage de ruines sont des symboles de l'urbicide comme "haine monumentale" (pour reprendre le titre de l'ouvrage de François Chaslin, 1997, Une haine monumentale, Editions Descartes & Cie, Paris, 120 p.) et comme "violence symbolique" (pour reprendre les travaux de Pierre Bourdieu). Les fonctions de ce lieu l'ont amené à devenir un haut-lieu de la guerre telle qu'elle s'est inscrite dans les territoires du quotidien.
"Abdurrahman's son Habibullah I (1901-1919) was very interested in modernisation. He introduced a postal service, photography, electricity, cars and the telephone (Tanin 2006: 23). On visiting Europe, his son Amanullah Khan (1919-1929) was impressed by the progress and modern technologies of European cities like Berlin, Paris and London. He developed the idea of a capital that should be dignified for a king. He was offended by the dirt, dust and maze of streets and bazaars in Kabul and dreamed of building his new capital like modern European cities. Six kilometres from the city centre he laid the cornerstone for Darulaman Palace, which reflected the name of its princely founder. He engaged European engineers and craftsmen to build his vision of a new capital in stone and plaster. Amanullah imagined himself ruling his nation from Darulaman Palace, which was located on a hill. In his work about the king, Wild described Amanullah's vision as "a centre for governmental institutions in big circular blocks, with central courtyards integrating the entrances to the different departments" (1932: 89-92). Clerks were supposed to live in modernity and luxury, and the surroundings ought to reflect the famous capital of a modern nation, the king believed. Lodging houses should be built, and sweeping roads and large parks were intended to symbolise generosity". (Christine Issa & Saradar M. Kohistani, 2007, "Kabul's Urban Identity: An Overview of the Socio-Political Aspects of Development", ASIEN, n°104, p. 53).
"Ruines du Palais de Darulaman, Kaboul, Afghanistan (34°30'N - 69°07'E)" Auteur : Yann Arthus-Bertand, 2007. "Très endommagé par des bombardements lors de la guerre inter-moujahiddine (1992-1996), le palais de Darulaman pourrait renouer avec sa vocation première : incarner la démocratie en abritant le Parlement. C'est en effet dans cette perspective qu'il fut construit en 1924 au sud de Kaboul dans le faubourg de Darulaman. Réformateur comparable à Kemal Atatürk en Turquie, le roi Amanullah (1919-1929) voulait y établir le centre administratif du pays nouvellement indépendant. Pour affirmer cette volonté de modernisation, il confia la réalisation du château à un groupe d'architectes français et allemands. Une série de coups d'états claniques contraria la vocation parlementaire du palais qui devint alors un musée avant d'accueillir le ministère de la Défense. Aujourd'hui, 6 ans après la chute des Talibans (1996-2001), l'Afghanistan s'est doté d'une Constitution et d'un Président élu au suffrage universel direct. La restauration du palais doit être financée par des dons privés car l'Afghanistan est le 6e pays le plus pauvre du monde." Source : site de Yann Arthus-Bertrand. |
C'est donc l'exemple d'un lieu du politique. Comprendre la symbolique des lieux ne consiste pas en l'application d'une symbolique à chaque monument/bâtiment porteur d'une même fonction de par le monde. Le contexte local est primordial pour appréhender les géosymboles. "Le patrimoine est une notion toute récente en Afghanistan. De même que les nombreuses destructions de la période révolutionnaire ont suscité l'émergence de la notion de monument en France, les grandes destructions qui ont touché les sites archéologiques, les monuments et les musées ont fait advenir l'idée de patrimoine afghan comme "grande cause nationale", même si cette idée est loin encore d'être diffusée dans une population encore largement préoccupée par sa survie au quotidien (Pierre Centlivres, 2001, Les Bouddhas d'Afghanistan, Favre, Lausanne, 172 p.)" (Vincent Veschambre, 2008, Traces et mémoires urbaines. Enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Presses Universitaires de Rennes, collection géographie sociale, Rennes, p. 99). Pour comprendre la symbolique des lieux de pouvoir, il ne suffit donc pas de constater qu'il y a lieu de pouvoir, il faut se pencher sur la portée et les valeurs des symboles qui sont attribuées à ces lieux et sur les groupes qui sont touchés par ces valeurs. Dans cette perspective, la reconstruction ne peut se concevoir comme une seule question de bâti et d'infrastructures, qui ne laisserait place qu'à un bilan chiffré des conséquences de l'économie de/en guerre sur la ville (voir, sur ce blog, le billet "La ville, la guerre et l'économie", 26 juillet 2011 : l'article lié à ce power-point est à paraître dans les actes du colloque Guerre et économie fin 2012) : la reconstruction ne peut être un outil de la pacification des territoires que si elle prend en compte la dimension spatiale de la violence symbolique (voir les billets "Des ponts entre les hommes", 13 décembre 2009 ; "Les lieux de mémoire dans la ville en guerre : un enjeu de la pacification des territoires", 31 octobre 2011).
