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lundi 30 novembre 2009

La question du Kosovo dans les "Enjeux internationaux"


Ce matin, l'émission Les Enjeux internationaux était consacrée au Kosovo. En l'absence de Jean-Arnault Dérens (rédacteur en chef du Courrier des Balkans et notamment auteur du Piège du Kosovo, la réédition de l'ouvrage Kosovo : année zéro), Thierry Garcin a profité de l'émission pour faire un rappel des grandes questions qui se posent dans un Kosovo qui se présente comme une "véritable boîte de Pandore", avec l'ouverture des audiences du Tribunal international sur l'indépendance du Kosovo. Pour l'heure, l'auto-proclamation de l'indépendance du Kosovo par la majorité albanaise vivant sur ce territoire la 17 février 2008 pose un problème quant à sa reconnaissance. Si la presse française parle souvent d'Etat du Kosovo (sans usage des guillemets), cette appellation doit être réellement questionnée, puisqu'à l'heure actuelle, seul 1/3 des Etats membre des Nations Unies reconnaissent cette indépendance (soit une soixantaine d'Etats) : 1/3 ne s'est pas prononcé (bien que l'on assiste à une lente progression du nombre d'Etats reconnaissant l'indépendance comme légitime, cela ne change pas cet équilibre des forces, et plus d'un an après l'auto-proclamation, il est fort à parier que beaucoup de ces Etats "neutres" restent sur leur absence de positionnement sur la question du Kosovo) et 1/3 des Etats refusent catégoriquement cette indépendance. La Serbie, premier Etat concerné puisqu'elle perd sa souveraineté sur le territoire du Kosovo en cas de reconnaissance légitime de l'indépendance, a déposé un dossier  la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye pour faire valoir son point de vue de non-recevabilité de l'indépendance auto-proclamée. A ses côtés, des Etats particulièrement influents (la Russie et la Chine qui disposent du droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies, et sont des puissances diplomatiques, économiques et démographiques, malgré de profondes inégalités internes etdes disfonctionnements structurels conséquents). L'émission pointe également sur la question de la division de l'Union européenne sur la question du Kosovo, territoire situé sur le continent européen (et l'on rappelle que l'Union européenne a fait savoir à plusieurs reprises que les territoires balkaniques avaient tous vocation à intégrer l'UE), avec l'Espagne (problème basque), la Grèce (qui ne reconnaît d'ailleurs pas entièrement l'Etat de Macédoine, notamment son nom et son drapeau, mais également certains de ses territoires), la Roumanie, Chypre (ce qui rappelle la question de l'intégrité territoriale dans un Etat divisé en deux, et le problème de savoir quelle(s) partie(s) a (ont) été intégrée(s) dans l'UE lors de l'élargissement de 2004). D'autres Etats, tels que le Venezuela, viennent s'ajouter à la liste des "témoins" de la Serbie pour conforter ce positionnement de non-recevabilité de l'auto-proclamation de l'indépendance du Kosovo, mis en relation avec la question du droit d'ingérence. Cette émission rappelle donc, fort à propos, combien il est encore délicat de parler d'un "Etat" concernant le Kosovo, d'autant plus que les modalités de la Résolution 1244 du Conseil des Nations Unies qui mit en place un protectorat international au Kosovo en attendant le "statut final" du Kosovo n'ont pas été suspendues, comme en témoigne la présence de la KFOR et de l'EULEX (bien que les ambitions de la communauté internationale aient été revues à la baisse les années suivantes, la résolution devait prendre fin lorsque le "statut futur" - et non plus "final" - du Kosovo serait décidé). A noter que si la Cour internationale de justice a été saisie, il ne s'agit là non pas d'une affaire contentieuse (sur laquelle la CIJ aurait le droit de statufier), mais d'une procédure consultative (qui ne donne pas à la CIJ autorité pour instaurer sa décision). ne consultation juridique ne sera pas suffisante pour statuer sur l'avenir du Kosovo : Etat ? Quasi-Etat ? Protectorat ? Région ?



A lire :


    vendredi 27 novembre 2009

    "Guerres de l’eau. L’eau au cœur des conflits au XXIe siècle" (Frédéric Lasserre)


    Frédéric Lasserre, 2009, Ecologie, irrigation, diplomatie. Comment éviter les Guerres de l’eau. L’eau au cœur des conflits au XXIe siècle, Editions Delavilla, collection « Guerres d’aujourd’hui. Pourquoi ces conflits ? Peut-on les résoudre ? », Paris, 262 p.



    "Le géographe Frédéric Lasserre (directeur de l’observatoire de recherches internationales sur l’eau de l’Université Laval à Québec) a déjà écrit de nombreux ouvrages sur la problématique de la ressource en eau douce entre abondance et raréfaction. Pour la collection « Guerres d’aujourd’hui. Pourquoi ces conflits ? Peut-on les résoudre ? », il propose un ouvrage de synthèse revenant sur les principales thématiques qui relèvent de la gestion et du partage de « l’or bleu » dans des régions conflictuelles. L’ouvrage propose ainsi une réflexion sur le concept très médiatique de « guerres de l’eau » au prisme de l’état de la ressource et des disputes territoriales entre des acteurs de plus en plus nombreux et consommateurs pour une ressource de plus en plus mobilisée pour des usages diversifiés."


    Lire la suite sur le site des Cafés géo ->


    "Frontières, marquages et disputes" (Cultures & Conflits n°73)


    Didier Bigo, Riccardo Bocco et Jean-Luc Piermay (dir.), 2009, « Frontières, marquages et disputes », Cultures et Conflits, n°73, printemps 2009, L’Harmattan, Paris, 139 p.


    Le cloisonnement des territoires par des frontières matérialisées est à l’honneur du n°73 de la revue Cultures & Conflits. Les coordinateurs du numéro présentent les différents articles, qui sont autant d’études de cas, en montrant la pertinence de l’analyse des « logiques de marquage » dans les situations « chaudes, sinon brûlantes, souvent fortement médiatisées » (p. 7). Dans ce numéro pluridisciplinaire, les auteurs montrent ainsi combien il est nécessaire de revenir sur ces nouvelles formes de marquages de la frontière, que ce soit dans le cas des frontières étatiques ou des frontières vécues (notamment à l’échelle de la ville).


    Lire la suite sur le site des Cafés géo ->


    lundi 23 novembre 2009

    Une géographie de la piraterie maritime


    Le dernier numéro de la revue de géographie Echogéo, qui vient d'être publié en ligne, propose un dossier sur la piraterie maritime (Echogéo, rubrique Sur le champ, n°10, spetembre 2009/novembre 2009). On y retrouvera notamment Eric Frécon qui était intervenu au Festival international de géographie 2009 sur le cas de la piraterie maritime en Asie du Sud-Est. Voir également, sur ce blog, le billet du 8 octobre 2009 sur les "Guerriers et pirates : mythes et réalités" (avec de nombreux liens).



