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lundi 19 janvier 2009

Gaza-ville, espace vécu


Olivier Kempf propose un article sur "La guerre de Gaza, vu du Hamas", renversant ainsi le point de vue d'analyse, en analysant avec précision les objectifs militaires et politiques de cet autre belligérant. On peut également se poser la question de ce que représente Gaza-ville en fonction des différents acteurs dans cette guerre. (On retrouvera également les nombreuses analyses proposées sur les blogs Mars attaque et Historicoblog sur le déroulement de la guerre. Voir également la chronologie heure par heure du conflit proposée par Le Nouvel Observateur).



Gaza-ville : une ville-cible pour l'armée israélienne
Les autorités israéliennes ont affirmé qu'il n'était pas question d'occuper Gaza-ville. Il s'agit avant tout de détruire l'appareil militaire du Hamas. Les autorités militaires ont donc déclaré qu'il exitait, pour eux, deux villes de Gaza : une "Gaza d'en haut" (dans laquelle vit la population civile qui n'est pas considérée comme la cible de l'armée israélienne) et une "Gaza d'en bas" (dans laquelle "se terrent" les forces du Hamas, véritable ennemi déclaré des autorités isréaliennes, contre lequel a été déclenché cette guerre). Cette distinction explique, en partie, la vision stratégique d'Israël : il ne s'agit pas d'anéantir la ville en tant que géosymbole, on ne peut pas parler ici d'urbicide. Gaza-ville est donc une ville-cible dans la stratégie militaire du Tsahal, ou plus exactement, certaines parties de la ville sont ciblées comme centres névralgiques de la puissance militaire du Hamas (centres décisionnels, appareils militaires...). La distinction entre deux villes, une "Gaza d'en haut" et une "Gaza d'en bas", montre l'importance du ciblage. "Toute action visant une cible doit tenir compte de son environnement géographique car ce dernier a sur elle une influence, positive ou négative. Les actions menées contre des cibles ont également des conséquences sur l'environnement" (Paul-David Régnier, 2008, Dictionnaire de géographie militaire, CNRS Editions, Paris, p. 47). Les infrastructures visées sont insérées dans le tissu urbain (comme le montre l'exemple des tunnels creusés sous la ville de Rafah au sud de la bande de Gaza, visés par des bombardements massifs dans l'opération "Plomb durci", pour empêcher un ravitaillement en armes depuis l'Egypte).





Gaza-ville : une ville à défendre pour le Hamas
Le point de vue de l'autre belligérant est, évidemment, opposé. La conception de la ville dans leur stratégie également. Pour le hamas, Gaza-ville est une ville à protéger de l'extérieur comme de l'intérieur. De l'extérieur, contre les attaques ciblées de l'armée israélienne qui visent la destruction de l'appareil militaire du Hamas, ainsi que la protection de la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte afin d' "enclore" la bande de Gaza et assurer sur contrôle. De l'intérieur également, contre les partisans du Fatah d'une part, et contre la population "dissidente" d'autre part. Le Fatah ("mouvement palestinien de libération") et le Hamas sont 2 adversaires politiques qui se disputent le contrôle des Territoires palestiniens. "La guerre à Gaza est aussi le résultat du conflit qui oppose les deux organisations au pouvoir du côté palestinien : le Fatah et le Hamas. Surtout depuis les élections de 2006, remportées par le Hamas, les affrontements armés entre les deux ont paralysé la vie politique de l'Autorité palestinienne" (voir Aude Signoles, "Hamas-Fatah : la fracture des Territoires", L'état de la mondialisation 2009, hors-série n°6 d'Alternatives internationales, décembre 2008, pp. 140-141). La population civile est également un "adversaire" dans la mesure où les désaccords de celle-ci quant aux actions du Hamas peuvent remettre en cause son appropriation territoriale et politique sur la bande de Gaza. Défendre la ville de Gaza relève donc de multiples enjeux : un objectif militaire (contre Tsahal), un objectif politique (contre le Fatah), un objectif médiatique (vis-à-vis de l'opinion publique internationale, de l'ONU et des organisations humanitaires), et un objectif psychologique (vis-à-vis de la population de la bande de Gaza et de son soutien).






Gaza-ville : une ville dans laquelle survivre pour la population
Dans son bog pédagogique (Histoire-Géographie Terminale S-ES-L), M. Augris a montré les difficultés de vivre dans la bande de Gaza, avant la guerre : 66 % du budget des ménages de Gaza est consacré à l'alimentation en 2008, ce qui montre la pauvreté de la population dans ce territoire clos, et très densément peuplé. "Le taux de pauvreté y est en effet de 51,8% (contre 19% en Cisjordanie). Ceux qui ont déjà fait des sciences sociales savent que la part des revenus consacrée à l'alimentation est d'autant plus faible que le revenu est élevé. C'est l'une des lois d'Engel. La destruction des infrastructures ne devrait pas améliorer cette situation...". Le quotidien à Gaza-ville est marqué par un très fort taux de chômage et une grande pauvreté. L'économie est sinistrée dans la bande de Gaza : "la plupart des Gazaouis disposent de moins de deux dollars par jour et environ 80 % dépendent de l'aide alimentaire , selon des organisations humanitaires" ("Gaza - La dégradation des conditions de vie", France Soir, mercredi 14 janvier 2009). Pour la population civile, Gaza-ville est une ville dans laquelle il faut survivre avant tout. La question de la fin de la guerre posera également celle du coût des destructions.






Des vidéos à consulter sur France 24 pour suivre le déroulement de la guerre à Gaza-ville :


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Intéressant billet sur ce qui constitue, si j'ai bien suivi jusque là votre blog, votre spécialité...
Merci de m'avoir cité.

Je lirai également certains de vos liens avec attention.

Anonyme a dit…

Bon résumé d'une situation complexe et bon courage pour la suite.