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mercredi 8 décembre 2010

Soutenance de thèse : "La ruse et la force dans le discours de la guerre" (Jean-Vincent Holeindre)

Jean-Vincent Holeindre soutiendra sa thèse doctorat de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, intitulée Le renard et le lion. La ruse et la force dans le discours de la guerre, le lundi 13 décembre à 14h00 à la Maison des sciences de l'homme (54, bd. Raspail Paris 6ème arrondissement), en salle 214 (2e étage).


Résumé par l'auteur :
Cette thèse étudie la dialectique de la ruse et de la force dans le discours de la guerre en se fondant sur une démarche généalogique. L’enquête remonte aux origines grecques, romaines, hébraïques et chrétiennes de la pensée stratégique, puis examine la manière dont le savoir militaire de la ruse a pénétré la science politique (Machiavel), le droit de la guerre (Grotius) et la stratégie (Clausewitz) à l’époque moderne. Se déploie une histoire longue de la pensée stratégique qui inclut de manière systématique l’apport de la ruse. Cette généalogie nous conduit à réfuter la thèse d’un « modèle occidental de la guerre » (V. D. Hanson) exclusivement fondé sur la force et qui s’opposerait à la ruse « orientale ». En réalité, la dénonciation de la ruse ennemie est un élément du discours de la « guerre juste » hérité des Romains, qui agit comme un puissant instrument de légitimation de la force. Considérer l’ennemi comme un combattant rusé et « perfide », c’est faire apparaître par contraste sa propre armée comme le symbole de la force légitime. Sur le plan politico-militaire, la ruse et la force constituent des données essentielles et inséparables d’une grammaire stratégique commune à l’ensemble des cultures. Elles sont complémentaires au plan tactique, stratégique et politique, la ruse étant à la fois un procédé qui multiplie les effets de la force et une forme majeure de l’intelligence stratégique. La thèse ouvre sur une étude des formes contemporaines de la guerre (interétatique, irrégulière, interne) : sur la scène guerrière, la ruse constitue, aux côtés de la force, une ressource pour attaquer et se défendre, employée aussi bien par les « forts » que par les « faibles ».




dimanche 5 décembre 2010

Soutenance de thèse : "Terrains de géographes, géographes de terrain" (Yann Calbérac)

Yann Calbérac (voir son site) soutiendra sa thèse de géographie, intitulée Terrains de géographes, géographes de terrain. Communauté et imaginaire disciplinaires au miroir des pratiques de terrain des géographes français du XXe siècle, le lundi 13 décembre 2010, à partir de 9h00, à l'Institut des Sciences de l'Homme (ISH) de Lyon, salle Marc Bloch (4° étage).




Résumé par l'auteur :
Cette thèse interroge les représentations que les géographes français du XXe siècle se font de leurs activités de recherche en explorant les multiples significations que recouvre pour eux le terrain, et notamment la place qu’il occupe dans les dispositifs heuristiques et dans l’imaginaire disciplinaire. Cette recherche entend appliquer à l’histoire de la géographie les approches et les méthodes de la sociologie des sciences. Tout au long de la période, le terrain constitue un ordre du discours dominant qui structure durablement les représentations et les pratiques : face aux lectures inspirées par la théorie des révolutions scientifiques, cette thèse met au contraire en lumière la stabilité des discours. La « crise de la géographie » qui désigne la période de doutes que traverse la discipline durant les années 1960 et 1970 apparaît alors davantage comme une mutation des discours et non comme un changement radical des pratiques. Ce changement de focale sur l’histoire de la discipline oblige donc à repenser les cadres avec lesquels l’écrire : le terrain – envisagé comme un « objet scientifique total » – constitue alors une entrée pertinente pour appréhender la géographie dans son ensemble, c’est-à-dire à la fois ses contenus, ses méthodes, ses finalités et ses acteurs.


Soutenance de thèse : "Les espaces hydropolitiques de l'Afrique australe" (Agathe Maupin)

Agathe Maupin soutiendra sa thèse de géographie, intitulée Les espaces hydropolitiques de l'Afrique australe. Le risque hydropolitique dans les politiques de gestion de l'eau des bassins transfrontaliers, le vendredi 10 décembre 2010 à partir de 13h45, dans l'amphithéâtre de La Maison des Suds sur le campus de l'Université Bordeaux 3 (Pessac).


Ses travaux sur l'hydropolitique en Afrique australe se fondent sur des recherches empiriques menées au Mozambique, en Afrique du Sud, au Botswana, au Lesotho, au Swaziland, en Namibie, en Zambie, au Zimbabwe, au Mozambique, et au Malawi. Si l'hydropolitique est un concept particulièrement étudié en science politique et en relations internationales, l'approche spatiale convoquée dans cette thèse en font une démarche originale qui vient compléter la vaste littérature sur la question de la gestion de l'eau entre compétitions, rivalités et coordinations entre les acteurs, qu'ils agissent à l'échelle locale, nationale, régionale, voire internationale. 


samedi 4 décembre 2010

Thème du mois sur AGS : les énergies, un enjeu géopolitique ?

Un thème du mois "classique" qui ne cesse de faire couler beaucoup d'encre. "Guerre du pétrole", "développement durable", "interdépendance énergétique", les énergies sont un des enjeux géopolitiques les plus importants en ce début du XXIème siècle. Un thème qui concerne tous les territoires et toutes les échelles : la course pour l'appropriation des ressources énergétiques se traduit autant dans les enjeux diplomatiques, dans la compétition économique, dans l'aménagement du territoire national, dans les luttes armées...

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"Puisque toute activté humaine fait appel à une consommation d'énergie, la maîtrise de cette dernière a toujours été un enjeu pour les sociétés. Cela est plus vrai que jamais car les sources disponibles sont de plus en plus variées et les facteurs de choix à prendre en compte de plus en plus nombreux" (Michel Battiau, 2008, L'énergie. Un enjeu pour les sociétés et pour les territoires, Ellipses, collection Carrefours, p. 23).