    Au programme de ce numéro de la revue Echogéo :

    Une préface très illustrée de Christian Ménard (député du Finistère, secrétaire à la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées et auteur du Rapport d’information sur la piraterie maritime) qui revient sur les grandes zones actuelles de la piraterie maritime ;

    "La lutte contre la piraterie au large de la Somalie. De l'action nationale à l'action européenne (2008-2009)" par le vice-amiral Gérard Valin qui propose une réflexion sur les modalités d'intervention des forces armées dans le Golfe d'Aden ;

    "Piracy around the Horn of Africa" de Joshua Ho, qui revient sur le cas particulier de l'Etat failli en Somalie et développe le contexte du développement de la piraterie aux larges de ses côtes, tout en analysant les divers acteurs de la lutte ;

    Un témoignage de Gilles Bonavita (capitaine de vaisseau de réserve et attaché de défense français à Singapour de 2005 à 2008) sur "Le rôle des sociétés de sécurité privées dans la sécurisation du détroit de Malacca (2000-2008)" ;

    Un article d'Eric Frécon analysant les liens entre la situation socioéconomique dans les villes portuaires et l' "engagement" dans la piraterie sur mer dans le détroit de Malacca, pourtant souvent montré comme un "modèle" de sécurisation face aux actes de piraterie : "Du détroit de Malacca jusqu’à sa périphérie. Le pirate des villes et le pirate des champs face au retour de l’Etat indonésien";

    "La lutte internationale contre la piraterie au large de la Somalie depuis 2008. Quels intérêts pour les nations participantes ?" par Alban Sciascia qui poursuit ainsi la réflexion du vice-amiral Valin en prenant en compte tous les acteurs participant à la lutte contre la piraterie maritime au large des côtes somaliennes et en analysant les enjeux et les lieux de la sécurisation des mers ;

    Hugues Eudeline propose, quant à lui, une réflexion sur les liens entre "Terrorisme maritime et piraterie d’aujourd’hui. Les risques d’une collusion contre-nature" : les pirates ne sont pas des terroristes, et ce sont même des acteurs qui s'affrontent tant dans leurs intentionnalités que dans leurs actions pour le contrôle des espaces maritimes :

    Des témoignages croisés recueillis par la revue Echogéo sur la question de la "Lutte contre la piraterie : faut-il faire appel aux sociétés de sécurité privées ?", avec le point de vue d'un armateur français, et le point de vue de David Hornus (directeur de Risksgroup) ;

    Un entretien entre l'Amiral Laurent Mérer (qui avait lui aussi participé au FIG 2009 dans une table-ronde consacrée à la piraterie maritime) et Eric Frécon à propos du roman Moi, Osmane, pirate somalien écrit par l'Amiral Mérer (éditions Koutoubia, Paris, 2009, 120 p.).

    Et enfin, des notices bibliographiques réalisées par la revue, qui permettront de mieux aborder des recherches en bibliothèque pour tous ceux qui voudraient "fouiller" la question de la piraterie maritime.


    dimanche 22 novembre 2009

    Un blog sur la Conférence sur le Climat


    Marie-Sophie Bock-Digne (maître de conférences en géographie à l'Université de La Rochelle et animatrice du blog Planète vivante) vient d'ouvrir un tout nouveau blog consacré à la Conférence de Copenhague sur le climat qui se tiendra du 7 au 18 décembre 2009, dans lequel elle réunira vidéos, diaporamas, articles de presse, réflexions personnelles... Autant de billets pour aborder les problématiques du climat, de l'environnement, des actions politiques, des acteurs sytagmatiques, des aménagements du territoire et de leurs conséquences... Un blog qui est le bienvenu pour comprendre les enjeux de cette conférence !



    "Metropolis" et la bibliothèque de Sarajevo



    Parmi d'autres sujets, l'émission télévisée Métropolis a abordé, ce samedi 21 novembre 2009, le cas de la Bibliothèque de Sarajevo, victime de l'urbicide (c'est-à-dire de la haine contre la ville qui a poussé les belligérants à la destruction des hauts-lieux de la rencontre entre les habitants), comme on l'avait signalé dans le billet "La notion d'urbicide : exemples en ex-Yougoslavie", mercredi 22 octobre 2008). Une émission à (re)découvrir (les premières minutes seulement sont consacrées à ce géosymbole) sur le site d'Arte.


    samedi 21 novembre 2009

    Questionnements géographiques sur les monuments aux morts : symboliques et territoires de la commémoration


    Suite à l'émission Planète Terre du 11 novembre consacrée aux "Traces de la guerre sur les territoires", voici quelques éléments de réflexion sur l'intérêt de porter un regard géographique sur les monuments aux morts. Si les historiens se sont depuis fort longtemps emparés de la question (à l'image d'Antoine Prost, notamment dans son chapitre "Les monuments aux morts" dans l'ouvrage dirigé par Pierre Nora sur Les lieux de mémoire, tome I), la pertinence du regard géographique n'en reste pas moins importante : dans ce texte, il s'agit de questionner les monuments aux morts entre hauts-lieux de la mémoire le temps des commémorations des armistices des deux guerres mondiales, lieux touristiques pour les plus célèbres d'entre eux, lieux "ordinaires" dans de nombreuses communes délaissés de nos regards la plupart du temps...




    vendredi 20 novembre 2009

    Journée internationale des droits de l'enfant


    Un court billet pour signaler que vendredi 20 novembre 2009 est la Journée internationale des droits de l'enfant. On avait déjà abordé, sur ce blog, le cas des enfants-soldats selon une approche géographique. Mais la question des enfants dans la guerre ne se limite pas à ce seul aspect : il s'agit aussi des enfants qui doivent faire face à la guerre dans leur espace de vie, à savoir à la violence des combats qui leur laisse des traumatismes psychologiques profonds, aux déplacements imposés par les belligérants et à l'errance sur les routes de la "fuite", à l'enfermement dans l'habitat pour assurer sa survie, aux problèmes d'approvisionnement en eau, nourriture et médicaments, aux décès de leurs parents...

    On lira, à ce propos, le blog de Frédéric Joli (représentant du CICR France) L'Humanitaire dans tous ses Etats, tout particulièrement son billet de ce matin sur "Les enfants dans la guerre" et les nombreux travaux du CICR.

    On retrouvera également le cas des enfants-soldats et quelques liens sur la question des enfants dans la guerre dans le billet "La guerre, la ville et l'enfant-soldat" (28 janvier 2009).


    jeudi 19 novembre 2009

    Mise en tourisme d'un mur : la zone démilitarisée en Corée du Sud


    On découvrira sur le site de l'Association pour le Développement de la Recherche et des Etudes sur les TourismeS (ADRETs), une intéressante analyse du géographe Jean-Christophe Gay (spécialiste de la géographie du tourisme) à partir d'une "Photo Line sur la Demilitarized Zone (Corée du Sud)" (rubrique "La photo du mois", novembre 2009).






    Si l'on présente le plus souvent les murs comme des moyens matériels pour marquer le cloisonnement des territoires (que ce soit à l'échelle de l'Etat comme entre Etats-Unis et Mexique, à l'échelle intra-étatique dans l'aménagement du territoire comme en Israël-Palestine, ou à l'échelle urbaine comme à Belfast ou à Nicosie, mais également dans le cas des gated communities), la mise en visibilité de la frontière est également un produit touristique. En témoignent les flots de touristes qui se rendent sur les traces du Mur de Berlin. Il existe donc une patrimonialisation de certains de ces murs, même dans les cas où ceux-ci sont des symboles que l'on rejette : par exemple dans le cas de Berlin, la mise en patrimoine est là pour rappeler au touriste combien le Mur était le symbole de la privation de liberté, de la division de la ville, de la fragmentation des espaces de vie... D'ailleurs, le premier réflexe est plutôt celui de la démolition, de la destruction de telles traces dans les paysages. Le "devoir de mémoire" (et son homologue, plus marchand, le "tourisme de mémoire") ne se met en place que plus tard, progressivement, et lorsque les murs ne sont plus ancrés comme une blessure dans le paysage. Dans le cas de la zone démilitarisée entre les deux Corées qu'analyse Jean-Christophe Gay, le paradoxe vient sûrement de la mise en tourisme d'un mur encore édifié et significatif (en témoignent ses remarques sur l'impossibilité de prendre des photographies et le contrôle du touriste dans ses pratiques touristiques elles-mêmes !).



