Voici quelques billets rédigés dans le cadre des deux journées d'études "Ville et bande dessinée" (voir les podcasts de cette journée d'études) et "Violence et bande dessinée" du Laboratoire junior Sciences dessinées (ENS-Lyon), à partir d'un manga peu connu, Ethnicity 01. Si, par son scénario, ce manga n'est pas un "incontournable", le choix de discuter de la représentation de l'espace dans la bande dessinée par le prisme de ce manga a pour objectif de montrer comment, en décryptant une oeuvre, on peut discuter d'éléments fondateurs dans l'imaginaire spatial collectif, notamment de l'urbaphobie telle qu'elle apparaît dans la représentation d'une ville imaginaire, au prisme d'une géographie de la guerre et d'une géographie de la ville vulnérable. Ce manga, qui se présente comme une dystopie, propose un monde imaginaire post-catastrophe : la ville, présentée à la fois comme sanctuaire et comme menace, est un espace de la domination et de l'enfermement. Les frontières urbaines dessinent une géographie de l'exclusion la plus extrême. C'est donc par le prisme des liens entre ville et violences que ces billets discutent de la représentation de l'espace dans la bande dessinée par le prisme du manga Ethnicity 01.
La cité fortifiée de Sensoram Source : Nobuaki Tadano, 2012, Ethnicity 01, tome 1, planches 2-3, Doki-Doki. |
"Comme de nombreuses oeuvres de science-fiction, la ville de Sensoram n’est pas seulement un espace-cadre de l’intrigue (une seule “scène de théâtre” que l’on pourrait intervertir avec un autre espace) : elle est avant tout un espace-support, c’est-à-dire que ses particularismes produisent un espace de vie, un espace politique, un espace social et/ou un espace culturel spécifique qui produisent des modes de vie, à partir desquels se noue l’histoire des protagonistes. C’est dans cette perspective que l’on va, dans ce billet, observer, Ethnicity 01. Le nom même de ce manga fait référence à la problématique de la ségrégation, et ce à plusieurs titres :
- l’ethnicité évoque des ségrégations spatiales fondées sur des critères de différenciation culturels et/ou politiques,
- le “01″ fait référence, comme dans de nombreux autres mangas de science-fiction (voir notamment le billet sur l’animé Code Geass), à un zonage de la ville (souvent dans des contextes de reconstruction, dans la ville post-catastrophe ou dans la ville post-conquête) où des quartiers sont anonymisés (pas de toponyme, mais un numéro de zone), parce qu’exclus de la ville."
Pour découvrir les billets : SÉRIE ETHNICITY 01
- 1/ Sensoram ou la ville post-catastrophe (introduction)
- 2/ Sensoram, géographie d'un enfermement et espaces de la domination
- 3/ Les "zones blanches" : les banlieues des bannis, espaces de violence
- 4/ La guerre, la ville et la carte
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