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samedi 18 octobre 2008

Nourrir les hommes : une question géographique


La nouvelle question au CAPES d'histoire-géographie et à l'agrégation de géographie concerne "Nourrir les hommes". Une problématique également au programme de Seconde. A cette occasion, 2 manuels consacrés aux concours viennent de paraître. Un autre ouvrage collectif est prévu pour le mois de novembre aux Editions du Temps. 2 autres ouvrages doivent également arriver prochainement en librairie : celui de Jean-Paul Charvet (Produire pour nourrir les hommes au XXIème siècle : les grands marchés agricoles, aux éditions SEDES) et la réédition de l'ouvrage de Sylvie Brunel (Nourrir les hommes, aux éditions Bréal, collection Amphi). Un dictionnaire écrit par L. Roudart, J. Marie et C. Cerdan doit également paraître ces prochains jours. Enfin, un ouvrage de Gilles Fumey intitulé Géopolitique de l'alimentation paraîtra en novembre (chez Sciences Humaines Editions).

Une présentation rapide de ces 2 ouvrages récents (il ne s'agit, bien évidemment, pas là d'une bibliographie exhaustive, mais de simples notes de lecture sur quelques ouvrages). A signaler, sur le blog "Actualité internationale" de la Librairie La GéoGraphie, vous pouvez retrouver les 4ème de couverture de quelques ouvrages plus anciens sur ces questions, dont celui de Sylvie Brunel Ceux qui vont mourir de faim ou celui de Christian Troubé Les nouvelles famines. Des catastrophes pas si naturelles.




Nourrir les hommes
sous la direction de Jean-Paul Charvet, Editions Sedes / CNED, collection CAPES-Agrégation Géographie, Paris, 2008, 318 pages.

Il s'agit d'un manuel de concours "classique" présentant des contributions d'enseignants-chercheurs spécialistes d'aires géographiques et de thématiques précises, chacun présentant un chapitre. L'introduction, écrite par le géographe Jean-Paul Charvet, (professeur de géographie à l'Université Paris 10, spécialiste des questions de géographie rurale et agricole, notamment auteur d'un numéro de La Documentation photographique, consacré à "L'agriculture mondialisée", n°8059, septembre/octobre 2007) pose les principales pistes de réflexion quant à la question " Nourrir les hommes" (sécurité alimentaire, système alimentaire ou agroalimentaire, modèles de consommation alimentaire) et refixe les principales définitions. Ainsi, il explique pourquoi l'alimentation "renvoie à 3 grands groupes de besoins fondamentaux des hommes et des sociétés humaines : des besoins quantitatifs, des besoins qualitatifs et des besoins hédoniques". Puis, il développe les différents stades d'évolution des systèmes alimentaires : stade agricole, stade artisanal, stade agro-industriel, stade agro-tertiaire. Enfin, il replace la question dans les contextes des différentes aires géographiques.

Le chapitre 1, "Evolutions récentes de la consommation, de la production et des échanges de produits alimentaires dans le monde", écrit par Jean-Paul Charvet, se focalise sur l'analyse des systèmes alimentaires et des modalités de consommation à l'échelle mondiale. La 1ère partie "Les évolutions récentes de la demande alimentaire" présente ainsi les enjeux d'une mondialisation des régimes alimentaires et de ses limites, puis aborde la question de la suffisance en termes de quantité (avec la question de la sous-alimentation) et de qualité (en termes de surnutrition et de manlutrition), posant ainsi le lien entre la question "Nourrir les hommes" et la géographie de la santé. Ensuite, Jean-Paul Charvet expose la question de la transition alimentaire et nutritionnelle, ce qui lui permet de développer un paragraphe sur les actions des Etats confrontés aux questions de sécurité alimentaire et leurs difficultés. La partie se termine par des développements sur les produits alimentaires à la disposition de consommateurs et de leurs cheminements avant d'atteindre les assiettes, puis sur les principaux facteurs d'accroissement de la demande alimentaire. La 2ème partie revient sur le question des "évolutions de la production agricole". Jean-Paul Charvet consacre ainsi des paragraphes aux facteurs de l'accroissement agricole à l'échelle planétaire, aux différents contrastes qui existent en termes de productivité agricole (introduisant notamment la question des OGM et leur développement), et au rôle des différents acteurs jouant sur l'économie mondiale : les firmes transnationales et les Etats (il revient sur la question des organismes internationaux plus tard). Enfin, la partie se termine sur "la question de la durabilité des agricultures". La 3ème partie présente "les évolutions récentes des échanges internationaux de produits agricoles et agroalimentaires" et présente les enjeux économiques du marché agroalimentaire mondialisé. Il revient ainsi sur les évolutions de cette mondialisation en termes économiques, en termes d'échanges et en termes de produits, sur le commerce équitable, et sur le rôle des organismes internationaux dans la libéralisation des échanges. Le chapitre se termine sur l'analyse détaillée d'un exemple de marché mondialisé : le blé.