    Refonte des Accords de Dayton : les discussions sur l'avenir de la Bosnie-Herzégovine


    Une émission des Enjeux internationaux était consacrée mardi 17 novembre 2009 à la situation en Bosnie-Herzégovine (à écouter en ligne pendant 6 mois), à la veille du sommet de Butmir (du nom de la base militaire de l'ONU à Sarajevo) qui ouvre des discussions sur la refondation du statut et des institutions de la Bosnie-Herzégovine. L'invité, Thomas Schreiber (professeur associé aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan et spécialiste des pays de l'Europe de l'Est) a évoqué la situation particulièrement complexe de la Bosnie-Herzégovine, à la fois protectorat international et membre des Nations Unies (d'ailleurs, la Bosnie-Herzégovine a été élue, le 15 octobre 2009, pour faire partie des membres non permanents du Conseil de Sécurité en 2010-2011).

    Si l'on parle souvent du Kosovo et du Timor oriental comme des exemples de protectorats internationaux (l'auto-proclamation de l'indépendance du Kosovo n'a, pour l'heure, pas été reconnue par suffisamment de membres des Nations Unies pour faire cesser la résolution 1244 des Nations Unies qui instaurait un protectorat international), il est plus inhabituel d'entendre parler de la Bosnie-Herzégovine comme d'un "protectorat", le terme soulignant l'organisation très particulière des institutions, qui met à mal le budget et le fonctionnement de l'Etat, et même son intégrité territoriale : en effet, le fonctionnement actuel de la Bosnie-Herzégovine, hérité des Accords de Dayton (voir le texte en anglais) signés le 14 décembre 1995, superpose les autorités et repose d'une part sur un découpage de la Bosnie-Herzégovine en 2 parties (la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la Republika Srpska) réunies en une République de Bosnie-Herzégovine ; et d'autre part sur un protectorat "déguisé" qui chapeaute le tout.

    Ainsi, l'Etat (la République de Bosnie-Herzégovine, qui représente la totalité du territoire) est divisé en deux entités politiques autonomes l'un de l'autre (Constitution propre, élus, plice, Armée, fonctionnaires distincts...). La République se retrouve au-dessus de ses deux entités et a obtenu un droit de regard sur les décisions de chacune dans certains secteurs, mais par exemple, la justice de la Fédération de Bosnie-Herzégovine (souvent appelée Fédération croato-bosniaque) ou de la Republika Srpska s'applique dans tous les cas sur leurs territoires, en priorité. De fait, il s'agit là d'un cas de fédéralisme qui laisse l'Etat fédéral avec peu de pouvoir de décision vis-à-vis des Etats fédérés.

    S'ajoute, à ces difficultés, un autre problème de fonctionnement interne à la gestion de l'Etat central (la République de Bosnie-Herzégovine) : chaque poste de la haute administration doit être représenté par trois individus (un Bosniaque, un Croate, et un Serbe) qui alternent dans leur fonction. En découle un problème évident quant aux prises de décision, qui peuvent être très rapidement remise en cause par le prochain "occupant" dans ce jeu des chaises musicales. Un problème d'ordre budgétaire également, puisque pour un poste de haut-fonctionnaire, trois salaires sont nécessaires, ce qui pèse fortement sur l'ensemble du budget de la Bosnie-Herzégovine, qui doit parallèlement faire face à un effort de reconstruction (infrastructures, système scolaire, habitats...) dans un contexte économique d'après-guerre (difficultés amplifiées par la crise économique actuelle). Or, on sait le poids des difficultés économiques et des inégalité sociales dans le déclenchement des guerres, tout au moins dans la montée d'extrémismes (voir une autre émission des Enjeux internationaux, celle du 11 novembre 2009, avec Philippe Moreau-Desfarges pour invité, qui conclut sa présentation des "Guerres modernes" sur le poids des enjeux économiques et sociaux dans les tensions géopolitiques actuelles).

    Enfin, dernière entité, celle de la communauté internationale, qui, dans une sorte de protectorat "caché" (puisque le terme n'est pas employé officiellement), a un droit de regard sur toutes décisions prises par les différentes entités politiques du pays, et peut les annuler, par le biais du Haut représentant des Nations Unies.

    Les négociations actuelles sont le reflet d'une volonté de proposer un "Dayton II", c'est-à-dire qu'il s'agit de refonder entièrement le fonctionnement politique et juridique de la Bosnie-Herzégovine. Des négociations qui peinent fortement à trouver des solutions qui conviennent à tous les acteurs. Rappelons que les Accords de Dayton sont le fruit d'un compromis négocié pour mettre fin à la guerre, et reflètent en grande partie la division du pays en deux entités qui, pour le mieux, s'ignorent.


    Un blog sur les droits de l'homme en Serbie


    Petite découverte du jour : le blog "Veille sur les droits de l'Homme en Serbie", animé un Bruxellois d'origine serbe et croate, qui se donne pour objectif d'informer sur le processus de démocratisation en Serbie (et dans une moindre mesure dans les autres pays issus de la décomposition de la Yougoslavie). Des billets qui abordent des questions aussi variés que la torture pendant la guerre, les minorités discriminées telles que les Roms, les réseaux criminels, les individus accusés de crimes de guerre au TPIY, la situation des réfugiés des guerres de l'ex-Yougoslavie en Europe occidentale... Un blog qui a été ouvert en septembre 2007, et contient déjà plus de 350 billets. A consulter pour tous ceux qui voudraient trouver des informations sur la Serbie, ses liens avec ses voisins (tout particulièrement avec son nouveau voisin : le Kosovo), l'actualité des réfugiés/déplacés dans ce pays...


    L'Afghanistan en exposition



    Alors que la question de l'engagement des militaires français en Afghanistan est soumise à discussion pour nos élus (le blog Gestion des risques et des crises signale d'ailleurs un billet du journaliste Jean-Michel Apathie soulignant le manque d'intérêt des sénateurs appelés à être consultés sur ce débat engageant la vie des militaires français et les valeurs défendues par la France), un exposition vient d'être ouverte aux Invalides sur les actions menées par l'Armée française en Afghanistan.



    L'Afghanistan et nous, 2001-2009
    du 31 octobre 2009 au 26 février 2010
    Invalides - Salle Turenne

    En collaboration avec l'agence VII (Seven) et en partenariat avec l'Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), le musée de l'Armée propose une exposition photographique sur l'Afghanistan, un pays, une culture, une société, pris dans un conflit majeur de ce début du XXIème siècle.

    Une centaine de clichés, pour certains inédits, pris par plusieurs photo-reporters français et étrangers entre 2001 et 2009 seront présentés.


    Voir une présentation de l'exposition, des informations pratiques (accès, horaires, tarifs) et  une vidéo de présentation.