Dans une économie mondialisée où la préoccupation pour la préservation des ressources énergétiques et de l'environnement devient une question majeure, la hausse des cours du pétrole et la peur d'un troisième choc pétrolier cachent de nombreux enjeux tels que le besoin pour les puissances de diversifier leur approvisionnement (tant du point de vue des territoires d'approvisionnement que des types de ressources énergétiques). Le thème du mois se propose d'éclairer ces enjeux, les zones de tension pour l'appropriation des resources énergétiques, les impacts dans les relations internationales, et les liens entre géopolitique et développement durable.


Une géopolitique des énergies
Si la question des énergies est souvent réduite à la seule géopolitique du pétrole, il n'en reste pas moins que l'ensemble des ressources énergétiques forme aujourd'hui un système complexe qui se traduit dans les sociétés et les territoires. Les ressources énergétiques sont inégalement réparties à l'échelle du monde, d'où des rivalités de pouvoir entre les puissances qui tentent de s'approprier des ressources dans des Etats tiers. La présence chinoise en Afrique est souvent analysée au prisme de la consommation énergivore de cet Etat en pleine croissance industrielle et urbaine. La place des Etats-Unis sur la scène internationale est souvent liée à leur volonté de diversifier les lieux d'approvisionnement en pétrole et en gaz naturel, et à se rendre le moins dépendant possible de certaines sources d'approvisionnement. Le Moyen-Orient est une zone stratégique de première importance, du fait de son poids dans l'extraction de pétrole. A l'opposé, des Etats qui ont des productions plus réduites se voient devenus les "terrains de jeux" des grandes puissances qui s'y disputent les ressources, soit par le biais de firmes internationales, soit par le biais d'une implication dans la vie politique interne. Derrière l'hégémonie du Moyen-Orient, d'autres zones deviennent des enjeux pour les Etats qui tentent de diversifier leurs approvisionnements : l'Afrique, l'Amérique latine, la région autour de la Caspienne, l'Arctique (avec le développement de la part de la production de pétrole et de gaz off-shore) sont des régions où l'implication des pays étrangers et leurs rivalités sont liées à la présence de ces ressources. La question des énergies renouvelables est aussi un enjeu géopolitique : elle creuse des inégalités entre ceux qui peuvent y accéder et ceux qui ne le peuvent pas. Ces inégalités se traduisent autant à l'échelle du monde (entre les pays) comme à l'échelle locale (à l'intérieur des pays, se dessinent une géographie des inégalités sociospatiales). Quelles sont les zones de production et de consommation majeures ? Qui sont les acteurs qui pèsent sur ces rivalités de pouvoir ? Comment la place majeure du pétrole est-elle remise en cause par l'émergence des énergies renouvelables ? Quelles sont les routes à privilégier dans l'approvisionnement des ressources ? Les questions énergétiques restent un défi primordial pour l'avenir, autant dans la diversification des sources d'approvisionnement et des formes d'énergies, que dans la recherche de nouveaux modes de consommation plus économes en énergie.



La consommation d'énergie dans le monde en 2004
Source : Yvette Veyret et Gérard Granier, "Développement durable, quels enjeux
géographiques ?", La Documentation photographique, n°8053, 2006.
la-consommation-energetique-dans-le-monde-en-2004




 La "guerre des énergies" n'aura pas lieu ?
La question de la maîtrise des ressources énergétiques est un enjeu sécuritaire majeur. Les Etats-Unis, la Chine ou la Russie ont des stratégies énergétiques qui entrent en concurrence, tandis que les pays producteurs doivent se protéger pour conserver la maîtrise de leurs ressources. Une géographie des territoires "utiles" se dessine, laissant apparaître des tensions politiques et diplomatiques. Plus encore, les énergies sont un facteur aggravant dans les conflits armés : la présence d'hydrocarbures peut attiser les intérêts des belligérants dans certaines zones des territoires en guerre, ou accentuer les convoitises des acteurs extérieurs. Si les média parlent souvent de "guerre du pétrole", cette expression mérite d'être interrogée (au même titre d'ailleurs que les "guerres de l'eau" ou les "guerres de religions") : le pétrole est-il un facteur déclencheur ou un facteur aggravant de ces conflits ? Dans quelle mesure la présence des hydrocarbures accentuera à l'avenir la conflictualité dans certaines régions du monde ? Du conflit irakien à la présence chinoise en Afrique et en Amérique latine, de la déstabilisation des "routes des hydrocarbures" dans le Caucase au poids des Etats-Unis dans les échanges énergétiques mondiaux, les exemples à analyser sont nombreux pour comprendre les liens entre énergies, sécurité et conflictualité.

 
Les énergies et le développement durable
La géopolitique du développement durable est une question de plus en plus prégnante dans nos sociétés comme sur la scène politique internationale. Les énergies sont souvent au coeur de ses débats, notamment en termes de consommation. Pourtant, les transports de ces énergies d'une zone de production à une zone de production consomment eux-mêmes de grandes quantités d'énergies. Les énergies sont également sources de risques : catastrophes industrielles (comme l'explosion d'une citerne de gaz de pétrole liquéfié à Mexico en 1984 qui fit 500 morts et 7.000 blessés), risques environnementaux (notamment autour de la question des déchets nucléaires), impacts sur la nature de la construction de barrages hydroélectriques (l'exemple du barrage des Trois Gorges en Chine est emblématique des conséquences de l'ennoiement de 632 km², du déplacement d'1,4 millions de personnes, ou du besoin de reconstruire 20 villes pour reloger les habitants), sources de pollutions (pluies acides, pollution de l'air, pollution des sols...). Face à ces risques, la réglementation n'est pas toujours suffisante, parfois même inexistante. La maîtrise des risques se joue autant à l'échelle mondiale (droit de la mer) qu'à l'échelle nationale (Grenelle de l'environnement). En quoi les énergies sont aujourd'hui un enjeu prioritaire dans la maîtrise et la protection de l'environnement ? Par-delà les questions techniques, il s'agit aussi de rivalités entre des acteurs qui défendent des intérêts différents, entre protection de l'environnement et lobbying industriel, entre objectifs et réalités.


Quels choix énergétiques ? Flux mondiaux et décentrement énergétiqueSource : Site "Cartographier le présent".
Quel choix énergétique ?


