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lundi 31 octobre 2011

"Les lieux de mémoire dans la ville en guerre : un enjeu de la pacification des territoires" (Diploweb)



"Les lieux de mémoire ont été évoqués dans de nombreux travaux analysant leur rôle dans la construction d’une identité nationale. Néanmoins, par leur destruction ou leur construction, ces lieux de mémoire peuvent aussi être un enjeu de la dispute territoriale entre plusieurs populations, tant la mémoire peut être excluante et mettre en scène, dans la ville en guerre, le rejet de « l’Autre ». Cet article se propose ainsi de considérer les lieux de la ville au prisme de leur destruction, pensée géographiquement par les belligérants, pour effacer la mémoire de « l’Autre », détruire la mémoire collective, et construire une mémoire excluante. Du mémoricide aux monuments de la haine, c’est un enjeu de la pacification des territoires qui est ici observé au prisme des pôles structurant des territoires appropriés par une communauté en rejet de « l’Autre ».
"




Source de l'article : Tratnjek, Bénédicte, "Les lieux de mémoire dans la ville en guerre : un enjeu de la pacification des territoires", Diploweb, 31 octobre 2011, en ligne : http://www.diploweb.com/Geographie-des-conflits-Les-lieux.html




3 commentaires:

laterrebouge a dit…

Je trouve saisissant de voir à quel point les ex-Yougoslaves cherchent à prendre du recul sur leurs villes meurtries. Sauf erreur de ma part, j'ai le sentiment qu'il s'agit d'une attitude assez singulière : ailleurs, on a préféré oublier et reconstruire (Dresde, Berlin, Cambodge..).

Tratnjek Bénédicte a dit…

C'exact ! Il me semble que c'est lié à différents facteurs entremêlés :

- c'est une guerre civile, la part de la mémoire de l'identité collective d'avant-guerre est un des enjeux de guerre. La destruction choisie des bâtiments qui sont porteurs de l'identité de "l'Autre" mais aussi (et surtout) de l'identité d'un "Nous" collectif (quelque soit l'appartenance communautaire), ce que l'on a appelé l'urbicide, est un des moyens utilisés dans la guerre pour créer un impossible "vivre ensemble". De ce fait, la part de la reconstruction (à l'identique si l'on prend le cas du pont de Mostar par exemple ; ou dans le grandiose pour le pont de Mitrovica) visait à marquer le paysage de symboles de cette identité collective. La symbolique des lieux est d'une importance fondamentale dans les projets de reconstruction du bâti, dans la mesure où c'est l'identité collective qui était visée dans la guerre.

- de nombreux architectes (je pense notamment à Bogdan Bogdanovic, l'ancien maire de Belgrade, et au collectif Warchitecture) ont oeuvré pour penser cette reconstruction, pas seulement en termes de besoins matériels, mais aussi en termes de symbolique des lieux. Des expositions ont été organisées, des conférences prononcées, et leur rôle dans la réflexion sur les traces de la guerre (effacer/préserver, démolir/restaurer les ruines) me semble important dans cette appropriation de la symbolique des lieux dans la reconstruction. On est aussi à une autre époque dans l'histoire de l'urbanisme et de l'architecture, où la "modernité" ne s'impose pas dans le processus de reconstruction : il ne s'agit pas de démolir les ruines pour imposer des bâtiments (notamment résidentiels) "modernes", mais de prendre davantage en compte le vécu des habitants, ce lien social qui a été détruit par la destruction des espaces de rencontre...

- Le poids de la médiatisation des destructions de hauts-lieux comme la Bibliothèque de Sarajevo, le pont de Mostar, ou encore la vieille ville de Dubrovnik, a largement dépassé le cadre de l'ex-Yougoslavie, et de nombreux architectes étrangers se sont impliqués dans les projets de reconstruction, ont oeuvré également dans cette perspective de reconstruire le "vivre ensemble", ont fait part aussi des leçons que l'on pouvait tirer des expériences de villes détruites. Leur émotion et leur engagement ont aussi, me semble-t-il, participé à cette prise de conscience de la symbolique des ruines.

laterrebouge.fr a dit…

Merci pour ces éclaircissements. On retrouve là la recherche d'un équilibre entre la prise en compte de la population autochtone et l'apport extérieur (architectes étrangers, etc.). Cet équilibre limite certainement la possibilité d'un recours à une idéologie destructrice.