Voici une mise à jour des billets "Géographie des conflits récents : quelques articles" partie 1 (11 mai 2009) et partie 2 (5 mai 2011) qui vient compléter le journal Scoop.it "Géographie des conflits" (à ce jour, 242 ressources en ligne recensées). Ce dernier concerne l'ensemble des ressources qui mettent en avant la dimension spatiale de la conflictualité (ce que le géographe Lionel Laslaz nomme, dans la continuité des travaux sur les conflits environnementaux, la "polémogéographie"), qu'il s'agisse des conflits armés, environnementaux, d'usage, de représentation, d'aménagement... Mais comme tout n'est pas sur le net, il est tout de même important de signaler des articles parus dans des revues papier qui ne sont pas signalés dans ce journal Scoop.it, soit parce qu'ils ne sont pas encore disponibles en ligne (pour certaines revues, il existe un temps de délai entre la publication papier et la mise en ligne gratuite en ligne), soit parce qu'il s'agit de publications existant seulement sous format papier. Ces ressources ne doivent pour autant pas être négligées ! Pour continuer cette recension d'articles sur la géographie des conflits, voici les résumés (pour les articles) ou les premières lignes (pour les notices) d'un numéro des Cahiers d'Outre-Mer consacré aux conflits en Afrique (à suivre : un billet sur une autre revue de géographie : L'Information géographique avec un numéro sur les différentes approches géographiques de la conflictualité).
ATTENTION : Comme pour tous les billets, les cartes présentes ici sont la propriété de leurs auteurs. Pour les utiliser sur un site ou un blog, vous devez impérativement citer les références complète (nom du/des auteur(s), nom de l'article, nom de la revue, numéro, année, pagination) et citer l'url de référence ou insérer (comme c'est le cas ici) un hyperlien renvoyant systématiquement vers la source (en cliquant sur les cartes, vous pouvez accéder aux articles). Les cartes proposées ici sont donc volontairement réduites en termes de taille, pour vous inviter à aller lire les travaux originaux dont elles sont extraites.
ATTENTION : Comme pour tous les billets, les cartes présentes ici sont la propriété de leurs auteurs. Pour les utiliser sur un site ou un blog, vous devez impérativement citer les références complète (nom du/des auteur(s), nom de l'article, nom de la revue, numéro, année, pagination) et citer l'url de référence ou insérer (comme c'est le cas ici) un hyperlien renvoyant systématiquement vers la source (en cliquant sur les cartes, vous pouvez accéder aux articles). Les cartes proposées ici sont donc volontairement réduites en termes de taille, pour vous inviter à aller lire les travaux originaux dont elles sont extraites.
Géographie des conflits en Afrique
Dossier : "Conflits en Afrique", Cahiers d'Outre-Mer, n°255, juillet/septembre 2011.
Ce numéro de la revue Cahiers d'outre-Mer s'inscrit, comme pour d'autres numéros de revues de géographie, dans la préparation de la question "Géographie des conflits" aux concours de l'Agrégation et du Capes. Il s'intéresse, suivant la ligne éditoriale de cette revue, à la dimension spatiale des conflits en Afrique, qu'il s'agisse de conflits armés, de conflits d'usage (notamment autour de la question de l'eau) ou de conflits environnementaux. Pour l'heure, seule l'introduction de Bernard Calas est disponible en accès libre en ligne. Le numéro est divisé en divisé en deux parties :
- des articles scientifiques,
- des notices rédigées par des étudiants (voir l' "Introduction aux notices" - disponible en accès libre - de Bernard Calas) qui explicite la démarche, qui s'appuie sur une très intéressante cartographie.
- des articles scientifiques,
- des notices rédigées par des étudiants (voir l' "Introduction aux notices" - disponible en accès libre - de Bernard Calas) qui explicite la démarche, qui s'appuie sur une très intéressante cartographie.
ARTICLES
Bernard Calas, "Introduction à une géographie des conflits... en Afrique", pp. 295-320.
"Une géographie des conflits ne saurait se bâtir sans un scénario-type qui permette de dépasser la simple énumération.
Un conflit est toujours d’intérêt, entre des acteurs dont l’un au moins remettant en cause les procédures de régulation qui fondent l’ordre social et politique préexistant, se mobilise au nom de la justice en développant un discours de victimisation et en avançant des demandes de réparations. Spatialement, le conflit constitue un moment de fragmentation encadré par deux moments de spatialisation, plus pacifiques. L’espace intervient comme théâtre, comme enjeu ou comme opérateur, et ce à différentes échelles.