Ces quelques interrogations sont loin d'épuiser le sujet des énergies comme enjeu géopolitique, sécuritaire et environnemental ! N'hésitez pas à participer au débat par le biais des commentaires, ou en nous proposant vos contributions, qui seront lues attentivement !


vendredi 3 décembre 2010

Côte d'Ivoire : résultats invalidés et fermeture des frontières

Dans son blog Good morning Afrika, Sonia Le Gouriellec analyse le statut et la composition du Conseil constitutionnal ivoirien, en montrant combien l'impartialité de cette institution - qui a invalidé les résultats des élections présidentielles à peine une heure et demie après l'annonce de la victoire d'Alassane Ouattara, opposant de Laurent Gbagbo - doit être remise en question ("Le conseil constitutionnel ivoirien acquis à Gbagbo", Good morning Afrika, 3 décembre 2010). En invalidant la victoire d'Alassane Ouattara, cette commission pourrait proclamer le président sortant, Laurent Gbagbo, qui n'a obtenu que 45,9 % des votes, vainqueur, ce qui pourrait amener une très grave crise politique et sociale dans le pays. Aujourd'hui, c'est l'incertitude politique qui règne en Côte d'Ivoire. La tension est extrême dans les rues des villes ivoiriennes (voir le billet "Côte d'Ivoire : des manifestations pour réclamer les résultats des élections aux violences d'après-résultats ?" sur ce blog), tout comme aux frontières du pays. C'est pourquoi, la décision a été prise de fermer les frontières.


Fermeture des frontières en Côte d'Ivoire et risques de déstabilisation politique

Dans la soirée du jeudi 2 décembre 2010, l'état-major ivoirien a annoncé à la télévision publique la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes "jusqu'à nouvel ordre", au moins tant que règne la confusion autour des résultats des élections présidentielles. Cette décision implique que peu d'observateurs et d'humaintaires étrangers pourront entrer en Côte d'Ivoire dans les prochains jours. De plus, les mobilités sont contrôlées à l'intérieur du pays, afin d'éviter des soulèvements, et notamment l'arrivée massive de partisans d'Alassane Ouattara à Abidjan, en cas d'invalidation des résultats le donnant gagnant par le Conseil constitutionnel. Les risques de déstabilisation politique se sont donc accrus avec l'attente de cette décision.
Aucun des deux camps n'est prêt à accepter la défaite, qu'il s'agisse des candidats eux-mêmes ou de leurs partisans (voir "Côte d'Ivoire. Personne n'acceptera la défaite", Courrrier international, n°1048, 2 décembre 2010). Parallèlement à la fermeture des frontières, une autre décision a été prise : la suspension des médias. Cette décision, justifiée par le besoin de ne pas empirer les contestations et les tensions entre les deux camps, est aussi un moyen de contrôler l'information et de ne pas laisser les Ivoiriens maîtres de leur vote. Enfin, avec ces résultats, apparaissent non pas une, mais deux Côte d'Ivoire qui semblent prêtes à s'affronter par le biais des partisans des deux candidats présidentiels. Il est important de rappeler que cette division Nord/Sud du pays n'est pas nouvelle : la partition de la Côte d'Ivoire se lit dans la géographie électorale, et pas seulement dans le cas des élections présidentielles de 2010. A ce titre, l'ouvrage de Christian Bouquet, Géopolitique de la Côte d'Ivoire, décrypte l'inscription spatiale des comportements électoraux, qui mettent en scène une division Nord/Sud, déjà lors des élections présidentielles de 2000, qui laissaient également apparaître une division entre un Sud pro-Gbagbo et un Nord anti-Gbagbo.


Résultats de lélection présidentielle du 22 octobre 2000
Source : Christian Bouquet, "La crise ivoirienne par les cartes",
Géoconfluences, 4 juin 2007.

jeudi 2 décembre 2010

Côte d'Ivoire : des manifestations pour réclamer les résultats des élections aux violences d'après-résultats ?

Les résultats du second tour des élections présidentielles en Côte d'Ivoire  se font toujours attendre. L'attention des média est concentrée sur les villes symboles du Nord et du Sud de la Côte d'Ivoire, dans lesquelles les partisans de chacun des candidats font entendre leurs revendications quant à la proclamation des résultats des élections. Mais cette annonce ne suffira certainement pas à calmer la rue, qui risque de devenir le lieu de la contestation contre les résultats eux-mêmes, de la part des partisans du candidat perdant. Les deux candidats ont déjà dénoncés l'impossibilité pour leurs sympathisants de se rendre dans les bureaux de vote dès lors qu'ils vivent dans le fief électoral de l'autre candidat (voir le billet "Elections en Côte d'Ivoire : les lieux de la politique et les lieux de la violence" du 28 novembre 2010).



