Malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 18 janvier 2009 suite à l'opération "Plomb durci" menée dans la bande de Gaza par Tsahal en décembre 2008 et janvier 2009, l'armée israélienne a lancé le jeudi 26 février 2009 une série de raids aériens visant les tunnels situés dans le Sud de la bande de Gaza, et qui permettent une activité de contrebande (notamment en armes, mais aussi en médicaments, vivres...) depuis l'Egypte voisine. Ces raids s'inscrivent dans une série de bombardements menés depuis l'annonce du cessez-le-feu (voir l'article de François-Bernard Huyghe, "Gaza : le critère de la victoire", sur le site de l'IRIS, 11 février 2009) visant à la destruction des tunnels reliant la bande de Gaza et l'Egypte (pour exemples : bombardements du 16 février 2009, du 2 février 2009, du 27 janvier 2009...).
Les tunnels permettent ainsi le développement d'une économie parrallèle dans la bande de Gaza (cette économie souterraine s'est développée en réaction au blocus israélien). "Les tunnels relient la ville égyptienne de Rafah et le camp de réfugiés palestiniens du même nom à l’intérieur de Gaza. C’est devenu un réseau fantastique et vital de couloirs creusés dans un sous-sol sablonneux. Un tunnel typique fait environ 500 mètres de long, à une profondeur de 14 ou 15 mètres. Chacun coûte entre 50.000 et 90.000 $ et requiert plusieurs mois d’intense labeur. Ces tunnels passent sous la zone tampon de Philadelphi – une bande de terre à la frontière, placée sous contrôle militaire israélien en vertu des accords d’Oslo de 1993" (Sara Flounders, "Les tunnels de Gaza. Une économie souterraine et un symbole de résistance", site Mondialisation.ca, 8 février 2009). En réalité, le réseau de tunnels est très développé, et chaque tunnel correspond à une fonction : tous les tunnels ne sont pas consacrés à l'approvisionnement en armes, mais beaucoup d'entre eux servent à la survie de la population (nourriture, médicaments, carburant...). Les conditions de vie dans la bande de Gaza sont de loin les plus déplorables de tous les territoires palestiniens : surpeuplement, extrême pauvreté, manque de nourriture... (voir, à ce propos, un rapport de Médecins du Monde datant de 2006 sur l'état de santé des populations de la bande de Gaza). Mais les tunnels sont aussi un géosymbole : celui de la résistance. Et ce sont également ces symboles qui sont attaqués par les raids aériens israéliens.
A lire :
- Jean-François Legrain, "Pour une autre lecture de la guerre de Gaza", EchoGéo, Rubrique Sur le vif 2009, 13 février 2009.
- Sur ce blog (pour retrouver d'autres liens) : "Gaza-ville : espace vécu" (19 janvier 2009) et "Guerre urbaine à Gaza-ville" (14 janvier 2009).