Le chapitre 2, également écrit par Jean-Paul Charvet, présente une étude de cas sur "les systèmes alimentaires des pays du Nord". Il y présente les principales caractéristiques de ces systèmes alimentaires (intégration des systèmes économiques mondiaux, évolution technologique des agricultures, place de politiques "fortes" protégeant ces activités), l'originalité ses systèmes alimentaires de l'Union européenne (dans un contexte où les agricultures sont très différenciées, où l'agriculture est fortement intégrée à des logiques agroindustrielles et agrotertiaires, et où la politique est un outil soumis à des défis de plus en plus difficiles, avec notamment des développements sur les spécificités de la France), et le cas des systèmes alimentaires des Etats-Unis (présentant les divers espaces agricoles du pays, les différents systèmes qui en découlent, le soutien de l'Etat, les problèmes et les nouveaux défis pour cette agriculture subventionnée).

Le chapitre 3, écrit par la géographe Marie-Claude Claudel (directeur d'études à l'EHESS, spécialiste de la Pologne et de l'Europe centrale, auteur de La transition post-collectiviste, mutations agraires en Europe Centrale, Paris, l'Harmattan, collection Pays de l’Est, 1994, 368 pages ; et co-auteur avec G. Lacquement, de l'atlas Agriculture et ruralité en Europe centrale, Editions Aux lieux d'être, Paris 2007, 164 pages) présente "De nouveaux modèles agroalimentaires en Europe centrale et orientale". Elle y présente 3 parties développant les liens entre les mutations économiques de la filière agroalimentaire et les mutations géopolitiques récentes, la "re-diiférenciation des agricultures en Europe centrale et orientale" (insistant sur les structures agricoles et leurs actuelles évolutions) et les défis futurs pour "un fort potentiel de production encore partiellement inexploité" qui procèdent d'une "nouvelle géographie agricole". Ce chapitre permet d'aboder des exemples précis et détaillés, montrant à la fois les évolutions communes de l'Europe centrale et orientale, ainsi que les évolutions spécifiques de chacun des pays, tels que la Hongrie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Russie, la Roumanie, la Slovaquie, l'Ukraine.

Le chapitre 4, rédigé par Jean-Louis Chaléard (professeur de géographie à l'Université Paris 1 et spécialiste des questions agricoles et des Pays du Sud), présente "les systèmes agroalimentaires des pays du Sud". Il s'agit d'un chapitre développant les principaux processus, évolutions et défis liés à la question de l'alimentation et de l'agriculture dans les pays du Sud, introduisant en quelque sorte les chapitres suivants qui présentent des études de cas spécifiques. Le chapitre est fortement ancré dans l'analyse de la place des pays du Sud dans la mondialisation de l'agriculture, avec des développements sur les "faiblesses et dynamiques des systèmes agroalimentaires dans les pays du Sud" (montrant les difficultés dans ces pays pour nourrir les populations et les différentes ressources mobilisées pour les contrecarrer), sur le cas spécifique de l'Afrique subsaharienne (véritable enjeu dans la question "Nourrir les hommes", avec une agriculture paysanne en difficulté, une sous-alimentation et une malnutrition catastrophique à l'échelle du continent, et les tentatives de mutations des systèmes agroalimentaires dans un contexte de crise), et une étude de cas sur les systèmes agroalimentaires andins (qui analyse la zone andine constituée de la Bolivie, de la Colombie, de l'Equateur et du Pérou, confrontée à des défis multiples entre une ouverture aux marchés mondiaux et de profondes inégalités internes entre les régions).