Les rues de Bouaké : une mise en scène de la contestation dans l'espace public

Ce jeudi 2 décembre au matin des manifestations ont eu lieu dans les rues de Bouaké, ville du Nord de la Côte d'Ivoire, en plein fief électoral d'Alassane Ouattara, ancien premier ministre et opposant à Laurent Gbagbo (candidat à sa succession dans ces élections présidentielles). "La ville de Bouaké, 800 000 habitants en 1998, ne se signale ni par un site original, ni par un capital historique particulier, ni par une situation économique favorable. Son déclin, accéléré par une longue décennie de crise, apparaît aujourd’hui consommé, démentant les perspectives prometteuses des années 1970. Peu festive et ostentatoire – contrairement aux villes côtières de la « rencontre coloniale » –, Bouaké est une de ces villes banales, nées d’un carrefour routier, au contact de deux espaces d’échanges complémentaires (forêt et savane). Elle est à la fois tournée vers l’extérieur et produite par l’extérieur : le pays baoulé, pour les relations de proximité et son approvisionnement alimentaire ; la capitale, pour toutes les décisions politiques. C’est une ville composite, cosmopolite même, où se côtoient deux ensembles majoritaires. Toutes nationalités confondues, les « côtiers » animistes et chrétiens (auxquels on peut adjoindre les Baoulé) représentaient environ 30 % de la population totale en 1988 contre près de 60 % pour les « nordistes » animistes et musulmans (Sénoufo, Dioula). Parallèlement, le recensement estimait à environ 40 % la population d’origine étrangère, burkinabè et malienne essentiellement (INS, 1988). La référence sociocommunautaire a longtemps prévalu sur la nationalité ou la religion comme ferment identitaire et signe de reconnaissance sociale, jusqu’à l’instrumentalisation récente du statut d’étranger par le débat sur l’ivoirité. C’est cette « différence » qui a organisé la distribution en quartiers « ethniques » relativement homogènes ou la cohabitation « paisible » au sein d’un même quartier. Très schématiquement, les quartiers septentrionaux (Dar-es-Salam, Sokoura, Koko, Belleville) regroupent plutôt des musulmans dioula, mandé et burkinabè, tandis que la partie méridionale (Ngattakro, Ahougniansou, Fetekro) possède de forts contingents baoulé et bété. Bouaké est donc la ville qui symbolise le mieux le débat politique actuel sur la nationalité, l’autochtonie, les rapports Nord/Sud. Dénuée de véritable fonction politique, Bouaké est presque entièrement consacrée aux échanges marchands dont elle tire l’essentiel de ses ressources. Ainsi, le grand marché, jusqu’à sa destruction par un incendie en avril 1998, a été l’un des principaux marqueurs de centralité. En réalité, l’activité marchande s’étend largement au-delà des anciennes maisons de commerce coloniales, gagnant l’ensemble des rues adjacentes, au point de perturber le trafic routier. Ici peut-être plus qu’ailleurs, routes et rues donnent à voir la société – les différentes communautés ou catégories d’acteurs mais également les individus – qui compose et façonne la ville. Mais c’est bien l’échelle moyenne du quartier ou du sous-quartier qui tend à devenir le véritable espace de vie et de référence du citadin. La proximité sociogéographique et le processus de socialisation individuelle (à la marge des structures communautaires) qu’un tel mode de vie impose constituent une forme particulière d’apprentissage de la cohabitation et de la différence" (Paul Janin, 2001, "Une géographie sociale de la rue africaine (Bouaké, Côte d'Ivoire)", Politique africaine, n°82, juin 2001, pp. 177-189). Comme le montre avec pertinence l'ensemble de l'article de Paul Janin, la rue de Bouaké a donc depuis des années un rôle de scène politique de la contestation contre le pouvoir en place et de mise en scène du soutien aux "rebelles" du Nord.

Les quartiers de Bouaké
Côte d'Ivoire)", Politique africaine, n°82, p. 189.


La rue est ainsi perçue comme une ressource mobilisable dans les revendications politiques. Espace de vie (voir à ce propos les travaux de la géographe Marie Morelle concernant la rue africaine ; voir également le numéro spécial "La rue" de la revue Tracés, n°5, 2004, notamment l'article d'Antoine Fleury : "La rue : un objet géographique ?"), la rue devient également un espace de mise en scène de la politique, à travers des formes aussi variée que les manifestations et les émeutes. "Les manifestations populaires ont transfiguré la rue et en ont fait l’exutoire de la protestation et de la colère. La rue s’est imposée progressivement comme un lieu d’expression politique, en dehors des procédures de vote" (Christophe Premat, 2004, "La « grogne du peuple »", Tracés, p. 13). La violence est à la fois un moyen utilisé dans cette mise en scène et une réponse sociale à une frustration vis-à-vis des décisions politiques (on se reportera à l'incontournable blog d'Alain Bertho, Anthropologie du présent, qui, en plus de fournir une base de données quotidienne exhaustive des émeutes de par le monde, propose par des textes et des vidéos une "ethnographie de la colère", par-delà les particularismes locaux qui sont souvent mis en avant dans les analyses sur les émeutes).


Affrontements entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara dans les rues d'Abidjan
A Abidjan, ville du Sud de la Côte d'Ivoire, en plein coeur du fief électoral de Laurent Gbagbo (certains quartiers sont directement contrôlés par sa milice, les Jeunes patriotes), des violences ont déjà éclatées avant le second tour : les émeutiers protestaient le 27 novembre 2010 contre le couvre-feu décrété par le président en place. Deux jours plus tôt, les affrontements opposaient les partisans des deux candidats au second tour, en marge d'un meeting de Laurent Gbagbo. Les violences liées aux élections ont touchées autant les quartiers populaires (comme le quartier de Marcory le 19 novembre 2010) que les quartiers riches (à Cocody le même jour, à proximité du bureau du PDCI qui a été mis à sac et brûlé). Aujourd'hui, une attaque à l'arme à feu contre un bureau du parti d'Alassane Ouattara (le RDP) a fait au moins 8 morts. Chacun se renvoie la responsabilité de telles attaques.

Abidjan est une ville symbole non seulement par son importante activité économique, par son poids démographique, mais aussi par sa fonction politique (bien que la ville ne soit plus la capitale de la Côte d'Ivoire, on y trouve de très nombreuses fonctions politiques de premier ordre). C'est également le géosymbole des affrontements intercommunautaires dans la mesure où Abidjan est une ville attractive pour toutes les populations de Côte d'Ivoire, tout comme pour l'ensemble des populations de l'Afrique de l'Ouest. C'est pourquoi les débats sur l'ivoirité sont si intenses à Abidjan où de nombreux "étrangers" s'entassent dans les bidonvilles (voir notamment le dossier "Côte d'Ivoire, la tentation ethnonationaliste" de la revue Politique africaine, n°78, juin 2000 ; et l'article de Christian Bouquet, 2003, "Le poids des étrangers en Côte d'Ivoire", Annales de géographie, vol. 112, n°630, pp. 115-145, dans lequel il explique notamment combien Abidjan est devenue une "caisse de résonance particulièrement sensible on compte près un million étrangers").


La population étrangère en Côte d'Ivoire
Source : Christian Bouquet, 2003, "Le poids des étrangers en Côte d'Ivoire",
Annales de géographie, vol. 112, n°630, p. 119.



=> Dans ce contexte de tensions dans l'attente des résultats des élections présidentielles, la rue est le lieu de l'expression de la contestation, voire de la révolte. Parallèlement, les hauts-lieux des partis politiques (tels que les bureaux des partis) sont attaqués en tant que géosymboles politiques.


dimanche 28 novembre 2010

Elections en Côte d'Ivoire : les lieux de la politique et les lieux de la violence

Le "retour à la paix" est un thème qui touche de très près les enjeux électoraux de l'immédiat après-guerre, et qui s'inscrit dans le temps plus long de l'après-guerre. Les hommes et les actions politiques sont longtemps jugés au regard de leur position vis-à-vis du conflit lui-même et de la gestion de la sortie de crise.



