Voici le power-point présenté lors du colloque La représentation de la guerre dans les conflits récents : enjeux politiques, éthiques et esthétiques des 22-23 novembre 2012 à Bruxelles, qui invitait les participants à questionner les "différents moyens esthétiques mis en œuvre pour représenter la guerre : films, romans, récits, bandes dessinées, photographie, reportages".
"La notion de vérité est souvent au centre des préoccupations artistiques dans ce genre de représentation. L’œuvre ou les œuvres analysées reflètent-elles la ligne officielle du pays évoqué, ont-elles un rôle de propagande ou bien participent-elles à une critique franche ou déguisée de la politique du pays en question ? Quel impact alors peuvent-elles avoir sur l’opinion publique en général ? Comment peut-on évaluer l’usage trompeur des images et comment créer des images qui évoquent l’irreprésentable ? De quelle vérité s’agit-il ? Quelles sont les différences entre documentaires et productions d’œuvres d’art dans ce genre de thématique ? D’autre part, le rôle de l’art sous ses différentes formes est-il de toucher, d’indigner, de faire réagir, de divertir, d’exprimer la créativité de l’artiste ? Quel est le but recherché ? Touche-t-il les jeunes et de quelle façon ? Doit-il avoir un rôle moralisateur ou bien tout est-il permis au nom de la liberté artistique ? La représentation de la violence a-t-elle des limites ? Contribue-t-elle à une prise de conscience des jeunes générations des dérives possibles au niveau individuel ou collectif du déchainement des passions ? ou bien l’encourage-t-elle indirectement ? Telles sont quelques unes de questions que peut susciter la représentation de la guerre".
Penser les images de la ville en guerre :
allers-retours entre imaginaires et réalités
Analyser la géographie des conflits par les différentes médiances qui nous donnent à voir la guerre dans la ville permet de mettre en exergue les allers-retours entre imaginaires et réalités, entre discours politiques et pratiques de l'espace, entre idéologies spatiales et interprétations de ces idéologies. Construire
la ville en guerre comme objet de recherche contraint le chercheur à s’interroger
sur les prismes aveuglants qui "formatent" son regard vis-à-vis des
réalités de terrain. La "ville en guerre" existe avant la
confrontation au terrain, par la médiance médiatique (tant dans ses images que
dans les mots qui l’accompagnent), mais aussi par les prismes de la littérature, de la bande dessinée, des jeux vidéo… Les images des paysages de
ruines, les (ré)présentations artistiques ou médiatiques de la guerre urbaine
conditionnent ainsi les représentations et les perceptions du chercheur, mais
aussi celles des acteurs de la décisions, qu’ils soient locaux ou extérieurs.
Ainsi, en confrontant les notions d’urbicide et de mémoricide à la production
d’images de la guerre, il est possible de dessiner une géographie des espaces
de combat qui met en exergue les intentionnalités des différents acteurs en
armes et des acteurs de la paix : la construction de lieux de mémoire, la
destruction d’une partie du patrimoine culturel, relève d’un aller-retour
incessant entre l’imaginaire et la réalité, en construisant dans la ville en
guerre des lieux discursifs qu’il convient d’interroger. En s’appuyant sur des
études empiriques menées dans les villes d’Abidjan, Beyrouth, Mitrovica et
Sarajevo dans le cadre d’une thèse de géographie sur les villes en guerre, cette
proposition s’attache à montrer que les images de la guerre sont une partie
intégrante de la conflictualité : les destructions et les
(re)constructions visent à utiliser la médiance médiatique pour construire une
géographie de la haine ou une géographie de la (ré)conciliation, qui s’appuient
sur les lieux les plus symboliques de la guerre, c’est-à-dire ceux conçus par
les acteurs syntagmatiques comme "marquants" pour les habitants de
la ville en guerre, mais aussi pour les observateurs extérieurs. Ainsi, penser
les images de la ville en guerre dans les médias et dans les (re)présentations
artistiques permet de comprendre la symbolique des lieux, et d’apporter de
nouveaux éclairages sur la géographie des combats, sur les intentionnalités
politiques, sociales et identitaires, en mettant en perspective ce lien
incessant entre les discours, les décisions et le poids que ceux-ci ont dans
l’imaginaire collectif.
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