Frédéric Landy (professeur de géographie à l'Université Paris 10, et auteur de l'ouvrage Un milliard à nourrir. Grain, territoire et politiques en Inde, Belin, collection Mappemonde, Paris, 2006, 270 pages) propose, dans le chapitre 5, une analyse sur "Nourrir 2,5 milliards de personnes, plus et mieux : les défis de l'Inde et de la Chine". Ce chapitre analyse ainsi les défis des 2 pays les plus peuplés au monde, qui ont évolué différemment. Tandis que l'Inde semble en retard, la Chine est en pleine transition alimentaire. Il évalue ainsi les différentes logiques de conosmmation dans ces pays, les modes culturels d'alimentation, la place très forte des politiques dans la question de la sécuritaire alimentaire tout comme dans l'intégration aux échanges économiques mondialisés, les structures agroalimentaires, le rôle de la "révolution verte", ainsi que les processus inégalitaires qui se mettent en place dans les sociétés indienne et chinoise.

Dans le chapitre 6, le géographe Hervé Théry (directeur de recherche au CNRS-Credal, spécialiste du Brésil et de l'Amérique latine) présente "les évolutions des systèmes agroalimenaires dans les pays du Mercosur". Ce chapitre régionale est l'occasion de montrer l'impact de l'analyse mulscalaire pour comprendre les enjeux qui affectent la zone, tant dans le défi de s'intégrer aux marchés mondiaux que dans celui de nourrir les populations locales. Le chapitre se divise en 2 parties : la 1ère présentant les enjeux globaux pour cette zone, la 2ème étant consacrée à l'étude de cas du Brésil, illustrée par de très nombreuses cartes, qui permettent d'aborder les inégalités spatiales qui émergent au sein de ce pays entre les différentes régions, et ainsi d'aboutir à un développement sur le lien entre l'agriculture et la violence dans le pays, montrant les enjeux du MST (le "mouvement des sans-terre") dans une analyse multifactorielle.

Le chapitre 7 change de registre : Gilles Fumey (maître de conférences à l'Université Paris 4, spécialiste de la géographie de l'alimentation, co-auteur avec Olivier Etcheverria de L'Atlas mondial des cuisines et des gastronomies, Autrement, Pairs, 2004, 79 pages ; et auteur d'un ouvrage à paraître en novembre 2008 Géopolitique de l'alimentation) propose un chapitre sur "L'alimentation de qualité"dans lequel il analyse les acteurs, les évolutions des systèmes productifs, les images et leurs messages (à l'heure des crises sanitaires) qui sont impliqués dans la demande d'une alimentation de qualité, de plus en plus prégnante dans les pays du Nord, mais également émergente dans les pays du Sud. La question de la perception y est particulièrement développée, revenant ainsi sur les impacts des diverses crises alimentaires, l'analyse des différentes filières de production, la notion de luxe dans l'alimentation, la problématique de la traçabilité...

Enfin, le chapitre 8, rédigé par François Carré (professeur de géographie à l'Université Paris 4, spécialiste de la géographie de la mer), présente la place des "produits aquatiques dans l'alimentation des hommes". Cette analyse offre un regard original, présentant un produit souvent peu étudié dans la question de l'alimentation (on retrouve plus souvent des expertises sur la question du riz, du maïs ou du blé). François Carré présente ainsi le poisson comme "une nourriture humaine traditionnellement secondaire", en revenant sur l'image et la place du poisson dans les différents modes d'alimentation de par le monde et la place de plus en plus importante prise par l'aquaculture dans la consommation en poisson (qui dépasse depuis peu la consommation de poissons pêchés). Le chapitre aborde ensuite la question de la consommation et de la commercialisation des produits aquatiques, montrant que la place du poisson peut être traditionnelle dans certains modes de consommation - notamment au Japon - mais que le poisson devient un produit de luxe dans d'autres modes alimentaires - et l'on pense à la place du poisson dans l'alimentation française. Néanmoins, François Carré note le développement de ce marché alimentaire à l'échelle mondial et et analyse les enjeux. Le chapitre se conclut sur les enjeux actuels de la pêche et de l'aquaculture.