Les élections en Côte d'Ivoire : retards successifs et division Nord/Sud

Retardées depuis 2005, les élections présidentielles en Côte d'Ivoire se seront fait attendre 5 ans (voir, à ce propos, le billet de Sonia Le Gouriellec, "Afrique de l'Ouest : élections périlleuses", Good morning Afrika, 26 août 2010, qui propose notamment un schéma très instructif modélisant le processus électoral en Côte d'Ivoire). Ce processus électoral est particulièrement suivi par les politologues, mais on peut également avoir une approche géographique pour éclairer les enjeux politiques et sociaux qui se jouent dans ces élections (concernant les élections précédantes, voir les travaux du géographe Christian Bouquet, notamment son ouvrage Géopolitique de la Côte d'Ivoire, et ses articles "La crise ivoirienne en cartes" pour Géoconfluences, et "Election des conseils généraux en Côte d’Ivoire (Juillet 2002). Une géographie politique encore brouillée" pour Les Cahiers d’Outre-Mer).


Le contexte électoral en Côte d'Ivoire est très particulier pour plusieurs raisons :

- Tout d'abord, les crises successives dans ce pays ont fragilisé le processus démocratique depuis 1999 (voir l'article du géographe Christian Bouquet : "Le mauvais usage de la démocratie en Côte d'Ivoire", L'espace politique, n°2007-3. Concernant la démocratie, on écoutera l'émission de Pierre-Edouard Deldique, "La démocratie : histoire, théories, pratiques", sur RFI, avec pour invité Jean-Vincent Holeindre, partie I et partie II) ;

- Ensuite, les élections en Côte d'Ivoire ont réaffirmé la division du pays entre le Nord "rebelle" et le Sud : le premier tour des élections (dimanche 31 octobre 2010) a confirmé un "duel électoral" entre le président sortant Laurent Gbagbo (avec 38 % des suffrages expérimés) et son ancien premier ministre Alassane Ouatarra (avec 32 % des votes). La période entre les deux tours a été marquée par des tensions et des violences entre partisans des deux candidats, notamment à Abidjan* (voir sur le blog d'Alain Bertho, Anthropologie du présent, la page consacrée aux émeutes et violences liées aux élections ivoiriennes de novembre 2010 ou celle consacrée aux affrontements du 27 novembre à Abidjan, la veille du 2ème tour).



Candidats en tête au premier tour des élections présidentielles
en Côte d'Ivoire de 2010 par départements.


Les résultats du premier tour des élections ont laissé Laurent Gbagbo (président sortant, resté en place tout au long de la période où les élections n'ont eu de cesse d'être reportées depuis 2005) en tête, avec 38,6 % des votes. Son principal rival politique, Alassane Ouattara, arrive en seconde position avec 32,3 % des votes. Ce sont les deux hommes politiques qui ont accédé au second tour, qui se joue aujourd'hui, dimanche 28 novembre 2010, dans les urnes. Henri K. Bédié (avec 24,6 % des votes) et Albert Mabri (avec 2,4 % des votes) ne seront plus concernés en tant que candidats par le second tour.
Résultats du premier tour des élections de 2010 en Côte d'Ivoire



Les résultats du premier tour laissaient déjà apparaître une géographie électorale "plaquée" sur la division Nord/Sud héritée de la crise politico-militaire de 2002 : deux fiefs électoraux se distinguent et ancrent la ligne de fracture de la Côte d'Ivoire. C'est donc l'électorat de Henri Konan Bédié qui fera pencher le second tour. Ce dernier a appelé ses électeurs a voter pour Alassane Ouattara suite au premier tour des élections. A lire, l'analyse de Michel Galy sur les résultats du premier tour et les enjeux des élections : "Côte d'Ivoire : la guerre des interprétations" (L'Humanité, 27 novembre 2010).


- Enfin, ces élections se sont passées sous le poids de la violence et de la contestation. Les résultats du second tour ne sont pour l'heure pas encore annoncés. Pourtant, Laurent Gbagbo a d'ores et déjà annoncé qu'il contesterait une partie des résultats (voir la dépêche du Nouvel Observateur du 29 novembre 2010). Parallèlement, Alassane Ouattara a contesté la levée d'un couvre-feu décidée par Laurent Gbagbo, entre le samedi 27 novembre à 22h00 et le dimanche 28 novembre, jour du second tour, à 7h00.  Chacun des candidats évoque ainsi l'impossibilité pour leurs sympathisants de se rendre dans les bureaux de vote dès lors qu'ils vivent dans le fief électoral de l'autre candidat. Pour Ouattara, le couvre-feu est une manoeuvre politique de son adversaire pour mettre la main sur l'ensemble de l'électorat du Sud de la Côte d'Ivoire. Pour Gbagbo, le Nord est une zone contrôlée par les miliciens de son adversaire qui empêchent les électeurs de se rendre aux urnes dès lors qu'ils vuelent voter pour le président sortant. Dans les deux cas, la cartographie électorale est un argument politique pour "diaboliser" les pratiques de l'autre candidat. De plus, la place des milices dans l'espace ivoirien confirme la division politico-militaire et identitaire de la Côte d'Ivoire comme enjeu des élections, et comme futur argument de contestation des résultats. Ces derniers se font attendre dans un climat de tensions, voire de violences. L'émeute du 27 novembre 2010 dans le quartier dioula d'Abobo (un quartier populaire d'Abidjan) en est une bonne illustration, puisque les violences ont fait suite à la décision d'appliquer un couvre-feu nocturne dans la ville à la veille du second tour.


* On rappelle que si Abidjan est la ville principale et le pôle économique le plus important de Côte d'Ivoire, c'est bien Yamoussoukro qui est la capitale du pays. Pourtant, une partie des institutions politiques sont restées ou revenues à Abidjan, qui reste la capitale économique du pays, et le principal géosymbole de la vie politique ivoirienne.



Quelques points de repère :
- De courtes biographies des acteurs politiques de la Côte d'Ivoire sur le site de la Documentation française, dans son dossier "La crise en Côte d'Ivoire".
- Une chronologie avec des liens vers les événements de l'indépendance à 2006 sur le site Géographie de la ville en guerre.