L'exemple du sanctuaire bouddhiste de Bamiyan
Le sanctuaire bouddhiste de Bamiyan est un exemple emblématique du haut-lieu culturel devenu un haut-lieu du politique par sa destruction. En effet, c'est l'anéantissement volontaire de ce lieu de la religion qui inscrit dans le paysage le pouvoir taliban. La symbolique de ce lieu de l'identité devient politique dès lors que la destruction ancre le nouveau pouvoir dans l'espace perçu. "Cet iconoclasme taliban s'inscrit dans un programme idéologique plus large qui bannit toute forme de divertissement, au sens pascalien, qui pourrait se loger dans la beauté, l'esthétique, l'art. Dans cette logique, il ne peut y avoir de patrimoine en dehors de Dieu. (...) Le journaliste Olivier Webber a par ailleurs décrit l'acharnement méticuleux à détruire, effacer, buriner toute forme de représentation figurative dans l'espace public, que l'on peut interpréter dans le même temps comme la production de marques (ou plutôt de "contre-marques") destinées à affirmer l'omniprésence d'un pouvoir totalitaire" (Vincent Veschambre, 2008, Traces et mémoires urbaines. Enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Presses Universitaires de Rennes, collection géographie sociale, Rennes, pp. 99-100). Dans cette perspective, ce n'est pas seulement la patrimonialisation qui impose le mnumental et le symbolique aux lieux, c'est également la négation de cette patrimonialisation, voire la destruction acharnée, orchestrée et mise en scène qui produisent des lieux du politique.
Sanctuaire bouddhiste de Bamiyan, Afghanistan (34°50'N - 67°49'E) Auteur : Yann Arthus-Bertrand. "Le 10 mars 2001, les talibans, voulant éradiquer tout souvenir d'une foi autre qu'islamique, dynamitaient les deux célèbres statues de grès de Bouddha, sculptées plus de mille cinq cent ans auparavant dans la falaise dominant la ville de Bamiyan. Hautes de 38 m et de 55 m, les statues se dressaient dans des niches à l'abri de l'érosion. Cinq escaliers conduisaient les fidèles au niveau des têtes des bouddhas, dont ils pouvaient faire le tour en empruntant des galeries troglodytiques ornées de fresques. Elles menaient à des grottes aménagées en salles de prière et de cérémonie, dont les plafonds étaient réhaussés de stucs et de peintures. Au VIe siècle, un millier de moines s'étaient établis dans la ville de Bamiyan. Le bouddhisme et l'islam coexistèrent jusqu'au XIIIe siècle. Les bouddhas de Bamiyan survécurent encore plus d'un millénaire, mais ne résistèrent pas aux talibans. Inscrit simultanément en 2003 sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco et sur la Liste du patrimoine mondiale en péril, le site est dans un état de conservation fragile. Peu après leur destruction, des restes des deux sculptures ont été retrouvés sur le marché de l'art. Aujourd'hui, il s'agit de consolider les falaises, de conserver les fragments restants des statues et les peintures murales subsistant dans les grottes, tout en préservant le site du pillage et des fouilles illicites." Source : site de Yann Arthus-Bertrand. |
La symbolique des lieux dans la reconstruction