A noter : à côté des très nombreux articles du FIG 2004 consacré à la question Nourrir les hommes, nourrir le monde, celui co-écrit par Jean-Paul Charvet et Hervé Théry, pour le FIG 2006 Les géographes redécouvrent les Amériques, qui restitue (avec de nombreuses cartes) leur conférence sur "le face à face de 2 géants agricoles sur les marchés mondiaux : Etats-Unis/Brésil", qui complète cet ouvrage dans lequel on peut regretter qu'aucune étude de cas spécifique des relations Nord-Sud soit abordée dans les détails, ou que les problématiques de géographie politique - notamment la question de l'arme alimentaire dans les conflits - soient peu développées. On peut regretter également de ne pas y voir figurer explicitement un chapitre consacré à la question des villes et de leurs problématiques spécifiques, notamment dans un contexte fortement marqué par les émeutes de la faim (mais il s'agit là très certainement d'une "déformation professionnelle" et d'un intérêt personnel pour la question des villes !).

Le chapitre 1, rédigé par Jean-Paul Charvet un des plus grands spécialistes de la question, constitue une 1ère approche de la question très complète, qui permet de refixer l'ensemble des questions abordées par la thématique "Nourrir les hommes". Les autres chapitres sont enrichis par des cartes nombreuses dans certains chapitres, claires et précises, qui permettent d'aborder les différentes échelles de l'analyse. Les auteurs sont tous d'incontestables spécialistes des thématiques ou des aires abordées, ce qui permet d'appréhender la pensée de quelques-uns des spécialistes de la géographie sur cette question ou sur des aires particulières.




Nourrir les hommes (manuel et dissertations corrigées)
sous la direction de Gabriel Wackermann, Ellipses, collection CAPES/Agrégation, Paris, 264 pages.

Contrairement aux éditions précédentes des questions de concours, Gabriel Wackermann (professeur émérite de l'Université Paris 4) a fait le fait, pour "Nourrir les hommes", de réunir ce qui constitue habituellement 2 ouvrages : le manuel et les dissertations corrigées, dans un même ouvrage. Un choix réussi avec un ouvrage qui se présente sous forme de fiches posant des pistes de réflexion sur une multitude de thèmes et d'aires géographiques. L'ouvrage se décompose en 4 parties, et est un collectif d'auteurs qui ont rédigé chacun un ou plusieurs chapitres et/ou dissertations corrigées.

La 1ère partie, entièrement rédigée par Gabriel Wackermann, est consacrée à la "Problématique d'ensemble", présentant ainsi les différents enjeux de la question "Nourrir les hommes". Le 1er chapitre intitulé "Aperçu géopolitique" analyse les liens entre l'alimentation, le contexte géo-économique mondialisé, les enjeux de la puissance, la pauvreté, les catastrophes sociales, les crises, les émeutes, les conflits et les guerres alimentaires. Ce chapitre permet de replacer les nombreux concepts impliqués par la question "Nourrir les hommes", tels que la mondialisation, les dynamiques économiques, les enjeux des échanges mondiaux, la place de l'agriculture dans la puissance des Etats, les crises alimentaires, les émeutes de la faim... Le 2ème chapitre consacré aux "disparités sociétospatiales et enjeux" cherche à montrer les enjeux de la mondialisation et les réseaux articulant les marchés mondiaux. Le 3ème chapitre "alimentation humaine et développement durable" est l'occasion pour Gabriel Wackermann de poser quelques problématiques liant 2 questions actuellement aux concours : "Nourrir les hommes" et "Développement durable". Quelques pistes sont posées autour des questions de gaspillages, de protections environnementales, de lutte contre la sous-alimentation, de biocarburants, ainsi que sur les moyens de répondre à ses enjeux à travers les politiques et les évolutions des structures alimentaires.