 
Incontounables à lire :
- Christian Bouquet, 2008, Géopolitique de la Côte d'Ivoire, 2ème édition complétée et mise à jour, Armand Colin, collection Perspectives géopolitiques, Paris (1ère édition 2005).
- Christian Bouquet, 2007, "La crise ivoirienne par les cartes", Géoconfluences, dossier "Afrique subsaharienne : territoires et conflits".


Pour aller plus loin : quelques ressources en ligne
- Audrey Fromageot, 2006, "Agriculture et conflits en Côte d'Ivoire : terroirs maraîchers, territoires disputés", Géoconfluences, dossier "Afrique subsaharienne : territoires et conflits".
- Christian Bouquet, 2007, "Le mauvais usage de la démocratie en Côte d'Ivoire", L'Espace politique, n°2007/3.
- Michel Galy, 2004, "De la guerre nomade : sept approches du conflit autour de la Côte d’Ivoire", Cultures & Conflits, n°55, pp. 163-196.
- Christian Bouquet, 2003, "Le poids des étrangers en Côte d'Ivoire", Annales de géographie, vol. 112, n°630, pp. 115-145.
- Christian Bouquet, 2002, "Election des conseils généraux en Côte d’Ivoire (Juillet 2002) : une géographie politique encore brouillée", Les Cahiers d'Outer-Mer, n°219, pp. 345-350.
- Michel Galy, 2007, "Politologie d’une rébellion. Une « gouvernance par la violence » au Nord de la Côte d’Ivoire ?", Cultures & Conflits, n°65, pp. 137-155.
- Michel Galy, 2000, "Le savoir de l'Occident : sur les représentations du "Coup d'Abidjan", le 24 décembre 1999", Cultures & Conflits, n°37, pp. 105-121.

samedi 27 novembre 2010

Géographie des conflits : la prochaine question au CAPES d'histoire-géographie

La nouvelle question de géographie générale pour les concours de l'enseignement (CAPES externe d'histoire-géographie 2011-2012, 2012-2013 et 2013-2014) concernera la "Géographie des conflits". Plusieurs billets seront prochainement consacrés à cette question. Il est d'ores et déjà possible de consulter de nombreux travaux sur la question. Voici une liste (non exhaustive !) de quelques ressources en ligne qui peuvent permettre d'appréhender plusieurs aspects de cette question très large.


La dernière lettre d'informations de Géoconfluences (10 novembre 2010) fait le point sur les articles déjà disponibles permettant d'approfondir certains territoires en guerre (le dossier "Afrique subsaharienne", notamment autour de la crise en Côte d'Ivoire), la question des "frontières", et celle des conflits d'usage. Elle rappelle également les enjeux de ce programme dans la perspective des concours : "son objectif est d’embrasser dans une approche géographique l’ensemble des processus et phénomènes conflictuels en articulant conflits/conflictualité et territoires/ territorialité/ territorialisation en insistant en particulier sur les jeux d’acteurs, les dynamiques d’interaction et les emboîtements d’échelles".


Le billet "Géographie des conflits récents : quelques articles" (sur ce blog, 11 mai 2009) faisait le point sur des articles parus au cours des années 2008 et 2009 dans des revues en ligne et interrogeant la conflictualité au prisme de l'approche spatiale. Des articles revenant sur les cas du conflit sri lankais, des tensions caucasiennes, sur la dispute territoriale entre Israël et Palestine, sur la guerre de RDC, sur les stratégies territoriales des FARC, sur les drogues en Afghanistan...


La question n'englobe pas que le cas des conflits armés, mais également les problématiques autour des conflits d'usage, des conflits environnementaux, des conflits pour l'aménagement... qui feront bientôt l'objet de billets sur ce blog, afin de présenter les différentes approches et problématiques, et les ressources disponibles à toute personne qui s'intéresserait à ces questions.


dimanche 21 novembre 2010

Colloque "Leçons stratégiques de l’année 2010 : quels partenariats stratégiques pour la France ?"

La semaine va être riche en événements sur les questions de stratégie : en plus du Café Stratégique qui, pour sa deuxième édition, accueille Corentin Brustlein le mercredi 25 novembre 2010 à partir de 19h00 au Café Le Concorde (Paris), un important colloque est organisé à l’Ecole militaire (Paris) par l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM) le mardi 24 novembre 2010, intitulé : “Leçons stratégiques de l’année 2010 : quels partenariats stratégiques pour la France ?

samedi 20 novembre 2010

"Atlas de la mondialisation"

L’Atlas des mondialisations, hors-série n°4, La Vie/Le Monde, 2010-2011, 186 p.

Voici une note de lecture publiée le 11 novembre sur le site des Cafés géographiques à propos de L'Atlas des mondialisations, co-édité par les journaux La Vie et Le Monde. Ce type d'atlas publiés en kiosque est très courant en fin d'année, et proposent aux lecteurs des mises au point, particulièrement utiles pour ceux qui n'auraient pas le temps de se plonger dans les ouvrages scientifiques parus dans l'année. En cette fin 2010, trois atlas se sont penchés sur la mondialisation, et on lira avec attention le billet de Sylvain Kahn sur le blog de l'émission Planète Terre (France Culture) dans lequel il confronte les différentes manières dont les auteurs de ces trois atlas ont cartographié la mondialisation ("Une comparaison de trois atlas de la mondialisation", 2 novembre 2011). Parce que la carte est déjà un choix de la part de ses auteurs, et la mise en perspective d'une réflexion (voir le billet sur la carte-discours). Ce billet est doublement intéressant puisqu'en plus de cette réflexion sur la mondialisation par les cartes, Sylvain Kahn y intègre de nombreux liens sur la question de la mondialisation et les podcasts d'anciennes émissions de Planète Terre consacrées à la mondialisation.