     

    Beyrouth en expositions


    Beyrouth-Mont Liban / L'attente Beyrouth 2009


    Deux expositions des photographes Christophe Caudroy et Pascal Bastien
    dans le cadre du 6e festival Strasbourg-Méditerranée à Strasbourg
    du 20 novembre au 20 décembre 2009 et du 21 novembre au 5 décembre 2009.



    Beyrouth-Mont Liban - Christophe Caudroy

    Les ruines font partie de l’identité visuelle du Liban : les immeubles du centre ville de Beyrouth transformés en dentelle par quinze années de violences, aujourd’hui rasés et remplacés par des complexes aussi propres qu’anonymes, les attentats, le quartier du Hezbollah bombardé en 2006…

    Malgré une frénésie immobilière qui tend à uniformiser l’image du pays, il n’est pas rare de croiser des no man’s land portant encore les stigmates de combats terminés il y a plus de dix ans… Cela étonnera surtout l’occidental, habitué à une institutionnalisation de la mémoire. Ici, elle se rappelle au quotidien un peu partout, à travers ces immeubles pas réellement terminés, éventrés, à moitié détruits, jamais revendiqués ou réhabilités.

    L’armée syrienne se retire du Liban en 2005, laissant à l’abandon ses positions et notamment beaucoup de constructions dans la région du Mont Liban. Ces bâtiments ont été kidnappés par la guerre, certains sont nés à cause d’elle, très peu ont joué leur rôle d’origine, hôtel, villa, appartement de vacances… tous ont vu passer les réfugiés, les milices, l’armée. Avec leurs nombreuses vies et identités, ils portent en eux les traces de l’histoire de ce pays.



    L'attente Beyrouth 2009 : C’est ainsi que les hommes vivent - Pascal Bastien

    Pascal Bastien a passé une vingtaine de jours à Beyrouth en mai 2009, peu de temps avant les élections législatives du 7 juin. Il y accompagnait sa compagne, scripte sur le tournage du film d’Olivier Assayas consacré au terroriste Carlos. Chaque jour, il partait, avec sa fille de deux ans, arpenter le bitume. Pour son premier voyage dans la région, il avait évidemment en tête l’histoire récente du pays des cèdres, une histoire faite de bruit et de fureur, d’affrontements fratricides, de guerres civiles, de relations complexes avec les états voisins. Avant d’atterrir dans la cité, ces images se bousculent en lui… d’autant que les élections qui s’annoncent pourraient être le prélude à de nouveaux déchirements.

    Que ressent-on de ces tensions dans les photos rapportées ? Pas grand-chose, en somme. Seul un gamin armé d’une Kalachnikov en plastique ressemble à une métaphore de ces épisodes guerriers passés et (peut être) à venir. Pascal Bastien a simplement essayé de montrer le quotidien des habitants de Beyrouth dans cette période particulière. Sur ses images, on voit des enfants, des ados, des adultes, des vieux, des catholiques, des musulmans… La vie continue et c’est comme s’il la saisissait avec une grande tendresse, celle qu’il a pour sa fille qui l’accompagne dans ses errances. De la photographie à hauteur de poussette ? La définition est séduisante. En tout cas, elle vient témoigner que la vie est plus forte que tout. Le quotidien, s’il peut être usant et routinier, est aussi la meilleure des catharsis à l’angoisse. L’attente. L’incertitude. Oui. Mais aussi le triomphe des forces vitales. En juin la coalition déjà au pouvoir a été réélue. Malgré toutes les craintes, le Hezbollah n’a pas triomphé. Les gens continuent à se promener. À parler. À prendre des cafés. À s’embrasser. À rigoler. Les herbes repoussent sur les ruines. Même à Beyrouth. Et Pascal les photographie… (Hervé Lévy).
     
     

    mercredi 18 novembre 2009

    Soutenance de thèse : "Séparer et punir. Les prisons françaises : mise à distance et punition par l'espace"


    Olivier Milhaud (voir son site) soutiendra sa thèse de doctorat de géographie intitulée Séparer et punir. Les prisons françaises : mise à distance et punition par l’espace, le lundi 30 novembre 2009, à 14h30 à l'Université de Bordeaux III (Amphithéâtre de la Maison des Suds, campus de Pessac). Une géographie de l'enfermement qui confronte les concepts d'espaces clos, d'enfermement, d'imaginaire spatial... aux espaces carcéraux. Olivier Milhaud est d'ailleurs l'un des chercheurs participants au programme TerrFerme (qui analyse les dispositifs contemporains de l'enfermement).



    Résumé :
    La prison est une peine géographique : elle punit des populations détenues en les tenant à distance de leurs proches et en les confinant dans des lieux clos et segmentés. En même temps, le dispositif spatial de la prison cherche à réinsérer le détenu dans la cité, à maintenir ses liens familiaux. D’où un jeu entre distances et proximités, continuités et discontinuités. L’étude de la carte pénitentiaire française montre diverses formes de mise à distance des détenus. En dépit de proximités avérées entre la plupart des prisons et les bassins de population ou les voies de communication, les détenus et leurs proches vivent l’incarcération comme une mise à l’écart. Ces distanciations s’accroissent au niveau local : les élus et les riverains interrogés souhaitent souvent éloigner les nuisances des prisons, voire cacher le stigmate carcéral – d’où la délicate insertion des établissements dans leur « territoire d’accueil ». L’espace architectural des prisons accentue cette obsession séparatrice : démarquer le dedans du dehors et séparer les détenus entre eux. Une trentaine d’entretiens sur le vécu de l’espace carcéral menés dans cinq établissements confirme la force de la discontinuité dedans/dehors, mais nuance les discontinuités internes. Certains détenus arrivent à circuler dans la prison, beaucoup moins à s’approprier un espace garantissant sécurité, intimité ou vie sociale. La prison se présente donc comme un dispositif de séparation, plus que de relégation : elle coupe les détenus de leurs proches et les empêche de partager un espace commun entre les murs. Cette thèse invite ainsi à repenser les géographies de l’exclusion plus en termes de discontinuités que de distances.

    Voir un résumé plus long de cette thèse.



    Membres du jury :
    Gilles CHANTRAINE, Chargé de recherche, CNRS, Lille.
    Guy DI MEO, Professeur, Université Bordeaux 3, directeur.
    Georg GLASZE, Professeur, Université d’Erlangen.
    Michel LUSSAULT, Professeur, ENS-LSH, Université de Lyon, rapporteur.
    Denis RETAILLÉ, Professeur, Université Bordeaux 3.
    Jean-François STASZAK, Professeur, Université de Genève, rapporteur.



    samedi 14 novembre 2009

    Un blog sur la géographie urbaine au Moyen-Orient et ailleurs...



    Les blogs de géographie se multiplient ces derniers temps. Parmi ceux-ci, on remarquera celui d'Eric Verdeil, spécialiste de géographie urbaine et de la question moyen-orientale, auteur d'une thèse sur Une ville et ses urbanistes : Beyrouth en reconstruction et de très nombreux articles sur la capitale libanaise, co-auteur de l'excellent Atlas du Liban. Territoires et sociétés (disponible en ligne en accès libre) intitulé Rumor qui se présente comme un carnet de recherches partagé avec tous sur les questions d'urbanisme, de gestion et de gouvernance urbaines, tout particulièrement dans les villes du Moyen-Orient et du Sud de la Méditerranée. Lancé le 23 septembre 2009, les posts sont déjà nombreux et on y découvrira notamment une excellente analyse de l'urbicide dans les guerres libanaises. A lire et à suivre avec attention !