Gérard-François Dumont (professeur de géographie à l'Université Paris 4, spécialiste de la géographie de la population et de démographie) a rédigé les 3 chapitres de la 2nde partie consacrée à "Populations et nutritions". Le 1er chapitre "Les disparités géodémographiques de l'alimentation dans le monde" dresse un portrait de la situation démographique et alimentaire dans les pays en développement. Il est suivi d'une dissertation rédigée par Gérard-François Dumont posant la queston : "Les causes de la sous-alimentation dans le monde sont-elles démographiques ?". Le 2ème chapitre est consacré aux "facteurs des inégalités alimentaires dans le monde", et aborde la question de la sous-alimentation en soulignant le caractère multifactoriel (notamment à travers la densité, et les structures alimentaires) et multiscalaire de cette situation. Gérard-François Dumont propose une autre dissertation sur "le principe de population de Malthus, annonçant une sous-alimentation, s'est-il appliqué ?" qui permet avant tout de replacer la théorie de Malthus dans son contexte et de connaître son contenu. Le 3ème chapitre, "Perspectives démographiques et besoins alimentaires dans le monde" fait part de prospective et analyse les enjeux futurs en termes de croissance démographique et de nutrition à l'échelle mondiale. La partie s'éachève avec 2 dissertations proposées par Jean-Pierre Paulet (professeur émérite de l'Université de Nice) : "Abondance et pénurie alimentaire mondiale" et "Agriculture et crise alimentaire mondiale".

La 3ème partie, intitulée "aspects sectoriels", regroupe plusieurs auteurs qui décryptent les principaux enjeux pour des thématiques spécifiques. Dans le 1er chapitre, intitulé "Les nourrirtures urbaines : essai sur une alliance vitale, au fil du temps et des espaces, approche mondiale comparée, Claude Chaline (professeur émérite à l'Université Paris 12, spécialiste des questions de géographie urbaine et d'aménagement) montre le lien entre la ville et la question de son approvisionnement alimentaire, à l'échelle planétaire, en s'attardant tout particulièrement sur le rôle des acteurs. Le chapitre 2, rédigé par Jérôme Ballet et Aurélie Carimentrand (respectivement maître de conférences et doctorante en économie, auteurs d'un ouvrage sur Le Commerce équitable, Ellipses, collection Transversales Débats, Paris, 2007) pose la question du lien entre "Commerce équitable et sécurité alimentaire ?". Il s'agit là d'un chapitre profondément ancré dans un point de vue économique, qui pose des bases de réflexion pour les géographes, telles que les principes, le fonctionnement, les acteurs et les impacts du commerce équitable. Guy Baudelle (professeur de géographie à l'Université de Rennes 2) et Michel Deshaies (professeur à l'Université de Nancy) proposent, dans le 3ème chapitre, une analyse du lien entre "Ressources, peuplement et perspectives alimentaires sur le globe". Ils reviennent sur un débat sociétal actuel : la "question controversée du déséquilibre entre ressources alimentaires et peuplement", et montrent la part des idées reçues et la part des enjeux réels entre l'évolution de la croissance démographique et celle de la croissance de la production alimentaire en fonction des différents usages de ressources. Ils proposent également une dissertation sur "Accroître l'espace cultivé : une réponse nécessaire et suffisante aux besoins alimentaires du XXIe siècle ?". Jérôme Verny (professeur associé en transports et logistique au groupe ESC de Rouen) développe des pistes de réflexion autour de "La logistique humanitaire, levier de performance de l'approvisionnement des populations". Complétant ainsi les ouvrages sur l'action humanitaire dans le domaine de l'alimentation (et notamment Géopolitique de la faim. Faim et responsabilités, Action Contre la Faim, PUF, Paris, 2004, 245 pages), il propose une analyse des acteurs dans les chaînes logistiques des missions humanitaires à des fins alimentaires. Jacques Marcadon (professeur émérite de l'Université de Nantes) complète le panel de l'analyse du lien entre les transports et la question alimentaire dans un chapitre présentant "Le transport maritime et l'approvisionnement alimentaire de l'humanité", consacré à l'analyse de la place et des acteurs de la diffusion des produits alimentaires dans les transports maritimes.