Concernant l'Atlas des mondialisations co-édité par La Vie et Le Monde, il s'agit d'une excellente première approche aux travaux sur la géohistoire de la mondialisation (par exemple avec l'historien Patrick Boucheron qui livre une synthèse du récent ouvrage qu'il a dirigé : Histoire du monde au XVème siècle qui se propose de réinterroger l'historiographie de ce siècle en décentrant le regard), sur les impacts spatiaux et sociaux des processus (in)achevés des mondialisations, et sur l'(im)possible uniformisation par la mondialisation. Bien évidemment, ce type de publications ne s'adresse pas à ceux ayant déjà lu de nombreux ouvrages sur la question, mais propose une excellente synthèse, fruit d'un travail collectif, avec des cartes "classiques" permettant d'appréhender des enjeux parfois caricaturés dans les média, et des cartes très originales par leurs objets (l'Amérique perçue et vendue par les séries télévisées, la diffusion d'Harry Potter, le coût effectif d'un iPod nano selon les revenus par pays, etc.). L'atlas se termine par une bibliographie sélective bien choisie des travaux de la cinquantaine de chercheurs et journalistes ayant participé au numéro, qui permet à tout lecteur de poursuivre cette découverte des enjeux géographiques de la mondialisation au travers de nombreuses lectures.




lundi 25 octobre 2010

"Voyage au pays des Gorani" (J.-A. Dérens et L. Geslin)

Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin, Voyage au pays des GoraniBalkans, début du XXIe siècle), Editions Cartouche, collection « Voyage au pays des... », Paris, 149 p.

Petit peuple des Balkans très méconnu, les Gorani ne sont pas souvent évoqués dans les ouvrages sur l'ex-Yougoslavie. Originaires de la Gora, région montagneuse qui constitue la pointe Sud du Kosovo, ils sont pourtant réputés pour leurs excellentes pâtisseries. Entre mythes et réalités, Jean-Arnault Dérens (fondateur du Courrier des Balkans) et Laurent Geslin (journaliste au Courrier des Balkans) ont mené un voyage en Gora à la rencontre de cette petite minorité. De ce voyage, ces deux fins connaisseurs des Balkans ont rapporté un récit de voyage à la fois drôle et émouvant, où les anecdotes permettent de connaître les territorialités, les enjeux identitaires et la place des Gorani dans la société du Kosovo actuelle. Un ouvrage à lire avec plaisir, tel un roman, que les connaisseurs des Balkans comme ceux qui les découvriront à travers ce récit de voyage prendront plaisir à découvrir !




lundi 18 octobre 2010

Des cafés géo sur l'Afrique

Deux Cafés géo sur l'Afrique auront lieu prochainement, le premier à Mulhouse, et le second à Rouen.


L'Afrique, un continent émergent
Café géo le lundi 15 novembre 2010, avec pour invité Roland Pourtier (professeur émérite de Paris I Sorbonne) à propos de "L’Afrique, un continent émergent ?" à 19h00 au café l'Avenue (8 boulevard de l’Europe) à Mulhouse.


Géopolitique et terrorisme en Afrique
Café géo le mardi 30 novembre 2010, avec pour invités Philippe Hugon (directeur de recherche à l’IRIS en charge de l’Afrique, et consultant pour de nombreux organismes internationaux et nationaux d’aide au développement) et Alain Antil (responsable du programme Afrique subsaharienne à l’IFRI, et enseignant à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille et à l’Institut Supérieur Technique Outre-Mer) autour de la question "Géopolitique et terrorisme en Afrique", à 18h00 au Bar des Fleurs (36 place des Carmes) à Rouen. 


A propos de l'Afrique, on se reportera au blog de Sonia Le Gouriellec, Good Morning Afrika qui se propose d'analyser les enjeux géopolitiques et stratégiques de l'Afrique, notamment ses billets sur le terrorisme en Afrique.



vendredi 15 octobre 2010

"Haute tension. Des chasseurs alpins en Afghanistan"

Sylvain Tesson, Thomas Goisque et Bertrand de Miollis, 2009, Haute tension. Des chasseurs alpins en Afghanistan, Gallimard, 144 p.


"[...] Huit ans après le déploiement des premiers militaires français en Afghanistan, la situation ne s’est pas améliorée, et semble au contraire se dégrader dans les régions périphériques. [...] C’est le moment où les chasseurs alpins appartenant au 27e BCA d’Annecy (le 27ème bataillon de chasseurs alpins) arrivent en Kapisa, région particulièrement instable, hostile et difficile à contrôler. Les trois auteurs de Haute tension proposent aux lecteurs de découvrir l’expérience de ces militaires, sous la forme d’un récit (celui de l’écrivain Sylvain Tesson), accompagné des superbes photographies de Thomas Goisque et des remarquables aquarelles de Bertrand de Miollis. Dans cet ouvrage, trois manières de raconter l’expérience du 27e BCA se croisent, et donnent à voir, sous des supports différents (textes, photographies, aquarelles), les territoires des militaires français en Kapisa (Nord-Est de l’Afghanistan)".




jeudi 14 octobre 2010

"Voyages pendulaires des Roms au coeur de l'Europe"


Exposition Voyages pendulaires des Roms au coeur de l'Europe, photographies de Bruno Amsellem, Centre d'histoire de la résistance et de la déportation, Lyon, jusqu'au 24 décembre 2010.




"Les manifestations artistiques et scientifiques concernant les Roms se multiplient : ce peuple sans Etat, marginalisé dans tous les pays européens, est même aujourd’hui devenu un des débats nationaux les plus retentissants. Tantôt appelés « Tsiganes » (dénomination utilisée principalement en Europe occidentale), (R)roms (dénomination longtemps utilisée seulement en Europe de l’Est, mais aujourd’hui de plus en plus répandue pour désigner l’ensemble de ce peuple apatride et souligner ainsi son unité par-delà les frontières étatiques), ces derniers intriguent souvent, inquiètent parfois, et interrogent toujours. « Depuis dix ans, et malgré l’intégration de la Roumanie dans l’Union européenne, leur nombre (moins de mille), les raisons de leur mobilité et le type d’installation qu’ils adoptent restent inchangés. Sédentaires dans leur pays, ces Roms (ou Rroms) de Roumanie, membres d’une minorité d’environ dix millions de personnes, sont confrontés au chômage et aux discriminations et sont en recherche d’un avenir meilleur ». L’exposition photographique de Bruno Amsellem au Centre d’histoire de la résistance et de la déportation de Lyon propose de suivre les trajets de quelques familles roms entre la Roumanie et les bidonvilles lyonnais".




lundi 4 octobre 2010

Le regard d'une géographe sur les énergies


Dans la continuité de la nouvelle série de billets qui se propose de réunir quelques vidéos disponibles sur Internet qui mettent en scène la parole des géographes sur des questions urbaines et/ou géopolitiques (catégorie "Le regard des géographes"), voici les vidéos d'une conférence sur "L'énergie, enjeux et défis" donnée par la géographe Bernadette Mérenne-Schoumaker (Professeur ordinaire à l'Université de Liège, auteur de nombreux ouvrages sur les énergies, notamment Géographie de l'énergie. Acteurs, lieux et enjeux), enregistrée en novembre 2009. Cette conférence est disponible sur le site Education au développement durable (qui propose également le regard de géographes sur les questions de développement durable, de risques, de catastrophes, d'alimentation...).