    "Géographie et culture militaire française aux XXe-XXIe siècles"


    Philippe Boulanger, maître de conférences en géographie à l'Université Paris-Sorbonne, notamment auteur d'un manuel sur la Géographie militaire (Ellipses, 2006), soutiendra son Habilitation à diriger les recherches (HDR) le vendredi 4 décembre 2009 à l’Institut de géographie (Université Paris-Sorbonne), dans le petit amphithéâtre, de 9h00 à 13h00 (191 rue Saint-Jacques, Paris 5ème arrondissement) sur le sujet :


    Géographie et culture militaire française aux XXe-XXIe siècles
    Parcours en géographie historique, militaire et politique

     
    Le jury sera composé de :
    * Monsieur le Professeur Jean-Paul Amat (Paris-Sorbonne)
    * Monsieur le Professeur Hervé Coutau-Bégarie (EPHE)
    * Monsieur le Général Vincent Desportes (Collège interarmées de défense, Paris)
    * Madame le Professeur Béatrice Giblin (Paris 8)
    * Monsieur le Professeur Christian Huetz de Lemps (Paris-Sorbonne)
    * Monsieur le Professeur Jean-Robert Pitte (Paris-Sorbonne, responsable).
     

    Colloque "Etat contemporain et subjectivités urbaines"





    L'Université Paris 8 organisent deux événements parallèles qui questionneront les urbanités actuelles, entre recompositions sociopolitiques, intentionnalités et actions d'acteurs syntagmatiques, perceptions et pratiques spatiales des habitants....



    Etat contemporain et subjectivités urbaines (Comparaisons internationales) :
    Colloque organisé par l’Observatoire franco-brésilien des villes de périphérie, les samedi 5 et lundi 7 décembre 2009, à l'Université Paris 8, amphithéâtre X, rue de la Liberté, Saint-Denis (métro Saint-Denis Université). Voir le programme et l'affiche sous format PDF ou sur le blog de l'anthropologue Alain Bertho. Le colloque réunira des chercheurs autour de plusieurs tables-rondes :
    * Métropoles et nouveau dispositif étatique
    * Les jeunes : enquêtes croisées (Essonne, Alvorada, Canoas)
    * Villes, conflits, multiplicités



    Banlieues, coeurs de métropoles solidaires :
    Séminaire qui suivra le colloque les lundi 7 et mardi 8 décembre, toujours à l'Université Paris 8, amphithéâtre X, rue de la Liberté, Saint-Denis (métro Saint-Denis Université). Voir le
    programme du séminaire sous format PDF. Le séminaire s'organisera également en tables-rondes :
    * Penser la métropole depuis les périphéries ?
    * Vers un autre modèle de développement : des métropoles inclusives
    * Pour un droit à la centralité




    Des colloques en perspective (novembre-décembre 2009)


     
    Lundi 16 novembre 2009
    Les rendez-vous de la Méditerranée organisés par l'IRSEM sont un cycle de séminaire est consacré aux "Conflits gelés en Méditerranée", c'est-à-dire aux situations conflictuelles précises qui font obstacle à l'émergence d'une zone euroméditerranéenne de coopération et de développement plus stable et mieux sécurisée. Dans ce cadre, une conférence aura lieu le 16 novembre sur la question de la "Turquie : la diplomatie du dégel", de 12h00 à 14h00, à l'amphithéâtre Lacoste de l'Ecole militaire (Paris). Informations : Maria Wadjinny, chargée d'études IRSEM (01-44-42-50-70). Inscriptions : inscription-irsem.ems@defense.gouv.fr.
     
     
    Jeudi 19 novembre 2009
    Dans le cadre du cycle de conférences "Résilience urbaine" organisé par l'ENS, la séance du 19 novembre sera consacrée à la question des "Catastrophes et résilience". La séance se tiendra de 14h00 à 16h00 à l’École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris 5ème arrondissement. Contact et inscription : Magali Reghezza-Zitt (magali.reghezza@ens.fr) et Géraldine Djament-Tran (geraldine.djament@wanadoo.fr). Informations sur le site de l'ENS.
     
    Le Centre de Recherche et d'Etude en Droit et Science Politique (CREDESPO) organise un colloque intitulé "Quel Etat palestinien ? Histoires, réalités et perspectives" les jeudi 19 et vendredi 20 novembre 2009 à l'Université de Bourgogne, 4 boulevard Gabrie, amphithéâtre Guitton, Faculté de droit, Dijon (bulletin d'inscription).



    Mercredi 25 novembre 2009
    Un café géo à Toulouse, pendant lequel Alain Bonnassieux (sociologue) et Olivier Pliez (géographe) aborderont la question des "Migrations africaines : les raisons du départ ?". Au Café le Papagayo, place Anatole France, métro Capitole, à 18h30.

    Une journée d'étude consacrée à "1989 : année écologique en URSS" organisée par le Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC). De 10h00 à 18h00, à la Maison des Sciences de l'Homme, sale 214, 54 boulevard Raspail, Paris. Voir le programme.



    Lundi 30 novembre 2009
    Un café géopolitique à Paris autour de la publication de l'Atlas des civilisations (on retrouvera à ce propos une note de lecture d'Olivier Kempf sur son blog Egea). Frank Tétart (docteur en géopolitique, auteur notamment d'un ouvrage sur Kalinigrad et ancien rédacteur des émissions Le Dessous des cartes) amènera ainsi Jean-Pierre Denis (directeur de la rédaction du magazine La Vie), Jean-Robert Pitte (professeur de géographie à l'Université Paris-Sorbonne et président de la Société de géographie) et François Heisbourg (conseiller de la Fondation pour la recherche stratégique) à débattre autour de la question "Définir une civilisation : un enjeu géopolitique". Amphithéâtre de la Société de Géographie, 184 boulevard Saint-Germain, Paris 6ème arrondissement, métro St-Germain-des-Prés), de 19h00 à 20h30.



    Mardi 1er décembre 2009
    Un café géo à Montpellier pendant lequel Christian Grataloup (professeur de géographie à l'Université Paris VII) s'interrogera sur "Comment l'Europe a découpé le Monde ?". Café Riche, place de la Comédie, à 20h00.



    Jeudi 3 décembre 2009
    Dans le cadre des rendez-vous de la sécurité organisé par l'IRSEM, Alain Dieckhoff (diplômé de l'université Paris-X Nanterre et de Sciences Po Paris) viendra apporter sa contribution à la thématique "Guerres et religions" à travers une intervention sur "Le conflit israélo-arabe est-il religieux ?". De 18 h 15 à 19 h 45, à l'amphithéâtre Lacoste de l'École militaire (Paris). Informations : Julie Guillaume, chargée d'études IRSEM (01 44 42 48 53). Inscriptions : inscription-irsem.ems@defense.gouv.fr.



    Les Forums de l'IRSEM


    Reprenant le rythme des forums du C2SD (Centre de Sciences Sociales de la Défense), l'IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire) inaugure une nouvelle année de forums présentant les acquis empiriques et théoriques des différentes disciplines de sciences humaines et sociales représentées à l'IRSEM. Le forum se tient un mardi par mois, de 12h30 à 14h00, à l'amphithéâtre Lacoste de l'Ecole militaire. Les forums sont d'entrée libre, sur présentation d'une pièce d'identité. Il est conseillé de s'inscrire auparavant en envoyant un mail : inscription-irsem.ems@defense.gouv.fr


    8 décembre 2009
    L'européanisation de la défense : contraintes et opportunités.