La 4ème partie se consacre à l'analyse des "Aspects spatiaux". Après une partie revenant sur différentes thématiques, il s'agit là de chapitres qui mettent en perspective différentes aires géographiques et les enjeux différenciés de la question de l'alimentation dans ces aires régionales. Le 1er chapitre "Nourrir le continent américain, le nord et le sud", rédigé par Yavn Bertin (porfesseur agrégé du secondaire), offre une perspective de l'ensemble du continent américain, posant la question des contrastes, des échanges et de l'importance de la question alimentaire dans les relations Nord-Sud. Le 2ème chapitre, "Sécurité alimentaire et souveraineté alimentaire en Amérique latine et dans les Caraïbes : une approche du droit international de l'économie" analyse les tensions et les conflits autour de la question alimentaire dans un espace sous-tension : Pierre-Yves Chicot (maître de conférences en Droit public à l'Université des Antilles et de la Guyane) revient ainsi sur les questions de sécurité et de souveraineté alimentaires dans une région particulièrement marquée par les émeutes de la faim (comme à Haïti) ou les violences liées à l'utilisation des terres (avec, par exemple, le mouvement des sans-terre - MST - au Brésil). Gérard-François Dumont propose ici une dissertation sur "Le poids économique de l'agriculture s'est-il effondré dans les pays développés ?". Le 3ème chapitre, rédigé par Mathieu Mérino (chercheur au CREPAO, Université de Pau et des Pays de l'Adour), pose la question de "La sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne", montrant ainsi les facteurs de la malnutrition chronique pour une part importante de la population de cette région, le développement risque alimentaire dans les villes subsahariennes (notamment avec la question des émeutes de la faim, et la place de la famine comme instrument des politiques. Il propose ensuite une dissertation sur "L'insuffisance d'eau menace-t-elle les populations d'Afrique subsaharienne ?". Le 4ème chapitre pose la "Problématique de l'alimentation humaine dans les milieux secs : état des lieux". Monique Mainguet (professeur émérite de l'Université de Reims) et Frédéric Dumay (ingénieur au laboratoire Géographie zonale pour le développement à l'Université de Reims) se posent la question du lien entre environnement, situation alimentaire, utilisation de l'espace et maîtrise de la ressource dans les milieux secs. Gabriel Wackermann complète les derniers chapitres par 2 courts dossiers documentaires sur "Populations africaines et nutrition" et "Nourrir l'Inde et la Chine". Le 5ème chapitre, rédigé par Eric Lambourdière et Elsa Corbin (tous 2 maîtres de conférences à l'Université des Antilles et de la Guyane), analyse "les enjeux logistiques des systèmes urbains d'approvisionnement et de distribution alimentaire dans l'aire Asie-Pacifique", et montre les enjeux de la croissance urbaine et la question de l'approvisionnement alimentaire. Jacques Marcadon propose une dissertation sur "Les ports français dans l'approvisionnement alimentaire du monde".

Cet ouvrage offre donc une 1ère approche : il s'agit de chapitres très courts, sous forme de fiches, qui posent quelques pistes de lecture autour de la situation mondiale, de quelques thématiques et de quelques aires régionales. Il s'agit là d'un manuel ne cherchant pas à être exhaustif sur une question aussi large, mais à drainer le panel des problématiques géographiques autour des enjeux alimentaires, et ce à plusieurs échelles. Les illustrations y sont nombreuses, même si l'on regrettera toutefois qu'elles soient parfois un peu trop réduites, limitant leur lisibilité.



Des ouvrages qui n'abordent pas la question de la même façon, et ne répondent pas aux mêmes attentes : celui dirigé par Gabriel Wackermann pose les principales problématiques et pistes de réflexion, tandis que celui dirigé par Jean-Paul Charvet recouvre quelques aspects de la question très approfondis par des spécialistes. Ils sont donc complémentaires : l'un proposant une 1ère prise de connaissance avec la question à partir de courtes fiches, l'autre offrant un réel approfondissement avec des articles détaillés et bien illustrés par des spécialistes des aires géographiques ou des thématiques.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Merci pour cette présentation de deux manuels qui nous seront sans doute fort utiles...

Stéphane Mantoux.

Anonyme a dit…

Un grand bravo pour ce blog et votre site qui sont très documentés et bon courage pour la thèse !!! ;)