Les contradictions internes à la mondialisation – notamment entre ses trois composantes principales : démocratisation politique, libéralisation économique et individuation/individualisation – déterminent dans une large mesure la conflictualité contemporaine et ses gradients locaux. Cependant, ceux-ci sont fortement influencés par les contextes locaux. En Afrique, ces contradictions qui nourrissent la conflictualité globale sont accusées par certaines spécificités dont la forte croissance démographique, la grande mobilité des populations, le passage d’une société de communautés à une société d’individus et l’exigence croissante de démocratie participative et le renouvellement de la dépendance."
Nathalie Bernardie-Tahir, "Zanzibar, si loin de Dieu, si près du continent", pp. 322-341.
"Situé à quelques encablures seulement de la côte continentale tanzanienne, l’archipel de Zanzibar affiche ouvertement sa distance vis-à-vis du mainland avec lequel il entretient un rapport tumultueux depuis la naissance aux forceps de la République Unie de Tanzanie en 1964. Les dernières décennies ont en effet été marquées par la montée d’un fort ressentiment insulaire, confinant au conflit ouvert lors des trois épisodes de consultation électorale des années 2000. Au fil des années, alors même que mille et une fractures cisaillent la société zanzibarie, une identité collective insulaire s’est paradoxalement construite suivant le double processus de l’identification/différenciation. Une fois établie, cette îléité a servi de fondement à la légitimation de la revendication autonomiste, alimentant un insularisme particulièrement vindicatif. L’exemple de Zanzibar représente un cas d’école intéressant dans la problématique des relations île(s)-continent et illustre bien les enjeux politiques de la fabrique identitaire."
Christian Bouquet, "Conflits et risques de conflits liés à l'eau en Afrique", pp. 341-362.
"On dit que l’eau sera, bien plus que le pétrole, l’enjeu géopolitique majeur du XXIe siècle. S’il est difficile de le démontrer, force est bien de constater que la raréfaction de la ressource d’une part, et la configuration de sa disponibilité d’autre part, sont conflictogènes.
Dans le cas particulier du continent africain, les grands bassins versants du Nil, du Niger et du Tchad, partagés entre de nombreux États de puissance inégale, sont le théâtre d’une hydro-diplomatie peu efficace, voire inquiétante. Le projet de transfert massif d’eau du bassin du Congo à celui du Tchad induit des conséquences socio-économiques et environnementales qui portent les germes de crises graves.
Quant à la marchandisation de l’eau potable, décidée en 1992, elle pourrait être le déclencheur, dans le contexte d’extrême pauvreté que connaît l’Afrique, de conflits sociaux susceptibles de dégénérer en guerres civiles si les inégalités perdurent."
Jean-Claude Marut, "A l'Ouest, quoi de nouveau ? Les obstacles à la paix en Casamance", pp. 363-376.
"Alors qu’à l’autre extrémité du continent (au Sud-Soudan) un conflit du même type a trouvé une issue politique, aucune perspective de négociation n’est en vue pour mettre un terme au conflit séparatiste de Casamance : quelques centaines de maquisards y tiennent tête depuis bientôt 30 ans à l’armée sénégalaise, ce qui fait de ce conflit l’un des plus longs, sinon le plus long qu’ait connu l’Afrique depuis les Indépendances.
Son origine renvoie à des conflits sociaux et identitaires qui dégénèrent en conflit violent faute d’espace public de débat. Et son histoire est celle d’un conflit nationaliste simple au départ, mais qui devient rapidement complexe par son enchevêtrement avec des rivalités internes et externes, dans lesquelles les acteurs cherchent à s’instrumentaliser.
À l’inverse de ce qui s’est passé au Sud-Soudan, la rébellion ne bénéficie d’aucun soutien de la communauté internationale, et a perdu beaucoup de ses soutiens initiaux. C’est d’ailleurs, paradoxalement, l’évolution des rapports de force en faveur de l’État sénégalais qui conduit à l’impasse actuelle. Leur sentiment de supériorité incite en effet les responsables dakarois à nier la réalité politique du conflit et de ses causes, à tout faire pour ne pas avoir à négocier, et donc à le laisser pourrir, quelles qu’en soient les conséquences pour les Casamançais et les risques pour le Sénégal. Une telle posture ne laisse guère d’autre choix aux radicaux de la rébellion que de chercher à modifier le rapport de forces par les armes pour imposer une négociation."