    12 janvier 2010

    Le retour de la France dans l'Otan : utilité et perspectives.

    9 février 2010
    L'avenir de la présence française en Afrique.

    9 mars 2010

    L'enjeu stratégique méditerranéen.

    6 avril 2010
    Les Opex de la France, en perspective et en prospective.

    4 mai 2010
    Une lecture analytique du Livre blanc.

    8 juin 2010

    L'avenir de la relation armée - société comme enjeu stratégique

     
    Informations : Diane de Laubadère, cellule Rayonnement IRSEM (01 44 42 52 87)
    Source : http://www.c2sd.sga.defense.gouv.fr/spip.php?article289



    vendredi 13 novembre 2009

    Ville anéantie / ville détruite


    Charles Bwele nous informe, sur son blog Electrosphère, de la stratégie employée par les Talibans en Afghanistan ces derniers jours face à l'arrivée imminente des soldats de la coalition. "Les Talibans se doutaient que les Marines arriveraient dans ce sanctuaire peuplé essentiellement par des nomades. Plutôt que défendre âprement cette position forte, ils ont en fait une ville-fantôme truffée de mines artisanales" (Charles Bwele, "Afghanistan : une ville-fantôme piégée", Electrosphère, 3 novembre 2009). Son bilet postule deux idées importantes dans la prise en compte de la ville dans la guerre : la ville-fantôme et la ville piégée.

    On revient là sur l'idée de ville-cible (voir le billet "Typologie du lien ville/guerre" du 24 août 2008). On sait que la ville est devenue un enjeu stratégique majeur tant elle concentre les pouvoirs, les richesses et les forces vives d'une région ou d'un Etat. Pourtant, il n'en reste pas moins que faire la guerre dans la ville n'est jamais recommandé, et que les conseils des stratèges pour éviter d'entrer dans la ville restent des recommandations avisées. Certes, il n'est pas toujours évident d'éviter la ville.

    Plusieurs types de stratégies peuvent nénamoins être mises en place : elles dépendent d'un faisceau de facteurs, parmi lesquels la taille de la ville, les moyens matériels et l'éthique des combattants entrent en compte. Si détruire la ville dans sa totalité est aujourd'hui inacceptable pour les Armées intervenant au nom du rétablissement de la paix, l'idée de transformer une ville en no man's land ne reste pas inconcevable pour de nombreux belligérants. La part de l'éthique est donc à prendre en compte dans l'analyse des stratégies et des tactiques déployées dans les villes en guerre.


    Il y a donc une différence fondamentale entre une ville anéantie (à l'exemple de cette ville que cite Charles Bwele, en faisant référence à un article du Sunday Times, située dans la région d'Helmand, une des provinces les plus insécurisées de l'Afghanistan) et une ville détruite. Au-delà d'un seul jeu de mots, il s'agit là de souligner des stratégies et des symboliques différentes.

    La ville anéantie rappelle la stratégie employée pendant la Seconde Guerre mondiale : les villes bombardées avaient pour objectif de faire la guerre aux villes sans pour autant y pénétrer, en anéantissant les forces vives (à travers la destruction du moral des civils) et les ressources stratégiques (à travers la destruction des infrastructures et des sources d'approvisionnement tant en armes, en alimentation, en eau...). On se reportera là au chapitre "La ville bombardée" dans l'ouvrage de Jean-Louis Dufour : La guerre, la ville et le soldat (Odile Jacob, Paris, 2002, pp. 217-240).

    La ville détruite n'est pas forcément anéantie, du moins ce n'est pas l'objectif recherché. Pour autant, les destructions sont à la fois le résultat d'une stratégie (détruire les points vitaux de la ville, tels que les centres du pouvoir, les noeuds de communication, les établissements militaires...) et d'une mise en visibilité des discours des acteurs syntagmatiques dans le paysage (par la destruction de géosymboles qui constituent l'identité rejetée par les belligérants). On retrouve là la question de l'urbicide (voir le billet "La notion d'urbicide : exemples en ex-Yougoslavie" du 22 octobre 2008).

    La ville-fantôme serait donc le résultat absolu de la ville anéantie(quand l'anéantissement a abouti à son objectif initial) : la vie urbaine y est impossible. Dans la ville détruite, la vie urbaine est fortement conditionnée par l'enfermement ressenti par les habitants et par les départs de ceux qui fuient la ville-prison, mais une forme de vie urbaine, fondée sur des solidarités et des haines, persiste. La distinction entre l'anéantissement et la destruction de la ville ne relève pas tant des moyens employés, mais davantage des intentionnalités des acteurs qui coordonnent ces violences.


    La "ville piégée" doit, elle également, être interrogée au prisme des intentionnalités des acteurs syntagmatiques : la ville est un piège en tant que les belligérants ont la possibilité de se terrer, de progresser sans être vu, de mettre à mal des armées aux moyens techniques supérieurs. Mais l'idée de ville piégée relève d'une stratégie qui consiste à produire la ville piège, à la transformer en un terrain dans lequel il est impossible de progresser.




    On lira à ce propos :
    • Le blog du Major Paul Smyth (en anglais) : Helmand Blog.
    • Le billet "Urbicide" (datant du 15 septembre 2009 et consacré à la bande de Gaza) sur le blog du Transit-City (un think-tank sur la ville et les modes de vie urbains).

    jeudi 12 novembre 2009

    Traces de la Grande guerre sur les territoires : quelques compléments bibliographiques


    Les affrontements dans les paysages forestiers vu par Tardi
    (extrait de Putain de guerre)



    En complément de l'émission Planète terre d'hier, voici quelques références de documents (tout particulièrement ceux que l'on peut trouver en accès libre sur Internet) sur la question des traces de la Grande guerre dans les paysages, à travers une approche géographique. Des problématiques autour des traces des combats dans les territoires et de l'effacement de ces traces, ainsi que des questionnements sur la construction de lieux de mémoire et de leur fonction commémorative. Beaucoup d'autres références existent, il ne s'agit bien évidemment pas d'une liste exhaustive !



    Des articles en ligne :


    D'autres articles, à consulter en bibliothèque :

    • Jean-Paul Amat, 1987, "Guerre et milieu naturel : le forêts meurtries de l'est de la France. 70 ans après Verdun", L'espace géographique, n°3, pp. 217-233.

    • Jean-Paul Amat, 1988, "La forêt et la guerre, un exemple des sylvofaciès sur les champs de bataille de la Grande Guerre en Argonne", Bulletin de l'Association de Géographes Français (BAGF), n°3, pp. 191-201.

    • Micheline Hotyat, 1994, "La forêt et la guerre : vitesse de cicatrisation", dans Andrée Corvol et Jean-Paul Amat (dir.), Forêt et Guerre, L'Harmattan, Paris, pp. 271-279.


    Des ouvrages à lire :



    Des travaux de recherche à souligner :

    Jean-Paul Amat, 1999, La forêt entre guerres et paix, 1870-1995. Etude de biogéographie historique sur l'Arc meusien de l'Argonne à la Woëvre, thèse d'Etat, Université Lille III, 3 volumes, 1116 p.



