Jean-Pierre Payot, 2010, La guerre des ruines. Archéologie et géopolitique, Choiseul, Paris, 192 p.
"Rangé indifféremment sur les étals de géopolitique et sur ceux d’archéologie dans les librairies, ce classement témoigne de la nouveauté de cet ouvrage. La guerre des ruines est un ouvrage très original, qui se démarque fortement par son sujet : la dimension géopolitique de l’archéologie. Parce que si construire des édifices n’est pas neutre, les restaurer, les entretenir ou les détruire ne l’est pas non plus ! C’est de ce préalable que part Jean-Pierre Payot, pour retracer dans l’histoire les nombreuses utilisations politiques de l’archéologie dans la construction d’une identité ou dans l’affirmation d’un pouvoir. A tous ceux qui auraient pu croire jusqu’à maintenant que les édifices religieux « d’antan » n’avaient que des fonctions religieuses, que les hauts-lieux étaient forcément teintés de « divinité » et de « sacralité » ou encore que la restauration de ruines ne pouvait avoir pour cause qu’une grande passion pour l’archéologie et l’histoire, Jean-Pierre Payot rappelle combien les intérêts politiques se cachent toujours derrière de tels investissements en temps, en argent et en hommes. Mais surtout, il montre combien l’idée d’une utilisation politique de l’archéologie n’est pas neuve : restaurer des ruines pour asseoir son pouvoir sur l’idée d’une « légitimité » politique accordée par d’illustres prédécesseurs ou par des divinités n’a rien d’une « découverte » des contemporains. Mais pourquoi donc les rois, les empereurs, les chefs d’Etats qui se sont succédés à la tête d’institutions politiques pourtant très diversifiées sont-ils tant préoccupés par cette utilisation de l’archéologie, alors qu’ils sont au quotidien confrontés à des difficultés économiques, à des rivalités de pouvoir, ou encore à des menaces venant des pays voisins ?"
Références de ce compte-rendu : Bénédicte Tratnjek, "La guerre des ruines. Archéologie et géopolitique (Jean-Pierre Payot)", Les Cafés géographiques, rubrique "Des livres", 7 mai 2011, en ligne : http://cafe-geo.net/article.php3?id_article=2189
1 commentaire:
Voilà un livre qui semble fort intéressant.
Il me fait penser à un livre édité par Susan Kane, "The politics of Archaeology and Identity in a Global Context" paru en 2003, qui aborde la question de l'archéologie comme enjeu de l'identité à l'intérieur d'un pays (camp de rééducation dans la Grèce des colonels) mais aussi à l'étranger ou ce qui l'était il y a peu (mission archéologique italienne en Albanie présentée comme un retour d'Enée, ou encore en Lybie).
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