La symbolique des lieux a également des conséquences sur la manière dont les acteurs de la reconstruction - locaux ou extérieurs - perçoivent et pensent l'espace, le paysage et les destructions. Ainsi, la présence de hauts-lieux tend à influencer le regard de ces acteurs, notamment en "formatant" le rôle attribués à tel ou tel quartier, à telle ou telle ville. Ainsi, Claire Mariani, dans son rapport Is the building of a city the adequate answer to Bamiyan's low development (rapport pour le groupe URD, 2006, 49 p.), s'est interrogée sur la pertinence des choix politiques locaux de développement urbain pour Bamiyan. "Les autorités gouvernementales et locales souhaitent un développement centré sur une notion de ville touristique, objectif auquel elles tentent de faire adhérer des investisseurs potentiels, bailleurs internationaux de l'aide comme acteurs privés. Or, cette entité territoriale que représente Bamiyan doit faire face à différents problèmes d'autres natures. géographiquement, la partie bâtie, implantée linéairement le long d'une grande vallée fertile, est en réalité spatialement très fragmentée. Les conditions de vie y sont, par tradition, majoritairement issues d'activités rurales avec des populations pauvres. Le territoire administrativement relié à Bamiyan est vaste et distendu, très diversifié : pour partie montagneux, aride ; pour partie en fond d'une vallée principale ou de hauts vallons isolés chaque hiver par la neige" (Béatrice Boyer, 2010, Villes afghanes, Défis urbains. Les enjeux d'une reconstruction post-conflit, Karthala/Groupe URD, collection Pratiques humanitaires, Paris, p. 357).
On peut confronter à l'approche urbanistique et humanitaire proposée par Béatrice Boyer et Claire Mariani une autre question sur le bien-fondé de ce développement urbain : si le tourisme est souvent pensé comme un facteur de relance économique dans l'après-guerre, est-il pour autant une "recette-miracle" que l'on pourrait appliquer partout, dans tout contexte, en faisant fi des particularismes locaux. On a indiqué la réflexion du géographe Vincent Veschambre qui montre que la conscience patrimoniale est récente en Afghanistan. Dès lors, reposer le développement et la reconstruction de Bamiyan sur le tourisme pose la question : pour quels touristes ? "Un patrimoine historique bouddhiste, remarquable et mondialement reconnu, domine le site, mais sa richesse et son état sont encore peut inventoriés. Il n'était pas protégé jusqu'au classement récent en patrimoine mondial de l'Unesco en 2005. Des statues remarquables de bouddhas y ont été détruites par les Talibans en 2001. Ce cadre exceptionnel, en fait un lieu à fort potentiel de développement touristique. Mais, d'une manière plus pragmatique, Bamiyan se présente comme un ensemble épars et hétérogène composé de villages géographiquement dispersés le long de cette haute vallée, avec , pour tout centre névralgique, une seule rue commerçante, occupée par un bazar saturé d'activités, étalé au pied de la falaise" (Béatrice Boyer, 2010, Villes afghanes, Défis urbains. Les enjeux d'une reconstruction post-conflit, Karthala/Groupe URD, collection Pratiques humanitaires, Paris, p. 357). La question posée par Béatrice Boyer comme par Claire Mariani est celle de l'identité de Bamiyan : comment penser un développement urbain fondé sur le tourisme, alors même que l'identité urbaine de Bamiyan est à construire : dans son paragraphe sur "l'idée controversée d'un développement urbain pour une ville qui n'en est pas une", Béatrice Boyer précise ainsi que "le manque de pertinence de l'analyse des besoins de la région effectuée par les différents acteurs de Bamiyan n'est pas anodin. Il est l'illustration du mode de fonctionnement de l'aide internationale, mais aussi de la faiblesse du pouvoir en Afghanistan" (op. cit., pp. 361-362). On ajoutera qu'il est l'illustration de la nécessité de penser géographiquement la reconstruction, en tenant compte de l'emboîtement des échelles et des spécificités locales, sans "plaquer" une symbolique systématique aux lieux et aux espaces.