    Des sources pédagogiques :


    Traces de la guerre sur les territoires


    L'émission de géographie Planète Terre était consacrée hier, à l'occasion de la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918, aux "Traces de la guerre sur les territoires". Sylvain Kahn m'a fait l'honneur de m'inviter pour discuter aux côtés de Jean-Paul Amat, professeur de géographie travaillant en particulier sur les transformations des territoires forestiers affectés par la Grande guerre. L'occasion de confronter deux temps (la Grande guerre et des conflits contemporains) et deux types d'espaces (les paysages ruraux et les paysages urbains) affectés par les guerres.

    Pour l'occasion, voici un document produit pour la préparation de l'émission qui présente schématiquement et synthétiquement les principaux axes de réflexion sur les traces de la guerre dans les territoires urbains.

    Voir le document sous format PDF :

    mardi 10 novembre 2009

    D'un mur à l'autre : la fermeture des territoires en question


    Le mur est une barrière qui permet une mise à distance à la fois matérielle et symbolique (voir le billet "La guerre, la ville et le mur"). Revenant sur le concept de discontinuité, le géographe Gilles Fumey a bien montré que "jamais dans l’histoire, les frontières étanches n’ont existé" et que les murs en tant que construction matérielle ne sont pas amené à perdurer (Gilles Fumey, "A bas les murs !", Cafés géo, Brèves de comptoir, 4 février 2008). Les murs tombent, mais les pratiques spatiales restent profondément marqués par la distanciation qui avaient été matérialisées par les murs. La fermeture des territoires n'a d'ailleurs pas toujours besoin d'une matérialisation de la séparation, comme le montre l'exemple de Mitrovica (pas de murs, mais deux territoires communautaires fortement appropriés dans lequel "l'Autre" sait qu'il est un "indésirable"). Comme le dit le géographe Michel Sivignon pour le cas des Balkans, mais la formule pourrait s'appliquer pour de nombreuses autres régions du monde (et pas si loin de nous !), "la frontière est aussi dans les têtes" (Michel Sivignon, 2009, Les Balkans : une géopolitique de la violence, Belin, collection Mappemonde, Paris, p. 151).

    Ce lundi 9 novembre, la commémoration du 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin a rappelé que si longtemps on avait pu le nommer le Mur (au singulier, avec une majuscule, soulignant par là son caractère exceptionnel), aujourd'hui de nombreux autres murs se bâtissent et se défont dans le monde, que ce soit à l'échelle d'un territoire (Israël/Palestine), d'une frontière (Etats-Unis/Mexique), d'une ville (Nicosie), ou d'un quartier (Belfast, "gated communities"). Le géographe Pierre Gentelle rappelle la double signification de chacune de ses barrières matérialisées en fonction du regard de l'observateur : "tous les murs ont une même fonction évidente de protection et de signe de propriété, quand on s'est soi-même mis dedans. Tous les murs ont une fonction d'enfermement quand l'individu ou le peuple y sont mis par les autres" (Pierre Gentelle, "Le Mur, marque essentielle de l'Homme sur la Terre", Cafés géo, Lettres de Cassandre n°88, 20 janvier 2009).

    Ce mardi 10 novembre 2009, une brèche a été ouverte dans le "mur de l'apartheid" (un nom soulignant l'enfermement subi) du point de vue palestinien appelé "mur de séparation" (un nom appuyant l'idée de protection et d'enfermement choisi) du point de vue israélien, en écho aux commémorations de la chute du mur de Berlin. Une action très symbolique qui ne va pas changer fondamentalement les restrictions dans les mobilités.

    Les géographes Stéphane Rosière et Florine Ballif proposent à ce propos de nouveaux concepts pour décrire la fermeture des territoires par le biais de barrières matérialisées : la teichopolitique et la teichométrie, construits sur la racine grecque "teichos" qui signifie "mur de la cité". "Par teichopolitique, on entend toute politique de cloisonnement de l’espace, en général liée à un souci plus ou moins fondé de protection d’un territoire – et donc pour en renforcer le contrôle. De ce point de vue, les auteurs considèrent que les barrières qui empêchent de sortir d’un territoire (comme le "mur de protection antifasciste" qui fut érigé entre la RDA et la RFA) et celles qui ont pour but d’empêcher de pénétrer dans un territoire (comme les barrières étatsuniennes et israéliennes), bien que se prévalant d’un fondement politique et moral fort différent, répondent foncièrement aux mêmes logiques de contrôle des populations. L’idéologie et la rhétorique doivent laisser place à la réalité de l’artefact et de ses effets" (Stéphane Rosière et Florine Ballif, 2009, "Le défi des « teichopolitiques ». Analyser la fermeture contemporaine des territoires", L'Espace géographique, tome 38, n°2009/3, p. 194). "Par « teichométrie », on entend la mesure du phénomène d’enfermement. La « métrie » se propose non seulement de mesurer les installations de façon linéaire mais aussi d’en appréhender les effets aux échelles locale, régionale et mondiale. En termes d’efficacité, l’imperméabilité de ces dispositifs est l’indicateur le plus pertinent, et sa mesure est difficile : par définition le franchissement illégal peut être estimé mais pas mesuré avec précision" (Stéphane Rosière et Florine Ballif, 2009, "Le défi des « teichopolitiques ». Analyser la fermeture contemporaine des territoires", L'Espace géographique, tome 38, n°2009/3, p. 196).

    La question des murs est donc une question dont les géographes s'emparent aujourd'hui, qu'ils s'agissent de murs frontaliers, de murs urbains... La géographie de l'enfermement permet ainsi l'analyse des réalités matérielles et des imaginaires spatiaux relativement à l'enfermement subi/choisi. Le paysage est dès lors mobilisé et transformé afin d'ancrer dans les territoires des traces visibles d'un projet politique, ici la distanciation et la différenciation. Si les contournements de la barrière physique sont possibles (la frontière totalement étanche n'existant pas), le mur laisse une marque visible de l'enfermement et permet de donner des significations aux territoires à travers la symbolique de la maison et de ses murs qui sépare espace privé d'espace public. Le mur de la maison est doté d'une porte, qui en tant que seuil permet de contrôler les entrées et les sorties entre désirables et indésirables, autorisés et interdits de franchissement.


    lundi 9 novembre 2009

    Le Mur et ses lieux emblématiques


    En ce 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, les émissions de radio et de télévision consacrées à l'événement foisonnent. Force est de constater que beaucoup appréhendent la construction et la chute du Mur par une approche historique. Pourtant, le questionnement ne peut faire l'économie de la géographie : le mur est une discontinuité spatiale qui s'ancre dans les paysages urbains et influencent les territorialités. La question du Mur de Berlin doit donc être analysée au prisme du duo points/lignes.

    Les points posent à la fois la problématique du seuil et celle du géosymbole/haut-lieu. Parce que si le Mur semblait, dans l'imaginaire spatial, une construction infranchissable, de par la forte sécurisation, si les mobilités étaient effectivement restreintes et soumises à autorisation, le contrôle n'était pas absolu. Il existait dès lors plusieurs sortes de détournements du Mur comme barrière infranchissable : tout d'abord, le check-point constituait un seuil fortement identifiable et symbolique dans le paysage urbain.