A noter que sur le site, on peut accéder à deux vidéos supplémentaires :
- Introduction et rappel des notions de base ;
- Enjeux et défis environnementaux (partie 4).

 
Enjeux et défis technologiques





Enjeux et défis économiques





Enjeux et défis géopolitiques



Enjeux et défis comportementaux





Conclusion : Bilan et perspectives


"Géographie de l'énergie" (Bernadette Mérenne-Schoumaker)

Bernadette Mérenne-Schoumaker, 2007, Géographie de l’énergie. Acteurs, lieux et enjeux, Belin, collection Belin Sup Géographie, Paris, 272 p.


La question de la géographie et de la géopolitique des énergies a été abordée dans de nombreux ouvrages, principalement autour du cas particulier du pétrole. Parmi ceux-ci, l’ouvrage de Bernardette Mérenne-Schoumaker propose une synthèse particulièrement efficace, dont les textes et les illustrations relèvent d’une réelle pédagogie : cartes, tableaux, encadrés et schémas se succèdent, et permettent au lecteur de dépasser l’aspect parfois abrupt des questions énergétiques, qui reposent sur une solide connaissance technique. Dans cet ouvrage, l’auteur montre combien la géographie est une clé de lecture des plus pertinentes pour répondre à de nombreuses questions qui s’imposent aujourd’hui aux sociétés : quelles énergies pour quelles utilisations ? Quels impacts sur l’environnement, sur l’aménagement du territoire, sur les rivalités entre les entreprises de l’énergie, sur les relations géopolitiques entre les Etats ?




dimanche 3 octobre 2010

Des colloques en perspective (octobre 2010)

La rentrée universitaire est aussi le temps de la rentrée des colloques et autres événements scientifiques. Les questionnements autour de la guerre sont l'objet d'une multitude d'événements très variés, qui permettent de se questionner sur les liens entre la géographie et les conflits, entre la politique et la guerre, ou encore sur la pensée stratégique.


La Grande Guerre aujourd'hui. Patrimoines, territoires, tourismes
Pour la première séance du séminaire "La Grande Guerre aujourd'hui. Patrimoines, territoires, tourismes", Anne Hertzog et Nicolas Offenstadt interviendront sur la question de "La Grande Guerre aujourd’hui. Patrimoines, territoires, tourismes. Enjeux d’une recherche". Cette séance introductive, qui se déroulera le mardi 5 octobre 2010, s'incrit dans une série de séminaires qui se dérouleront tous les premiers mardis du mois, d’octobre 2010 à juin 2011 de 17h00 à 19h00, à la Direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives (Ministère de la Défense, 37 rue de Bellechasse, Paris, 7ème arrondissement). Voir le programme du séminaire et les informations pratiques sur le site Calenda.

La pensée stratégique française
L'Alliance géostratégique (AGS), qui vient de refondre son site, proposera le premier café stratégique, à Paris, au café Le Concorde (239 bd St-Germain, 6ème arrondissement), le jeudi 7 octobre 2010 à partir de 19h00, avec pour invité le Général Desportes (notamment auteur de La guerre probable, Introduction à la stratégie ou Décider dans l'incertitude) qui interviendra sur "La pensée stratégique française. Plus d'informations sur le site d'AGS.


Le Kosovo indépendant et la nouvelle donne dans les Balkans
Conférence-débat organisée par le Centre d'études et de recherches internationales (CERI), avec pour invité Veton Surroi (Président, Foreign Policy Club, Pristina, fondateur de Koha Ditore, principal quotidien et chaine TV du Kosovo, ancien député). Le débat sera introduit par Jacques Rupnik, spécialiste des Balkans, et se déroulera le jeudi 7 octobre de 17h00 à 19h00, dans la salle de conférences de Sciences Po Paris (56 rue Jacob, Paris, 6ème arrondissement). Plus d'informations sur le site du CERI. Attention, le conférencier s'exprimera en anglais.


Décolonisons les imaginaires
La deuxième édition de ce colloque se déroulera le vendredi 8 octobre 2010, de 14h30 à 19h30 à l'Hôtel de Ville de Paris. Les intervenants seront réunis en 3 tables-rondes : "Etat des lieux, langage et préjugés, l’origine du mal", "Médias et clichés, la banalisation des discriminations ?", "Décoloniser le langage, devoir de mémoire, devoir de création ?". Voir le programme sur le site de France Culture.


Afghanistan : quels enjeux pour l'action humanitaire dans "le pays de l'éternité en guerre" ?
La journée d'études organisée par l'IEP de Grenoble sur les enjeux humanitaires en Afghanistan face au risque de la paralysie de leurs actions, se déroulera le jeudi 14 octobre 2010 à l'Institut d'études politiques de Grenoble. Voir l'argumentaire du coordinateur de la journée, Pierre Micheletti, sur le site de la revue Grotius. Voir la plaquette et le programme.


La démocratie et la guerre
Organisé par le Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron, avec le soutien de la Fondation St-Cyr, le colloque "La démocratie et la guerre" se déroulera les lundi 18 et mardi 19 octobre 2010 à l'EHESS (amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail, Paris, 6ème arrondissement). Plusieurs tables-rondes sont au programme : "Paix et guerre dans les démocraties" ; "La guerre dans les Etats démocratiques (études de cas)" ; "Comment les démocraties font la guerre". Voir le programme et la présentation du colloque faite par ses organisateurs, Jean-Vincent Holeindre et Geoffroy Murat.