Par-delà le cas des guerres et du processus de reconstruction, il est nécessaire de comprendre le regard des acteurs de l'urbanisme et leurs "filtres de représentation" (pour reprendre l'expression du géographe Jean-Pierre Paulet : voir le schéma "Le système de filtres" présenté dans le billet "Villes en guerre et fragmentations", 12 octobre 2009). Ainsi, le géographe Eric Verdeil, dans son ouvrage Beyrouth et ses urbanistes. Une ville en plans (1946-1975) (Presses de l'Institut français du Proche-Orient, Beyrouth, 2010, 397 p. : voir un compte-rendu de lecture et le blog Rumor d'Eric Verdeil ; à noter également que l'ouvrage sera prochainement disponible en accès libre sur le site des Collections électroniques de l'Ifpo) montre que "comme le dit Roncayolo, l'urbanisme est affaire d'imaginaire. Les plans en particulier sont des vecteurs d'utopie, au sens d'un système de relations sociales inscrites dans l'espace et activées par l'espace" (op. cit., p. 24). Les projets d'aménagement et de (re)construction sont profondément affectés par cet imaginaire spatial, et par la symbolique accordée aux lieux. Ainsi, Vincent Veschambre démontre que la destruction du sanctuaire de Bamiyan "n'était pas seulement à usage interne, mais s'adressait bien entendu au monde entier. Alors que le régime taliban était mis au ban de la société, soumis à embargo depuis le début de l'année 2001, il a saisi l'occasion de montrer qu'il irait jusqu'au bout de ses principes et que la communauté internationale ne pourrait pas le faire plier. Cette destruction a d'ailleurs été savamment médiatisée : la chaîne Al Jazira a diffusé la séquence filmée de la destruction quelques jours plus tard et les journalistes ont été invités à venir la constater sur place. Une telle médiatisation témoigne de la volonté d'affirmer une souveraineté par ailleurs niée par la communauté internationale" (Vincent Veschambre, 2008, Traces et mémoires urbaines. Enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Presses Universitaires de Rennes, collection géographie sociale, Rennes, p. 100).
=> La symbolique des lieux ne peut donc être pensée qu'à la seule échelle locale, voire micro-locale, ou au contraire extrême en pensant que la fonction du lieu produit systématiquement une même symbolique et une même appropriation de cette symbolique par les acteurs comme par les usagers de par le monde, dans la mesure où elle implique de penser l'emboîtement des échelles et des filtres de représentation.
Les billets de la série "Afghanistan, du lieu symbolique à la symbolique des lieux" :
- Introduction : Les lieux du pouvoir, les espaces de la contestation et la mise en scène de l'espace public
- Les lieux de pouvoir : destruction et appropriation
- Les lieux de la présence étrangère
- Les lieux de la contestation : émeutes et attentats
- Conclusion : L'approche spatiale de la contestation
Quelques articles sur la question des lieux, des hauts-lieux et des géosymboles
- Bernard Debarbieux, 1992, "Le lieu, le territoire et trois figures de rhétorique", L'Espace géographique, n°2/1992, pp. 97-112.
- Pierre Gentelle, 1995, "Haut lieu", L'espace géographique, n°2/1995.
- Michel Lussault, 1997, "Des récits et des lieux : le registre identitaire dans l'action urbaine", Les Annales de géographie, n°597, pp. 522-530.
- Vincent Berdoulay et Nicholas J. Entrikin, "Lieu et sujet. Perspectives théoriques", L'Espace géographique, n°6/1998, pp. 111-121.
- Mario Bédard, 2002, "Une typologie du haut-lieu, ou la quadrature d'un géosymbole", Cahiers de Géographie du Québec, vol. 46, n°127, pp. 49-74.
- Bernard Debarbieux, 2003, "Haut lieu", dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, Paris, pp. 448-449.
- Augustin Berque, 2003, "Lieu", dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, Paris, pp. 555-556.
- Nicholas J. Entrikin,2003, "Lieu", dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, Paris, pp. 557-560.
- Jacques Lévy, 2003, "Lieu", dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, Paris, pp. 560-561.
- Michel Lussault, 2003, "Lieu", dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), 2003, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, Paris, pp. 561-562.
- Pascal Clerc, 2004, "Haut lieu", Hypergéo.
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