    D'une part, les noms de Checkpoint Charlie (Friedrichtstrasse) et de la Potsdamerplatz (voir une carte interactive) restent ancrés dans l'imaginaire collectif. Ils représentaient des géosymboles du passage contrôlé, des mobilités restreintes sous réserve d'avoir obtenu les autorisations légales. De hauts-lieux de la division (pas seulement à l'échelle de la ville mais également à l'échelle de l'organisation bipolaire du monde), ils sont devenus des hauts-lieux de la mémoire. De hauts-lieux du contrôle des mobilités et des identités, ils sont devenus des hauts-lieux commémoratifs : certaines traces du mur ont ainsi été maintenues volontairement dans la ville pour rendre le devoir de mémoire visible et l'inscrire dans le paysage. Interroger le mur au prisme de la question des mobilités permet aussi de montrer que, malgré la chute du Mur de Berlin, les pratiques spatiales des habitants ont longtemps été marquées par l'ancienne division, la ligne-frontière restant dans les esprits (voir notamment Jean-Paul Burdy, 2004, "La liberté coûte un ticket de métro... Transports et circulations dans le Berlin de la guerre froide (1949-1989)", Histoire Urbaine, n°11, n°2004/3, pp. 81-108). Et les symboles eux aussi sont restés, au point d'être déterritorialisés, comme l'exemple du "Checkpoint Charlie" de Nicosie, référence au géosymbole berlinois pour souligner par la toponymie la division actuelle de la capitale chypriote.

    D'autre part, la question de l'enclavement suppose un imaginaire spatial reposant sur l'enfermement, la clôture et l'impossibilité de sortir. Les travaux récents des chercheurs en sciences humaines sur la question de l'enfermement montrent bien qu'il existe, en réponse à un enfermement vécu comme punition, des réponses passant par la construction d'un imaginaire spatial (les travaux du géographe Olivier Milhaud sur la géographie de la prison et de l'équipe TerrFerme sur les dispositifs contemporains de l'enfermement sont à ce titre particulièrement éloquents). L'imaginaire repose sur une évasion : la ville est vécue comme une prison par la privation - ressentie comme punitive pour les habitants de Berlin-Est. Du côté plus matériel, l'enfermement derrière une ligne politique matérialisée et contrôlée suppose une mise en place d'un système informel - et souvent criminel - fondé sur le franchissement de la ligne (on en voit des exemples pour le franchissement des "murs" (qu'ils soient matérialisés à Ceuta et Melilla ou non) séparant les pays africains des pays européens. Contournements moins connus également : les ouvertures mêmes qui perduraient même au temps de la division de la ville, comme l'exemple des lignes aériennes de métro reliant les stations de Berlin-Ouest aux stations "fantômes" de Berlin-Est : les lignes de transport existaient, seulement les Berlinois de l'Est ne pouvaient entrer dans de telles stations, jouant sur l'imaginaire d'une mobilité possible mais interdite. Ainsi, le Mur n'a pas, en soi, empêché les mobilités, il les a fortement restreintes tant dans les faits que dans les esprits, en les rendant "interdites".

    Le Mur, une question géographique !


    On retrouvera également des questionnements sur la place du mur dans la ville en guerre dans le billet "La guerre, la ville et le mur" du 22 janvier 2009.


    Géographie de la ville en guerre ou géopolitique de la ville en guerre ?


    L'heure est au débat entre géographie politique et géopolitique. D'une part, Sylvain Kahn a invité, dans son émission Planète Terre sur France Culture ce mercredi 4 novembre 2009 (à réécouter en ligne pendant un mois ou à podcaster) Stéphane Rosière et Frédéric Encel, tous deux géographes, à débattre autour de la question "Géographies politiques et Géopolitiques". Dans son ouvrage Géographie politique et géopolitique : une grammaire de l'espace politique (Ellipses, 2007), Stéphane Rosière a ainsi proposé une distinction opératoire entre géographie politique en tant que qu'étude du "cadre politique" et géopolitique en tant qu'étude de l'espace considéré comme un enjeu. Dans la continuité de cette définition, on pourrait ainsi dire que la géographie politique s'appuie donc sur les espaces, tandis que la géopolitique s'appuie sur les actions et les représentations des acteurs face à ces espaces. D'autre part, Olvier Kempf, dans son blog Etudes géopolitiques européennes et atlantiques, pose la même question à travers la relecture qu'il propose de l'ouvrage d'Yves Lacoste : La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre (le billet est particulièrement à lire pour tous ceux qui pensent avoir une idée du contenu de l'ouvrage à l'épreuve de son seul titre et seraient assez surpris de découvrir qu'il s'agit d'un plaidoyer pour une refonte épistémologique des objectifs de la géographie). Le débat est riche, parce que la frontière entre les deux disciplines est parfois floue et reste encore à mettre en exergue. Le débat n'est d'ailleurs pas récent, comme le rappelle Sylvain Kahn en introduction de son émission, dans laquelle il fait référence à l'article de Karoline Postel-Vinay : "Géographie et pouvoir", paru dans le n°10 de Critique internationale en janvier 2001 (pp. 51-58). On pourrait également citer l'article de Paul Claval paru dans la revue Stratégique n°55 (n°3/1992) : "Géographie politique, géopolitique et géostratégie", ou Yves Lacoste dans le compte-rendu de son intervention à l'ENS-SHS Lyon le 28 février 2002 sur "Le géographe et le politique", ou encore Christian Daudel dans le n°50 de la revue Stratégique : "Les termes de l'échange. Géographie, Géopolitique et Géostratégie".

    Une citation paraît ici appropriée, extraite de l'ouvrage de Ladis K.D. Kristof, Les origines de la géopolitique et son évolution, traduit par Martin Motte pour le site de l'Institut de Stratégie Comparée (ISC). Abordant le cas spécifique de la distinction entre géographie politique et géopolitique aux Etats-Unis, l'auteur pointe du doigt des problèmes similaires à ceux de la recherche française : "La seule vraie différence entre la géographie politique et la géopolitique est une différence de perspectives. La géographie politique, en tant que géographie, insiste sur les phénomènes géographiques, dont elle donne une interprétation politique ou dont elle étudie les aspects politiques. Inversement la géopolitique, comme science politique, privilégie les phénomènes politiques dont elle tente de fournir une interprétation géographique ou d'étudier les aspects géographiques. Mais les plus récents travaux des spécialistes américains de géographie politique, dans leurs thèmes comme dans leurs méthodes, incitent à douter de cette distinction elle-même. On peut dire en fait qu'aux Etats-Unis, géographie politique et géopolitique ont fusionné" (extrait du chapitre "Géographie politique et géopolitique").
    L'occasion ici de revenir sur le titre de ce blog : "Géographie de la ville en guerre", et non géopolitique. Parce que le travail de thèse en cours et les réflexions proposées sur ce blog s'ancrent bien dans la géographie, c'est-à-dire que l'analyse part des espaces et des territoires, des spatialités et des territorialités. Aborder ces questions au prisme de la géopolitique, de la sociologie et de l'anthropologie permettrait certainement d'obtenir des résultats similaires, mais la voie d'entrée de telles analyse serait différente : les territoires pour le géographe, les acteurs pour le géopoliticien, la société pour le sociologue et l'individu pour l'anthropologue. Cela ne revient pas à dire que ces disciplines s'ignorent, loin de là elles se nourissent les unes les autres, mais le point de départ de l'observation du chercheur n'est pas le même. Il s'agit là d'un résumé très bref et schématique des distinctions entre ces disciplines, je le concède volontiers, mais il s'agissait de montrer le plus simplement possible que ces disciplines sont à la fois différentes et complémentaires !



    L'approche de la ville en guerre par la géographie



    L'approche de la ville en guerre par la géopolitique



    L'approche de la ville en guerre par la sociologie



    L'approche de la ville en guerre par l'anthropologie