Agathe Maupin, "Le bassin transfrontalier du fleuve Zambèze en Afrique australe : des eaux conflictuelles ?", pp. 377-398.
"L’accord de 2004 sur la création de la commission de bassin transfrontalier du Zambèze devait obtenir les six ratifications des huit États riverains qui sont requises pour son entrée en vigueur dans le bassin du fleuve Zambèze. Le Zimbabwe, la Tanzanie et le Malawi ont fait durer cet événement durant six ans. La Zambie, qui n’a ni signé, ni ratifié l’accord, risque aujourd’hui d’être contrainte par cette majorité. Il est intéressant de revenir sur les tensions autour de la gestion des ressources en eau, notamment en termes de partage des eaux du Zambèze, et de leurs bénéfices. Plusieurs conflits se renforcent au sein de ce bassin transfrontalier notamment lorsque les intérêts interétatiques ne parviennent pas à trouver de terrain d’entente. C’est particulièrement le cas autour de grands projets de construction d’infrastructures comme les barrages, surtout lorsque ces derniers sont de surcroît destinés à la production d’hydroélectricité, jugée nécessaire au développement régional. Les barrages du bassin du Zambèze se présentent ainsi comme de véritables infrastructures conflictuelles cristallisant de nombreux enjeux à plusieurs échelles."
Bénédicte Thibaud, "Enjeux conflictuels autour de la ressource. Le cas de la réserve des éléphants du Gourma (Sahel mahélien)", pp. 399-411.
"Dans un contexte de péjoration des conditions climatiques au Sahel, il semble difficile de concilier les impératifs de la protection environnementale et les besoins des communautés locales quand les ressources naturelles se raréfient. Au Mali, alors que sont mises en place des aires de conservation, les tensions s’accroissent entre les hommes et l’un des derniers grands troupeaux d’éléphants d’Afrique occidentale. L’extension des surfaces cultivées, au détriment des parcours de migration des pachydermes, se traduit par la disparition des espaces tampons entre les deux groupes et, au fur et à mesure que les espaces d’occupation, autrefois bien différenciés, tendent à se rejoindre, les conflits se multiplient."
Didier Galibert, "Rigidités et « glocalisation » : un regard anthropologique sur la crise malgache (2009-2011)", pp. 413-426.
"La “crise” malgache constitue un paroxysme d’instabilité politique structurelle, installé depuis près de trois ans. Depuis février 2009, elle a suscité un faisceau de tractations nationales avortées, associées à de nombreuses missions internationales associant les bailleurs de fonds occidentaux et l’ensemble des organisations intergouvernementales africaines à vocation régionale ou continentale. La figure de l’homme providentiel doit être replacée dans une durée historique transversale par rapport au moment colonial. Cet acteur central constitue un “lieu” de mémoire, facteur d’originalité par rapport aux régimes militaires africains antérieurs aux transitions démocratiques. La crise de 2009-2011 s’inscrit ainsi dans une tendance lourde de l’exercice du pouvoir, la présidence restant mal détachée de la mémoire symbolique des monarchies traditionnelles, bien antérieures à la colonisation. Dans le temps court, la crise s’inscrit dans un processus nouveau de désinstitutionnalisation générale de la société, créant le risque d’un basculement de l’État malgache dans la catégorie des États fragiles, sans réelle capacité de polarisation de leur territoire. Il s’agit enfin d’examiner la réalité et les limites de l’hypothèse d’une reconfiguration géopolitique du Sud-ouest de l’océan Indien, caractérisée par la dilatation maritime d’une Afrique australe polarisée par l’Afrique du Sud."
Marine Le Ster, "Les liens entre conflits et environnement", pp. 429-434.
Marine Le Ster, "L'Est de la République Démocratique du Congo : « scandale géologique » au scandale politique, économique, humanitaire…", pp. 435-438."Aujourd’hui, l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) représente une zone de non-droit : le gouvernement n’y exerce plus son autorité, les Seigneurs de guerre ont la mainmise sur les activités économiques. Ces dernières se concentrent autour du trafic illégal des ressources minières orchestré par des rebelles congolais, et profitent principalement au Rwanda, à l’Ouganda et aux multinationales des pays développés. Le pillage de ces richesses naturelles finance le trafic d’armes et nourrit ainsi le conflit qui perdure depuis la fin des années 1990. (...)"
Mélodie Crampon, "« Zones grises » dans les régions du Sud-Soudan et du Darfour", pp. 439-442.
