Le vendredi 22 juin 2012, le laboratoire MMIMOC (Mémoire, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain) organise à Poitiers une journée d'études interdisciplinaire sur "Les minorités nationales face à l'Europe".
Résumé :
"Dans le contexte actuel de résurgence des nationalismes, il semble important de revenir sur la politique européenne envers les minorités nationales depuis 1945, en partant de l’expérience concrète des différentes communautés minoritaires (intégrationisme, ségrégation linguistique, droits collectifs, modèle de l’Etat ethnique, conflits communautaires, politique culturelle, etc.). Favorisant une approche de terrain, le laboratoire MIMMOC souhaite un regard interdisciplinaire sur les questions liées à la politique d’intégration des minorités nationales en Europe grâce à la collaboration de chercheurs d’horizons divers – aussi bien historiens que géographes, philosophes, linguistes ou spécialistes des aires culturelles nationales dont relèvent ces minorités."
Argumentaire :
"Cette journée d’étude sur « Les minorités nationales face à l’Europe » s’inscrit dans les travaux des axes culturel et politique du laboratoire MIMMOC de l’université de Poitiers dont l’objectif est d’explorer les questions de « Mémoire, Identités et Marginalités au sein du Monde Occidental Contemporain » (EA 3812).
Dès 1950, le Conseil de l’Europe se préoccupait de la protection des minorités nationales en adoptant la « Convention (européenne) des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». Depuis le début des années 1990, il existe au sein de l’Union européenne deux nouvelles conventions : la « Charte européenne des langues régionales ou minoritaires » adoptée le 5 novembre 1992 et la « Convention-cadre sur la protection des minorités nationales » du 1er février 1995, qui considèrent « que la protection des langues régionales ou minoritaires historiques de l'Europe, dont certaines risquent, au fil du temps, de disparaître, contribue à maintenir et à développer les traditions et la richesse culturelles de l'Europe » et représente « une contribution importante à la construction d'une Europe fondée sur les principes de la démocratie et de la diversité culturelle, dans le cadre de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale » (site du Conseil de l’Europe : http://conventions.coe.int/treaty/fr/Treaties/Html/148.htm).
Ces dispositions cependant ne sont pas contraignantes, représentant de simples recommandations sans fondement juridique. Elles furent suivies à la fin des années 1990 par d’autres recommandations publiées sous l’égide du Haut commissaire de l’OSCE pour les minorités nationales. Le respect des minorités nationales – c’est-à-dire celles dont l’identité nationale est une réalité dans un Etat voisin – constitue donc l’un des critères fondamentaux d’adhésion à l’Union au nom du principe des droits de l’homme, tout en demeurant largement imprécis (S. Riedel, 2002).
Dans le contexte actuel de résurgence des nationalismes, il semble important de revenir sur la politique européenne envers les minorités nationales depuis 1945, en partant de l’expérience concrète des différentes communautés minoritaires. Quelles évolutions se dessinent depuis la deuxième moitié du XXe siècle dans la protection des minorités nationales en Europe : promotion de l’intégration (intégrationisme), ségrégation linguistique, droits collectifs, modèle de l’Etat ethnique, conflits communautaires? Quels objectifs poursuivent les États soucieux de défendre les minorités nationales présentes sur leur sol ? Quels sont les enjeux de la protection des minorités pour l’Europe d’hier et d’aujourd’hui ? Enfin, comment et avec quels moyens les minorités concernées réagissent-elles ? Quel est l’impact réel de la stratégie européenne de protection et de promotion des langues régionales ou minoritaires dans les différents pays et régions d'Europe ? Peut-on établir un lien entre l’évolution des productions culturelles issues des minorités nationales et la politique européenne menée depuis le milieu du XXe siècle ?
Favorisant une approche de terrain, le laboratoire MIMMOC soutient également un regard interdisciplinaire sur les questions liées à la politique d’intégration des minorités nationales en Europe. Il souhaite faire appel à des chercheurs d’horizons divers – aussi bien historiens que géographes, philosophes, linguistes ou spécialistes des aires culturelles nationales dont relèvent ces minorités. Les contributions pourront porter sur les minorités danoises ou sorabes en Allemagne, les minorités hongroises en Roumanie et en Autriche, la minorité germanophone en Pologne et en Italie, la minorité turcophone de Bulgarie, la diaspora arménienne en Europe, etc. On pourra également s’intéresser au cas des pays qui n’ont pas signé ou ratifié ces conventions : la France et la Belgique en particulier."
Programme :
9h00 : Accueil des participants
9h30 : Conférence d’ouverture : Jean Kudela, INALCO
La question sorabe dans l’Allemagne contemporaine
10h30 : Natalia Dolottceva, Université de Poitiers
La diversité des peuples caucasiens à Poitiers et leur intégration dans la société
française
11h15 : Gohar Boyadjian, Université de Poitiers
L’intégration de la communauté arménienne en France et en Allemagne
12h00‐14h00 : Pause déjeuner
14h00 : Bénédicte Tratnjek, Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire – IRSEM
Albanité, serbité, européanité : le Kosovo face à ses identités. Construire « l’Autre »
comme minorité, entre géonationalismes et construction européenne
14h45 : Béatrice Valdes & Jérôme Tourbeaux IEDUB (Insitut d'Etudes Démographiques de l'Université Bordeaux IV)
La minorité linguistique basque : entre le volontarisme espagnol et l’inertie française
15h30 : Pause café
15h45 : Thaïse Valentim (Université Paris III Sorbonne Nouvelle et UFMG - Brésil)
La création de l’Interceltisme et le défi de la valorisation culturale par la presse
16h30 : Dimitri Morisset, Université de Poitiers
Les minorités linguistiques en Italie (Tyroliens, Ladins)
Fin des débats et conclusion de la journée vers 17h30
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