"Afin de mieux comprendre la situation actuelle du Soudan, il est indispensable de revenir sur la période coloniale, sous l’empire britannique. Le pays est situé à la frontière du monde arabo-musulman, au Nord, et du monde noir africain, au Sud. Durant l’occupation, le clivage Nord/Sud a été délibérément renforcé. En effet, les territoires du Nord du pays ont été mis en valeur par le développement de la culture du coton destinée à l’exportation, lui permettant ainsi de jouir d’ouvertures économique et culturelle sur l’extérieur, tandis que le Sud fut laissé dans un état d’isolement (notamment parce que les sols étaient impropres à l’irrigation). (...)"
Moustapha Cisse Fall, "Exploitation du pétrole et rébellions dans le delta du Niger", pp. 433-444."Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent africain, est en proie à divers conflits depuis plusieurs décennies (guerre du Biafra dans les années 1960, contentieux avec le Cameroun voisin sur le tracé des frontières, tensions entre musulmans et chrétiens à l’intérieur du pays, etc.). (...)"
Clémence Pernin et Houari Sayad, "Le Sahel : terrain de jeu d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)", pp. 445-446.
"Al-Qaïda au Maghreb Islamique, aujourd’hui appelé AQMI, est une organisation terroriste créée le 25 janvier 2007 et placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, de l’Australie et de la Russie, à cause de sa relation directe avec le mouvement islamiste Al-Qaïda, ce dernier fondé par le cheik Abdullah Yusuf Azzam (assassiné en 1989) et son élève Oussama Ben Laden(mort le 2 mai 2011 au Pakistan) en 1987. (...)"
NOTICES
Marine Le Ster, "Les liens entre conflits et environnement", pp. 429-434.
"Depuis les années 1990, la recherche du lien entre l’environnement et les conflits fait débat. Les principales théories sont ici développées : la compétition pour des ressources naturelles s’amenuisant, ou la lutte pour le contrôle de ressources clés abondantes. Mais finalement, le contexte environnemental est‑il si déterminant dans l’émergence de violences armées ? (...)"
Marine Le Ster, "L'Est de la République Démocratique du Congo : « scandale géologique » au scandale politique, économique, humanitaire…", pp. 435-438."Aujourd’hui, l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) représente une zone de non-droit : le gouvernement n’y exerce plus son autorité, les Seigneurs de guerre ont la mainmise sur les activités économiques. Ces dernières se concentrent autour du trafic illégal des ressources minières orchestré par des rebelles congolais, et profitent principalement au Rwanda, à l’Ouganda et aux multinationales des pays développés. Le pillage de ces richesses naturelles finance le trafic d’armes et nourrit ainsi le conflit qui perdure depuis la fin des années 1990. (...)"
Mélodie Crampon, "« Zones grises » dans les régions du Sud-Soudan et du Darfour", pp. 439-442.
"Afin de mieux comprendre la situation actuelle du Soudan, il est indispensable de revenir sur la période coloniale, sous l’empire britannique. Le pays est situé à la frontière du monde arabo-musulman, au Nord, et du monde noir africain, au Sud. Durant l’occupation, le clivage Nord/Sud a été délibérément renforcé. En effet, les territoires du Nord du pays ont été mis en valeur par le développement de la culture du coton destinée à l’exportation, lui permettant ainsi de jouir d’ouvertures économique et culturelle sur l’extérieur, tandis que le Sud fut laissé dans un état d’isolement (notamment parce que les sols étaient impropres à l’irrigation). (...)"
Moustapha Cisse Fall, "Exploitation du pétrole et rébellions dans le delta du Niger", pp. 433-444."Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent africain, est en proie à divers conflits depuis plusieurs décennies (guerre du Biafra dans les années 1960, contentieux avec le Cameroun voisin sur le tracé des frontières, tensions entre musulmans et chrétiens à l’intérieur du pays, etc.). (...)"
Clémence Pernin et Houari Sayad, "Le Sahel : terrain de jeu d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)", pp. 445-446.
"Al-Qaïda au Maghreb Islamique, aujourd’hui appelé AQMI, est une organisation terroriste créée le 25 janvier 2007 et placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, de l’Australie et de la Russie, à cause de sa relation directe avec le mouvement islamiste Al-Qaïda, ce dernier fondé par le cheik Abdullah Yusuf Azzam (assassiné en 1989) et son élève Oussama Ben Laden(mort le 2 mai 2011 au Pakistan) en 1987. (...)"
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